Il n’y a pas que le tourisme durable qui est tendance, par Jean-Michel Perron
Les tourismes de luxe et « spectacles » ont aussi la cote.
1. NEOM, Arabie Saoudite
L’hôtel-cité Mirror Lane en Arabie Saoudite
Le prince tout-puissant souhaite voir Mirror Lane complété en 2030. Vue transversale de l’hôtel-cité.
Mirror Lane, hôtel-cité long de 170 km, haut de 488 m (Empire State : 381 m), un projet de 1000 milliards $US, constitue l’emblème du projet déjà enclenché de Neom en Arabie Saoudite. Il baigne dans l’écoblanchiment et a vu son premier autochtone du désert assassiné (M. Abdulrahim al-Huwaiti, en avril 2020) pour refus de s’exproprier. Mon Dieu qu’on se complique la vie avec les écueils dans nos projets de développement au Québec en gardant vivants les opposants. L’idée du prince tout-puissant est de remplacer le pétrole par le tourisme.
2. Navire « Icon of the Seas »
Haut de 20 étages, le navire fera son voyage inaugural en janvier 2024 au départ de Miami (désolé les amis.es, tout s’est vendu en 1 jour le 27 octobre dernier, un record). Avec ses 2805 cabines, 7600 passagers en plus des 2350 membres d’équipage...
10 000 personnes réparties dans 8 quartiers comme dans une ville. La plus grande piscine sur un navire de croisière, 6 glissades géantes, une « via ferrata », 40 restaurants et bars... Qui dit mieux ? Allez, Carnival ou Norvegian, on peut se rendre à 15 000, non ? 25 000 serait encore mieux.
Quel port d’escale ne souhaite pas recevoir 10 000 personnes en même temps ? Ou encore mieux, 5 navires de 10 000 personnes pour venir animer l’escale dans une euphorie collective célébrant le bonheur de s’amuser avec les résidents comblés et subjugués par cette marée d’amour ? Mais au fait, au final, a-t-on vraiment besoin de débarquer de ces palaces animés 24 heures sur 24 ?
Source : Royal Caribbean International
Source : Royal Caribbean International
3. Hôtel Aman, New York
Ouvert en août dernier, de biais à la Trump Tower, cet établissement de 83 chambres dont le prix de base est de 3 200 $US/nuit, s’inscrit dans la lignée des hôtels de luxe St. Regis, Carlyle et Plaza.
Terrasse du 14e étage de l’hôtel Aman, New York, photo : NY Times
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Nous vivons dans des mondes parallèles en tourisme. Enrobés d’un parfum de durabilité, nouveaux navires de croisières propulsés au gaz naturel par ci, géothermie par là, saupoudrez généreusement de panneaux solaires et de compensation carbone et vous voilà offrant un tourisme de luxe déconnecté de son environnement naturel et humain. Humain dans le sens d’être entourés et de se connecter avec du vrai monde des communautés des pays visités...
Des projets et des expériences pharaoniques gagnent ainsi en popularité, mais ils créent des écosystèmes recroquevillés sur eux-mêmes, certes très innovants et spectaculaires, mais artificiels et scénarisés à la Disney, impactant négativement sur la planète et les communautés d’accueil reléguées à de vulgaires accessoires de décor.
Bienvenue dans le tourisme spectacle dont le métavers se veut la Saint-Graal, l’ultime déconnexion de notre réalité touristique devenue archaïque et de toute façon de plus en plus inaccessible à une majorité d’humains — s’ils veulent découvrir le monde — eux qui n’auront, au mieux, que les moyens de se louer pour quelques heures un casque et des gants pour une immersion touristique dans cet univers parallèle qu’est le métavers.
Nous sommes ici dans la même logique que le projet de luxe de 7 G$ du Royalmount à Montréal, à la jonction des autoroutes 15 et 40, déconnecté des quartiers centraux/populaires de la métropole, impactant sur la circulation et même pas foutu d’avoir un nom français...
Jean-Michel Perron
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