Trois enjeux nationaux – L’importance en tourisme de faire front commun, par Jean-Michel Perron
Photo : Duhamel, au Témiscamingue
Au-delà de nos défis quotidiens des ressources humaines et des externalités qui nous affectent comme la hausse des prix et la complexité apparente de devenir réellement durable, le Québec touristique doit, pour assurer son avenir, prendre des positions affirmées sur 3 dossiers :
1. Transport régional par autobus
Bravo à l’Alliance de demander clairement au gouvernement de supporter, dans le prochain budget du Québec, le transport par autocar en région (en passant, on ne dit «autobus» que pour les véhicules en milieu urbain).
Le Québec, ce n’est pas l’Europe avec son réseau élaboré de trains et sa grande population. L’avenir touristique durable au Québec passe par un réseau intégré de transport par autocar à énergie renouvelable (lire ICI un dossier à cet effet) pour le sud du Québec et l’aérien pour le nord.
Parlant de transport, comme suggéré il y a quelques semaines ICI, l’autre développement majeur, pour rendre durable le transport touristique au Québec, est le support au TGV, pas au TGF. Qu’attend-on pour prendre position, alors que le gouvernement fédéral hésite? Je comprends qu’Air Canada ne veut pas d’un train rapide entre Montréal et Toronto, mais nous n’avons pas à protéger les intérêts de cette compagnie au détriment de nos visiteurs et des Québécois.
2. La forêt québécoise
Le Québec est l’un des rares endroits au monde avec autant de terres publiques. (92%). Plusieurs intérêts s’y côtoient et certains ont, dans notre histoire récente, des droits de préséance (papetières et minières) sur les autres activités, dont le tourisme (parlez-en aux pourvoyeurs et aux communautés autochtones).
Le gouvernement du Québec mène actuellement une vaste consultation en virtuel et en présentiel partout au Québec. Voir ICI les détails. «Cette démarche est l’occasion d’élaborer une vision d'avenir partagée entre les divers intervenants et intervenantes et d'identifier des solutions d'adaptation, notamment aux changements climatiques, pour assurer la pérennité de nos forêts.»
Le Québec est dû collectivement pour un rééquilibre des usages du territoire et le tourisme a le net avantage d’avoir un impact environnemental limité par rapport aux coupes forestières, tout en créant de la richesse et en respectant les terres traditionnelles des Autochtones. Il faut faire valoir notre apport positif dans le contexte social et environnemental de nos régions.
Nous avons jusqu’au 12 avril pour déposer un mémoire. Ne serait-il pas pertinent de se regrouper à cet effet?
3. Les «claims miniers»
Le gouvernement du Québec ne protège pas les citoyens et les entreprises touristiques de la voracité des minières, incluant le sud du Québec.
La fuite en avant, par le gouvernement, dans la filière «batterie», ne va rapporter possiblement qu’à moyen terme et n’est pas une solution durable à l’avenir économique et environnemental du Québec. Mais c’est un autre sujet. L’enjeu actuel en tourisme, ce sont les fameux «claims miniers» dans un contexte de course effrénée partout sur la planète des minéraux essentiels pour nous sortir des énergies fossiles: nickel, lithium, graphite, zinc ou cobalt.
Partout au Canada, à trois pieds sous terre, le sous-sol n’appartient pas aux propriétaires des terrains ou des maisons, mais à la Couronne, c’est-à-dire aux provinces. C’est une loi (sur les mines) qui prévaut depuis 1864! En cliquant sur ce site Web du gouvernement et en versant 77 dollars, ça permet d’acquérir 50 hectares de sous-sol. Il y a actuellement 352 852 claims au Québec, concédés pour une période de deux ans, et facilement renouvelables en échange de la promesse d’y mener quelques travaux d’exploration, nous apprend le journal Le Monde. «On a adopté les manières des cow-boys des [compagnies] minières, et on s’est “autoclaimés” pour les empêcher de s’étendre et de couper court à leurs projets», raconte Fred Pellerin pour empêcher les compagnies de prospection de mettre la main sur des terres de Saint-Élie-de-Caxton.
Vous pensez que les mines n’impactent qu’au fin fond du Nunavik ou qu’en Eeyou Istchee –Baie-James et n’ont aucun impact sur le tourisme? J’ai des nouvelles pour vous. Vous devriez aller voir si votre sous-sol est lui-même convoité!
Et parlez-en aux gens de Duhamel, au Témiscamingue, pris avec la minière Lomiko Metals (graphite):
«Dans la bucolique commune de 6000 habitants (200 000 visiteurs l’été, amoureux de la quiétude de ses innombrables lacs), élus locaux et résidents restent abasourdis. Quelles routes vont emprunter les camions chargés de graphite? Quels villages vont-ils traverser? Quelle sera l’incidence des nuisances sonores des dynamitages, opérés vingt-quatre heures sur vingt-quatre, 365 jours par an, sur les riverains? C’est tout notre développement économique, basé sur le tourisme, qui va pâtir d’une telle activité», regrette le maire de Duhamel, David Pharand.
Aye Québec! Les citoyens et les entreprises touristiques peuvent-ils être consultés avant la réalisation de tels projets? Et peut-on svp actualiser la loi sur les mines de 1864?
Jean-Michel Perron
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