Parc Safari : un joyau qui fait rayonner le Québec, par Claudine Hébert

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Il a une mémoire d’éléphant, l’imagination d’un singe et il sait se battre comme un lion. Entretien avec Jean-Pierre Ranger, le PDG de Parc Safari, à l’aube de la 52e saison du parc animalier.

TourismExpress : Depuis plus de 50 ans, le Parc Safari, situé à Hemmingford, réussit à faire converger des dizaines de milliers de familles chaque année dans sa vaste cour. En fait, ce sont plus de 15 millions de visiteurs qui, depuis 1972, ont eu le privilège d’observer de près des animaux d’Amérique, d’Asie et d’Afrique, dont certaines espèces menacées. En 2024, quelle sera la grande nouveauté qui fera courir les foules?

Jean-Pierre-Ranger : Nos camions de brousse. Quelle saga ! Il y a deux ans, on a commencé à faire l’essai de camions afin de proposer à nos visiteurs l’expérience d’un vrai Safari comme en Afrique. Grâce à un partenariat avec Lion Électrique, nous donnons, cette année, le véritable coup d’envoi à ce nouveau produit 100% électrique. À bord d’un de nos sept véhicules (bientôt neuf…du moins on l’espère) pouvant accueillir 50 personnes, nos invités pourront vivre le Safari Aventure. Une expérience qui permettra d’approcher nos quelque 300 animaux qui vivent en liberté dans nos grands enclos. Des guides animeront cette aventure d’une durée de 30 minutes. Je tiens à souligner que nous garantissons une totale accessibilité. Tous les camions Lion sont conçus pour accueillir les fauteuils roulants, assurant une expérience équitable et inclusive pour tous.

TE : Pourquoi ce produit a-t-il nécessité deux années d’essai ?

J.-P. R. : Depuis que j’ai visité l’Expo de Shanghai en 2010, je caressais le rêve d’offrir à nos visiteurs l’expérience d’un Safari silencieux en mode électrique. À mes yeux, il s’agissait d’une condition sine qua non pour moderniser l’offre du parc. Le développement de ce produit aura nécessité deux saisons, un investissement de 4 millions de dollars, des retards et, disons-le, quelques nouveaux cheveux blancs.

TE : Vous avez également un tout nouveau pavillon qui ouvrira ses portes, parlez-nous-en svp.

J.-P. R. : Il s’agit du Pavillon Découverte que nous allons inaugurer le 19 juin prochain. C’est bien d’émerveiller les visiteurs avec les animaux et le parc aquatique. Or, il ne faut pas oublier la mission éducative de notre établissement. Aménagé au coût de 1,1 M$, ce nouveau pavillon, qui introduit la collection Animalium, montre l’évolution de l’univers que nous observons depuis le Big Bang, ainsi que les conséquences de notre société en interaction avec les espèces animales. Il abrite également l’une des plus spectaculaires collections de minéraux, presque aussi impressionnante que celle dont dispose Smithsonian, à Washington D.C.

TE : Et que devient le projet de terrain de camping?

J.-P. R. : Nous attendons de renflouer nos coffres avant d’entamer les travaux d’aménagement de ce projet évalué à près de 10 M$. Depuis déjà 33 ans, 1991 pour être précis, que l’on prévoit ce terrain de camping thématisé de 600 emplacements. Après de longs échanges avec la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), nous avons enfin obtenu le feu vert en 2019. Nous étions pour entamer les travaux au printemps 2020, malheureusement la pandémie est survenue. Du coup, les mesures sanitaires ont réduit à 100 000 plutôt que 300 000 le nombre de visiteurs. Ce qui s’est traduit par des pertes substantielles de 60% de nos recettes au cours des trois dernières années. Ce manque à gagner a retardé le projet. D’ailleurs, afin de nous maintenir à flot, nous avons dû vendre un grand terrain dans la région de Lanaudière où nous envisagions de créer le Parc Boréal.

TE : Qu’est-ce que ça prendrait pour réaliser le terrain de camping?

J.-P. R. : Au moins deux saisons consécutives de 300 000 visiteurs. Cet achalandage correspond à notre fréquentation annuelle moyenne historique. Ce retour à la normalité permettrait de poursuivre les travaux d’aménagement du Camping Safari. En attendant, nous accueillons déjà des campeurs qui peuvent séjourner dans notre vingtaine de Coolbox. Nous avons également quelques VR dans le stationnement.

TE : 300 000 visiteurs… c’est quoi justement la recette pour renouveler sa clientèle après plus de 50 ans d’existence?

J.-P. R. : La réponse est simple. Tout repose sur la démographie et le ciblage des marchés-clés. D’abord, la démographie. Nous estimons que chaque véhicule qui entre au Parc Safari, transporte en moyenne 3,4 visiteurs. Si on se fie aux 78 000 naissances que le Québec a enregistrées en 2023, on peut s’attendre à quelque 265 000 visiteurs (3,4 multiplié par 78 000) en 2024. Évidemment, il s’agit d’une estimation auquel on ajoute la variable des familles qui, dans plus de 70%, nous visitent au moins deux fois en cinq ans, sans oublier les groupes scolaires, les entreprises et les grands-parents qui veulent faire plaisir à leurs petits-enfants.

TE : Et les marchés-clés?

J.P. R. : Chaque année, on investit plus de 60 000$ pour courtiser le marché ontarien qui représente plus de 6% de nos visiteurs. Cet investissement grimpe à 80 000$ auprès de nos voisins américains, qui eux, comptent pour 12% de notre clientèle. Grâce à notre proximité de la frontière américaine et du bassin de population du Grand Burlington, au Vermont, qui ne cesse de croître (il dépasse désormais les 225 000 âmes), le marché américain est d’ailleurs très prometteur pour le parc.

TE : Enfin, comment le dirigeant et propriétaire d’une des plus légendaires attractions de la province prépare-t-il sa relève?

J.-P. R. : Voilà une question à laquelle Mme Ranger souhaite, elle aussi, une réponse. Pour le moment, je peux affirmer qu’il ne s’agira pas d’une relève familiale. Nos trois filles ont chacune leur vie et ne souhaitent pas reprendre le flambeau. En revanche, le ou les repreneurs pourraient se trouver au sein de l’équipe de direction qui compte actuellement 18 gestionnaires exceptionnels. À ce propos, bien que la pandémie ne nous ait pas choyés en matière d’achalandage, elle s’est traduite par un exode de gestionnaires vers la campagne. Par conséquent, cette situation nous a permis d’embaucher des candidats hors pair que jamais je n’aurais pensé pouvoir attirer au sein de l’équipe de direction. Mais pour le moment, je n’ai pas l’intention de tirer ma révérence. J’aime encore aller parler aux girafes, aux ânes, aux dromadaires. J’ai du plaisir à faire ce que je fais. Je souhaite seulement ne pas revivre une pandémie!

 Bébé «Llama» au Parc Safari

 

Claudine Hébert
Journaliste et collaboratrice


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