Présentéisme : le Voldemort des organisations, par Mélody Lardin

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Au Sommet Avenir du travail du 24 octobre dernier, un Événement Les Affaires, l’une des présentations a porté sur ce sujet : « Dans l’ombre de la santé mentale : absentéisme et présentéisme », par William Lindsay de Desjardins Assurances.

En tant que gestionnaire, on mesure depuis longtemps le taux d’absentéisme. On a aussi beaucoup parlé dernièrement du fameux Quiet Quitting. Mais qu’en est-il du présentéisme? Quels sont ses impacts?

Qu’est-ce que le présentéisme?

Le présentéisme, c'est quand en employé devrait vraiment prendre une journée de congé pour sa santé physique ou mentale et qu'il ne le fait pas. C’est donc différent du quiet quitting, qui reflète plutôt un désengagement.

Pourquoi « le Voldemort » des organisations? Parce que c’est un peu l’enjeu « dont on ne doit pas prononcer le nom »… Il est là, les gestionnaires le savent, mais à quelque part se mettent un peu la tête dans le sable. Seulement 4% des entreprises le mesurent, alors que son impact financier est le triple de celui de l’absentéisme. En effet, un employé malade n’est définitivement pas aussi heureux, concentré et productif.

Le présentéisme part souvent d’une bonne intention de l’employé, mais peut être influencé positivement ou négativement par divers facteurs, par exemple :

  • Le nombre de journées maladie;
  • La politique de présence au travail (et ses possibles mesures disciplinaires);
  • Le mode de travail (présentiel vs télétravail);
  • Les personnes à charge (enfants, parents…).

Pour les employés, la décision de s’absenter ou non dans le cas où vraiment ils devraient n’est pas simple à prendre, comme le démontre l’image ci-dessous.

Le rhume oui, mais… la santé mentale

Outre les symptômes de rhume/grippe, les deux principaux états dans lequel les employés font du présentéisme selon eux sont la fatigue/l’épuisement, ainsi que la santé mentale (incluant stress, anxiété, dépression…).

En effet, 2 employés sur 3 considèrent encore que la santé mentale n’est pas une raison valable pour s’absenter. Pourquoi? En grande partie, les employés considèrent que la stigmatisation autour de la santé mentale est encore très présente dans les organisations. Seulement 25% des répondants à l’étude ont affirmé avec certitude qu’il n’y a pas de stigmatisation à ce propos dans leur organisation.

Eh oui, même après ce que nous avons tous vécu durant la pandémie.

Les recommandations d’experts

Voici les recommandations qui ont été formulées à la suite de l’étude1 de laquelle les données dont tirées :

  1. Reconnaître les signes du présentéisme et intervenir rapidement lorsque vous constatez qu’un employé en fait preuve en en discutant avec bienveillance;
  2. Utiliser les régimes collectifs comme leviers pour parler de santé mentale et des options qui s’offrent à vos employés pour prendre soin d’eux;
  3. Inciter les employés à prendre congé quand ils en ont besoin – marteler le message souvent;
  4. Environnement de travail sain et inclusif – personnaliser les offres d’avantages sociaux selon les saisons de vie ; sensibiliser et former les employés à propos de la santé mentale.

En conclusion

Le rôle que vous pouvez jouer comme gestionnaires est clé.

D’abord bien sûr, commencez à mesurer le présentéisme, même si c’est plus difficile.

Ensuite, créez une culture où les employés se sentent à l’aise de prendre une journée de congé quand ils en ont vraiment besoin. Faites la promotion de l’importance de prendre soin de soi. Parlez de santé mentale.

Tout le monde y gagnera au change.

1 Desjardins Assurances, Étude quantitative sur le mieux-être global. Étude réalisée par Adhoc en décembre 2022 auprès de 2 000 répondants et répondantes résidant au Canada et âgés de 18 ans et plus, membres et non-membres de Desjardins.

 

Mélody Lardin
Coach exécutive, conférencière et formatrice, hôtellerie & tourisme
Leadership Humain | Synergie d’équipe | Mobilisation des employés
Fondatrice de MLeader Coach


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