Opinions & Humeurs: Montréal doit viser la coupe… gastronomique!
Oubliez la coupe Stanley, Montréal a déjà sa couronne: la ville la plus gastronomique d’Amérique du Nord (92 restaurants au km carré avec plus de 120 nationalités différentes, bref c’est la variété dans les menus qui la distingue. C’est pas moi qui le dit mais Joe Beef, ou plutôt son chef… Mais on devrait maintenant développer une double couronne: celle d’une cuisine nordique/québécoise unique qui demeure à être créée...
Alors que l’Alliance s’apprête à dévoiler les expériences à mettre de l’avant sur les marchés internationaux pour le Québec, dont celle de la «gastronomie», il importe de réaliser comment «tourisme & bouffe locale» sont des inséparables et que toute PME ou destination touristique a tout intérêt à penser bouffe locale, peu importe son application concrète dans les types d’entreprises touristiques.
1. Premier constat: les touristes veulent manger local.
La bouffe et les boissons locales sont devenus la 1re motivation de voyage, autant des Canadiens que des touristes étrangers, car ça leur permet de se connecter avec la culture locale et c’est hautement convivial. Relisez aussi l’article récent sur les tendances dans ce secteur, de Maïthé Levasseur, du Réseau de veille en tourisme, Chaire de tourisme Transat.
Dès 2013, Mandala Research démontrait l’importance en tourisme de la bouffe auprès des touristes américains parmi lesquels 30% (30 millions de personnes!) choisissent une destination en fonction de l’expérience culinaire promise…
Alors d’affirmer, tel que j’ai lu et entendu de «réputés» spécialistes en tourisme au Québec que «…le tourisme gastronomique, ça se fait plus en cours de route, c’est-à-dire une fois que les touristes sont déjà ici.» ou «…une fois que le touriste est au Québec, il faut réussir, avec des arguments gastronomiques originaux, à l’emmener jusqu’en région…» n’est pas logique, car on se prive justement d’un argument de vente essentiel sur les marchés internationaux, dont au minimum auprès de 30 millions de touristes américains!
2. Second constat: la bouffe n’est pas que gastronomique. Ça se traduit de multiples manières, mais comme pour le reste en marketing touristique, il faut savoir ce qui nous différencie vraiment des autres destinations:
- Les tables gastronomiques et fermières, surtout celles qui nous démarquent par une cuisine québécoise nordique, tel que Chez Boulay à Québec ou le Bistro Nordik du Château Mont-Ste-Anne.
- Les produits du terroir frais goûtés ou achetés directement chez l’artisan-fermier ou dans un marché public, toujours un attrait touristique majeur dans une ville, dont le marché Jean-Talon à Montréal et celui du Vieux-Port à Québec - d’ailleurs grosse erreur en tourisme, M. Labeaume, de le déplacer à Expocité loin du Vieux-Québec.
- Les alcools du terroir, dont la bière avec la plus forte concentration de microbrasseries au monde, le gin nordique et surtout les cidres de glace, dont le pionnier Neige.
- Les cabanes à sucre sont dans une classe à part pour nous démarquer, surtout celles «gastronomiques» telles que La Table des Pionniers à Saint-Faustin-Lac-Carré, la Sucrerie du Domaine à Chertsey et évidemment, la cabane Au Pied de Cochon à St-Benoit-de-Mirabel.
- La poutine, aussi dans une classe à part, comme la motoneige inventée ici par J-Armand, même si plusieurs la trouvent quétaine, la poutine se retrouve aujourd’hui à New York, Las Vegas, Disney et elle peut être gastronomique, surtout celle au canard…
- Les camions de rue
- Les viandes & petits fruits sauvages. Servir à des touristes des viandes sauvages, incluant le poisson, est illégal au Québec. On perd ici une belle opportunité en or, bloquée par des règlementations obsolètes et omnipotentes du gouvernement du Québec: MAPAQ et du MFFP ,qui prétendent que d’agir ainsi ferait croître le marché des braconniers, alors que pendant ce temps, dans d’autres pays nordiques, on n’hésite pas à le faire… C’est comme lorsqu’ il y a quelques années, on prétendait que de permettre aux Québécois - tous indisciplinés - de tourner à droite aux feux rouges, ferait bondir le nombre d’accidents….
- Les routes gourmandes et les festivals
Je vous suggère fortement, pour apprécier tout le brassage positif qui se fait actuellement en bouffe québécoise, de consulter l’excellent magazine Caribou. Elles participent, ces femmes dynamiques, à la définition de notre future personnalité gastronomique.
3. Troisième constat: il faut se créer une image de marque «gastronomique/nordique/québécoise», une signature distinctive avec tous nos produits uniques, difficilement accessibles à New York ou à San Francisco et qui ne demandent qu’à être connus des touristes étrangers. Les Scandinaves ont créé l’appellation «Nordic Food» de toute pièce depuis 15 ans, à partir d’un seul restaurant, le NOMA. Je vous en parlais en 2014, lisez ce carnet ici. Ils ont développé une recette marketing et politique pour ce faire….
Alors pourquoi pas le «Québec food» ou la «Bouffe boréale» pour attacher en un seul concept toute notre richesse culinaire, agricole et forestière?
Chronique : Opinions & Humeurs, Jean-Michel Perron
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