Maude et Kim Limoges – Les passionnées du fjord, par Jean-Michel Perron
Face à leur communauté et à l’environnement, elles sont jeunes, conscientisées, impliquées et déterminées. Entrevue avec les deux sœurs propriétaires d’Aventure Rose-des-Vents de Sainte-Rose-du-Nord, au Saguenay, modèle d’une PME durable et d’un « tiers-lieu »[1] remarquable.
Qui êtes-vous?
Moi (Kim), j’ai un bac en tourisme et hôtellerie de l’UQAM. J’ai pas mal voyagé pour faire du ski. Je suis aussi conseillère municipale, en plus d’être entrepreneure. De mon côté (Maude), j’ai un bac en tourisme d’aventures de l’UQAC et membre du comité de développement local.
Lorsqu’en 2014, on a vu l’auberge à vendre à Sainte-Rose-du-Nord, on s’est dit que c’était une bonne façon de combiner notre amour pour le plein air, la culture et le tourisme.
Pourquoi avoir créé Aventure Rose-des-Vents?
Nous sommes tombées en amour avec Sainte-Rose-du-Nord. Un site idéal pour faire du plein air. La communauté s’est développée avec beaucoup de jeunes dynamiques.
Notre entreprise emploie maintenant 8 personnes en hiver et 14 en été. C’est la communauté locale qui donne un sens à tout ce qu’on fait…
Qu’offrez-vous et pour qui?
Nous sommes aubergistes, restauratrices, agentes culturelles et guides d’aventures! Ainsi nous offrons un bistro-café culturel avec une petite scène qui est plus familial et convivial que festif, très dynamique, mais pas le gros party! Les gens de Sainte-Rose y viennent et tu enlèves tes bottes dans l’entrée l’hiver!
L’hébergement offert est propre et accueillant, mais pas de luxe. Pour le plein air, nous sommes très familiaux avec, entre autres, notre activité en kayak sur le fjord du Saguenay.
La communauté semble importante pour vous. Pourquoi et ça se traduit comment?
Il y avait un manque dans la communauté. Et ton développement d’entreprise ne peut se faire séparément du développement de ta communauté. Il doit se faire en harmonie et avec respect. Lorsque nous voyageons, nous-mêmes, c’est ce qu’on recherche! Nous voulions dès le départ faire rencontrer les touristes et les résidents locaux.
Aujourd’hui, nous sommes parfois le point de départ de projets ailleurs dans la communauté. C’est ce qui donne du sens à l’entreprise.
On a subi au Québec, l’hiver dernier, les changements climatiques. Quels impacts pour vous et comment voyez-vous votre adaptation aux aléas climatiques futurs? (durée des activités pour certaines saisons, gestion des réservations en cas d’événements extrêmes, etc.)
Comme nous opérons 3 types d’activités distinctes (restaurant-bar, hébergement et plein air), ça nous rend plus résilientes et nous parvenons à nous adapter. La bonne nouvelle à ce chapitre, c’est qu’avec nos activités non-motorisées, on ne fait pas partie du problème.
Qu’est-ce qui est le plus valorisant dans ce que vous faites?
Kim : Avoir réussi à créer quelque chose d’authentique, qui nous ressemble, en se respectant, car nous n’avons pas perdu nos valeurs. Les gens ont embarqué!
Maude : Notre équipe a le goût d’être là!
Qu’est-ce qui est le plus difficile?
L’argent. Car nous demeurons fragiles. On tient à prendre nos décisions avec des chiffres, tout en tenant compte de nos valeurs. On ne fait pas ça pour faire fortune… C’est un combat régulier pour trouver cet équilibre, mais nous souhaitons rester accessibles avec du personnel heureux et qualifié.
En quoi êtes-vous durables? Certification?
Non, pas de certification pour le moment. Notre durabilité est concrète et se traduit par :
- Approvisionnement en circuit court
- Produits ménagers écologiques
- Pas d’activités motorisées
- Optimiser et réutiliser : on pense en analyse le cycle de vie
Comment voyez le tourisme en 2030, 2050? Optimistes? Doomistes?
Plutôt optimistes. Nous croyons qu’il faut voyager moins souvent, mais plus longtemps. On trouve qu’il y a un manque de proactivité de la part du gouvernement au niveau des lois et des règlements à cet effet.
On essaie, avec nos activités, de conscientiser tout le monde… Il faut rester informées et pousser dans la direction du tourisme durable. Plus on va être nombreux, plus on va changer!
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CONCLUSION
Des femmes vraies, intelligentes, sympathiques et altruistes. Pour moi, c’est l’avenir du tourisme ici, personnalisé par ces « passionnées du fjord ». Ça me donne l’espoir d’un tourisme plus responsable au Québec, avec des « indicateurs de performance » autres que les seuls revenus et le profit net.
[1] Un service touristique (dans leur cas le café-bistro) comme lieu d’ancrage communautaire
Jean-Michel Perron
PAR Conseils
Blogueur et bifurqueur
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