Les chaînes québécoises font bonne figure, par Claudine Hébert

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Alors que le paysage hôtelier montréalais assiste à une forte émergence de chaînes, internationales, et plus particulièrement avec Marriott qui multiplie ses adresses, les bannières québécoises continuent de tenir le fort.

Germain Hôtels fait justement partie des fleurons hôteliers du Québec qui se distingue ici et ailleurs au Canada. Fondée il y a plus de 30 ans avec l’ouverture du Germain-des-Prés, à Québec (devenu aujourd’hui l’Hôtel Alt Québec), la chaîne compte actuellement 18 hôtels, dont plus de la moitié (11 pour être précis) se trouve ailleurs au pays sous les bannières Le Germain et Alt.

Une 19e adresse verra même le jour d’ici l’été 2023, à Calgary. « Il s’agira de l’ouverture du 3e établissement dans cette ville depuis le tout premier en 2010 », fait savoir fièrement Hugo Germain, vice-président opérations Germain Hôtels.

Hôtel Alt University District Calgary

Sans les nommer, le gestionnaire avoue que des chaînes internationales ont déjà approché la famille Germain pour qu’elle joigne leur réseau ou collabore à l’ajout d’un hôtel au sein de leur collection. « Des propositions que nous avons toujours refusées. Depuis la création de notre entreprise hôtelière, notre objectif est d’établir une marque canadienne forte d’un océan à l’autre », explique le dirigeant.

Il soutient que les établissements du groupe proposent des hôtels à saveur locale mettant en vedette les artistes et les produits des villes et régions où ils sont établis. Un élément, précise-t-il, qui permet de se distinguer des réseaux internationaux. D’ailleurs, l’hôtelier tient à souligner que la majorité des adresses de son réseau emploie du personnel pouvant parler en français.

Bien que certains de leurs établissements attirent une clientèle plus internationale – l’Hôtel Le Germain, rue Mercer à Toronto, accueille, par exemple, plusieurs événements lors du Toronto International Film Festival (TIFF) –, Hugo Germain reconnaît que le marché du groupe demeure essentiellement canadien.  

Le web a tout changé!

« Au fil des ans, nous avons reçu de nombreuses offres de la part des chaînes Marriott et Hilton intéressées par nos produits. Chaque fois, nous avons refusé », avoue également Dimitri K. Antonopoulous, président du groupe Gray Collection, une entreprise qui détient les établissements montréalais Hôtel William Gray, Auberge du Vieux-Port, Le Petit Hôtel ainsi que le nouveau The Metcalfe, à Ottawa. « Nous n’avons jamais eu l’intention de joindre un de ces groupes. Surtout depuis l’arrivée d’Internet », partage l’hôtelier.  Grâce au web, le client peut désormais trouver un de nos hôtels aussi facilement que les adresses d’une grande chaîne. »

Soulignons que la famille Antonopoulos, à qui l’on doit le développement touristique du Vieux-Montréal depuis les 50 dernières années, a décidé de scinder l’entreprise en deux en janvier 2022. Ainsi, le Vieux-Montréal a vu naître deux entités, soit le groupe Gray Collection et Corner Collection. Une décision d’affaires qui facilite le processus de relève des hôtels et restaurants appartenant à la famille Antonopoulos à l’endroit de la deuxième génération qui reprend le flambeau. L’hôtelier est d’ailleurs convaincu que le produit William Gray, ouvert en 2019 après 50 M$ de travaux, est en voie devenir l’image de marque de son jeune réseau Gray Collection.

Hôtel William Gray

Pour plus de liberté

Du côté de la famille Milot qui détient les hôtels Le Dauphin, l’indépendance vaut de l’or. Du moins, c’est que soutient Caroline Milot, propriétaire des hôtels Le Dauphin de Drummondville et Québec. « J’aime trop la liberté de pouvoir choisir la personnalité et le décor de mes établissements. J’ai toujours considéré que les chaînes avaient un encadrement et des restrictions qui ne cadraient pas avec ma vision d’hôtelière », exprime-t-elle.

Selon l’hôtelière, la notoriété acquise depuis l’ouverture de l’hôtel drummondvillois en 1963 sert amplement son entreprise, notamment auprès de la clientèle affaires qui compte pour 80 % des revenus des deux établissements situés près des parcs industriels de Drummondville et Québec. D’ailleurs, cette proximité et la réputation des deux hôtels auprès des entreprises québécoises nous permettent de revoir les invités hors Québec de ces dernières. Ce qui représente plus de 10% de notre clientèle affaires, mentionne fièrement Caroline Milot.

Suite Le Dauphin Drummondville

Un partenariat européen… et une nouvelle centrale de réservation

Pour justement donner plus de crédibilité à son réseau d’une trentaine d’hôteliers indépendants, la chaîne Ôrigine Artisans Hôteliers (anciennement Hôtellerie champêtre) a délaissé la formule associative pour adopter le concept d’une coopérative de solidarité en 2018. « Ce modèle d’affaires favorise une meilleure implication de la part de nos membres hôteliers », affirme sa directrice générale, Isabelle Gagnon. La campagne publicitaire d’un peu plus de 500 000$ présentée au Québec en 2020 est justement un bel exemple de la collaboration entre les coopérants.

Et qu’en est-il sur la scène internationale? Depuis un an, le réseau Ôrigine profite d’un partenariat avec le réseau européen Logis Hôtel qui regroupe plus de 2300 adresses hôtelières de l’autre côté de l’Atlantique. « Pour l’instant, il est trop tôt pour mesurer l’impact de cette collaboration qui ne coûte presque rien à notre organisation. Nous sommes néanmoins convaincus que ce partenariat constitue une vitrine non négligeable auprès de la clientèle européenne friande de produits hôteliers indépendants », indique Isabelle Gagnon.

En plus de bénéficier d’un moteur de réservation multi-hôtels multi-régions, mis en place depuis l’automne dernier, Ôrigine dispose d’un programme fidélité très apprécié par sa clientèle qui compte plus de 15 000 abonnés. La dirigeante estime que plusieurs de ces clients visitent au moins deux, sinon trois établissements du réseau par année.

Manoir Belle Plage, une nouvelle adresse venant de se joindre au réseau ce printemps

Bientôt une 4e adresse pour le groupe Riotel

Faute d’achalandage, les chaînes internationales sont très peu présentes dans l’est de la province. On compte à peine une dizaine de ce type d’établissements sur les trois territoires de la Côte-Nord, du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Et ce sont toutes des bannières de la chaîne Choice Hotels (Quality Inn, Comfort Inn et Rodeway Inn) qui y ont pignon sur rue. À ce propos, ce réseau international d’une vingtaine de bannières, qui affiche plus de 7500 établissements au compteur à travers le monde, est celui qui dispose du plus grand nombre d’adresses dans la province frôlant la cinquantaine.

Malgré tout, une chaîne québécoise tire très bien son épingle du jeu dans l’est du Québec depuis au moins 25 ans. Le Groupe Riotel, appartenant à la famille Rioux, y propose trois adresses à Percé, Bonaventure (pour la saison touristique) y compris Matane ouverte à l’année. Ici aussi, le web constitue la meilleure vitrine qui soit pour faire rayonner ces trois établissements auprès de la clientèle hors Québec qui représente au moins 15 % de l’achalandage de la chaîne.

Et Riotel devrait bientôt ajouter un quatrième établissement à son réseau, confirme son président et directeur général, François Rioux. Le groupe, dit-il, travaille étroitement avec la ville de Rimouski depuis les Fêtes afin d’attacher les derniers éléments qui pourrait, à terme, permettre la construction d’un nouvel hôtel d’une centaine de chambres sur les deux terrains achetés pendant la pandémie. « Il s’agit de notre troisième tentative depuis un peu plus de dix ans en territoire rimouskois. On souhaite que cette fois-ci soit la bonne », partage-t-il.

Si ça ne fonctionne pas, le groupe Riotel à une autre option, avise son dirigeant. La ville de Québec figure aussi dans sa mire. Et foi de François Rioux, un de ces deux projets ouvrira ses portes en 2025.

Chambre du Riotel Matane

 

Claudine Hébert
Journaliste et collaboratrice


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