Opinions & Humeurs: On est tous des caribous...
Anticosti, bouteilles d’eau, pollution visuelle, caribous: Gens du tourisme, tenons-nous debout!
Toi qui travaille au Centre Sheraton du centre-ville, à l’Office de Tourisme de Québec ou dans ton gîte de Magog, tu penses que les caribous du Nord ne t’impactent pas? J’ai des petites nouvelles pour toi…
Le 19 décembre dernier, les Cris de la Baie-James (Eeyou Istchee) exigeaient que la chasse sportive aux caribous cesse au Québec. 48 heures après, le gouvernement du Québec annonçait que la chasse cesserait à l’hiver 2018. Pas parce que les Libéraux soient devenus écologiques, au contraire, mais parce qu’ils craignent (« respectent » pour être politiquement correct) les Cris, alors que le Québec a l’obligation légale de protéger les Caribous, sources de nourriture depuis plus de 5 000 ans dans la région. Bravo pour cette décision!
Selon les spécialistes, le troupeau de la Rivière-aux-Feuilles est passé de 430 000 individus en 2011 à moins de 200 000 en 2016. Celui de la Rivière Georges est proche de l’extermination avec 5 000 individus seulement après une pointe de plus de 600 000 individus.
Sur la route de la Baie-James en février dernier
Évidemment avec cette annonce du gouvernement, s’ensuivient des réactions de désaccords provenant des pourvoyeurs offrant cette chasse... Ils veulent faire un recomptage du troupeau…Ils risquent certes personnellement de perdre beaucoup mais il faut que cesse toujours la préséance de l’économique sur la Nature, ses animaux, ses plantes…Trop souvent le profit à court terme au détriment de la Nature. Il faut élever le débat, voir au-delà de nos vies. Pourtant dans la réalité, j’ai toujours rencontré les plus grands écologistes qui soient : les chasseurs et les pêcheurs mais pas cette fois-ci, il me semble… Ça fait des décennies que je suggère de développer des safaris photos aux caribous, les plus grands migrateurs terrestres de la planète… exploitons plutôt la ressource différemment!
En Amérique du Nord, on agit et après on se pose des questions, contrairement à l’Europe, qui souvent applique un devoir de précaution quand scientifiquement, ils ne sont pas certains face à un produit alimentaire ou autre situation sensible. Avec les caribous et les bélugas du Saint-Laurent, n’attendons pas qu’il soit trop tard avant d’agir…
Avec le smog dans des milliers de centres urbains sur la planète, du bruit inouï, de la pollution visuelle et du gaspillage/saccage environnemental, avec de plus en plus d’aliments, sans qu’on le sache, provenant d’OGM, ce qui est vraiment naturel va prendre une valeur inestimable en tourisme dans les prochaines décennies. La Grande Nature, c’est notre capital, notre actif pour les prochaines générations. Le Québec, bref, va prendre une valeur incroyable si on prend les bonnes décisions aujourd’hui…
Que vous soyez athée, queer ou altersexuel, adepte du yoga chaud ou même un supporteur de Trump, ne doutez jamais que nous faisons partie d’un tout universel. Que chacun de nos gestes à nous, humains, ou de celui des animaux et insectes, impacte tôt ou tard tous les autres êtres vivants.
Voyez cette vidéo sous-titrée en français (prenez 4 minutes de votre temps) qui explique comment la réintroduction de loups en 1995 provenant du Canada dans le parc Yellowstone a changé les rivières du premier parc national au monde…
Alors mettre en péril, par notre inaction, les caribous du Québec ne doit pas être une alternative et nous, gens de tourisme, devrions être les premiers à défendre ceux-ci ou Anticosti ou les bélugas, car chaque fois c’est un peu de nous-mêmes qui risque de disparaître sans qu’on s’en rende compte.
Chronique : Opinions & Humeurs, Jean-Michel Perron
Les 7 Québécois, publiée le 12 décembre 2016
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