Comment savoir si un événement est rentable? Quelqu’un veut l’acheter!, par Claudine Hébert

Investissements · publié le 15 juillet 2024 · Commenter

Les transactions impliquant des événements sont plutôt rarissimes au Québec. Et lorsqu’elles surviennent, les principaux intéressés ne partagent pas le montant de leurs ententes.

L’acquisition de l’agence Evenma (Festivent et Festibière) par Gestev et celle du Groupe Juste pour Rire par ComédiHa!, deux transactions survenues en juin dernier, en sont les plus récents exemples. La valeur des deux organisations ayant changé de mains n’a pas été divulguée.

TourismExpress a tenté d’obtenir l’information auprès de sources anonymes au sein de l’industrie événementielle. Sans succès. Difficile, nous dit-on, d’évaluer la réelle valeur d’un festival qu’il soit petit, moyen ou grand.

Le Festibière de Sherbrooke

Des acquisitions profitables

Qu’à cela ne tienne, il est fort à parier que dans les deux cas, les événements transigés sont rentables. Même très rentables. « Si une entreprise fortunée comme Gestev (appartenant à Québecor) a acheté Evenma, ce n’est nullement pour faire preuve de charité. L’acquisition s’avère payante », soutiennent François Colbert (photo ci-contre), titulaire de la chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi Marcoux de HEC Montréal. Idem pour ComédiHa!, insiste ce professeur de marketing.

« Je suis convaincu que les montants investis par les deux acheteurs, en l’occurrence Gestev et ComédieHa! (dont Québecor fait partie des actionnaires minoritaires), seront récupérés d’ici quatre, tout au plus cinq ans », ajoute-t-il.

Le rire et la musique!

Selon François Colbert, Evenma et Groupe Juste pour rire figurent dans les deux catégories d’événements qui sont les plus profitables au Québec, sinon les seules : le rire et la musique populaire. « D’ailleurs, contrairement à la grande majorité des festivals, les événements impliquant le rire et la musique populaire pourraient, à mon avis, largement s’autofinancer sans l’aide de subventions gouvernementales », maintient cet expert.

31 M$ en subventions octroyés au festivals et événements

Mentionnons que le ministère du Tourisme a, pour l’année en cours (2024-2025), octroyé des subventions totalisant une somme de 31 millions de dollars (M$), nous confirme Thomas Bélanger, conseiller politique au cabinet de la ministre du Tourisme du Québec.

En survolant les communiqués de presse publiés sur TourismExpress au cours des derniers mois, on constate que les 20 plus grands événements de la province bénéficient de près de la moitié de cette cagnotte.

570 M$ de revenus

À l’été 2023, un article publié dans La Presse portant sur l’économie des festivals soulignait que les quelque 880 festivals et événements de la province généraient quelque 570 M$ de revenus. Selon le regroupement Évènements Attractions Québec (EAQ), les quelque 600 événements locaux et régionaux représenteraient un peu moins de la moitié de cette somme, soit plus de 250 M$, pouvait-on lire dans le reportage.

6^e acquisition pour Gestev en moins de dix ans

Quoi qu’il en soit, depuis que Québecor a fait de Gestev une de ses filiales en 2013, cette division événementielle ne cesse de prendre de l’ampleur. Evenma constitue la sixième transaction en moins de dix ans après l’obtention de la gestion du Centre Vidéotron (2015), l’acquisition du Théâtre Capitole (2020), l’acquisition d’Audiogram (2021), la gestion du Cabaret du Casino de Montréal (2021) et la gestion du Théâtre du Casino du Lac-Leamy (2022).

Et selon le président de Gestev, Martin Tremblay, d’autres acquisitions sont à venir.