Bons baisers de Berlin – Inspirations au plus grand salon touristique mondial, par Jean-Michel Perron
Ron Simard, représentant cri du tourisme d’Ouje-Bougoumou, m’accompagnait dans le volet conférence d’ITB
La première fois que j’ai assisté à ITB Berlin, c’était en 1985, quatre années avant la chute du mur. J’ai vu ainsi le poste de contrôle Check Point Charly, tenu par les Américains, face à l’URSS. Les Berlinois possédaient à l’époque une vraie mentalité d’insulaires : sympathiques, accueillants avec une grande joie de vivre. ITB a toujours donné la température de l’état du tourisme mondial. Cette année, avec ses 4 500 exposants et la présence de 190 pays (voir plus bas quel pays, que l’on connaît bien, était absent cette année), on ne peut que prendre plaisir à voir et entendre ce qui émerge de notre secteur. Deux mots clés ont transpiré partout cette année : DATA et DURABILITÉ; le buzzword «innovation» étant dans les propos, presque entièrement évacué. Voici des extraits de rencontres et de conférences inspirantes.
- Grosse contradiction : Le tourisme génère 8% des GES de la planète, avec une hausse anticipée de 169% d’ici à 2050 dans le contexte de la croissance actuelle du secteur, alors que les Nations Unies appellent à une réduction de 50 % d’ici 2030... Mission impossible?
- Deux grands écarts. Dans les sondages, 97% d’entre nous voulons agir durablement, mais seulement 13% le faisons réellement… de plus, en tourisme, grand écart entre ce que les voyageurs attendent de leurs expériences touristiques auprès des PMEs et ce que les entreprises pensent qu’ils attendent d’elles… il faudrait prioriser une vraie approche client, peut-être? On veut faire confiance à une marque et avoir du plaisir…
- L’Office du tourisme de Malaga a déployé 300 caméras extérieures, véritables capteurs d’émotions, pour analyser où les visiteurs et les citoyens sont les plus heureux. «Ce que tu ne mesures pas, n’existe pas», affirme son directeur. On a moins de visiteurs au centre-ville, car la durée de séjour s’est allongée et les visiteurs se dispersent mieux…
- Randy Durband, CEO de GSTC (la police des certifications en tourisme) : «C’est le bordel total en Europe, alors que des labels se font passer pour des certifications…». La clé, c’est l’obligation d’avoir un audit externe et indépendant pour les entreprises qui veulent devenir certifiées durables! La Turquie et Singapore vont exiger une certification touristique obligatoire à toutes leurs entreprises d’ici 2030, certification reconnue par GSTC.
- Plusieurs fois entendu à ITB, et je le dis depuis 3 ans : le tourisme d’affaires sera la locomotive de la transformation durable parce que les entreprises doivent démontrer leurs actions durables (ESG/RSE) face à leur CA. De plus, en 2025, partout en Europe, il sera obligatoire d’avoir son rapport durable annuel, tout comme ses états financiers.
- Hébergement collaboratif (sur la photo, Richard Au, Airbnb, Head of Global Business Development; Dr. Patrick Andrae, HomeToGo, Co-Founder & CEO; Tim Rosolio, VRBO)
Avec les hausses récentes des prix de l’hôtellerie traditionnelle et la croissance du «Workation/Bleisure», voici 3 diapos qui devraient grandement inquiéter le secteur hôtelier par rapport aux Airbnb de ce monde :
- Destination Vancouver Island, après 60 ans d’existence, s’est transformée l’an passé en une entreprise à vocation sociale qui redonne aux communautés locales servant les citoyens en premier et ensuite les visiteurs…
- Durable et pratique : la compagnie autrichienne de train OBB ramène les trains de nuit avec cabines (dont pour voyageurs solo) incluant toilette/douche privée. «C’est aux établissements d’hébergement à faire la promotion auprès de leurs clients de transports plus durables.» Note de JMP : Comme le transport représente 75% des GES en tourisme, les hôteliers ont un grand rôle d’influence à jouer en faisant la promotion de mobilités durables (transport en commun autre que l’avion) auprès de leurs clients en amont… Et Via Rail, où en êtes-vous pour des services adaptés à la réalité de 2023 et la promotion durable?
- Le Canada, un des rares absents au plus grand salon tourisme mondial! Même l’Ukraine y était... Je croyais, pour la notoriété de notre tourisme, qu’il n’y avait pas pire situation que le kiosque fade et insipide du Canada dans les éditions de 2019 et précédentes. Je me suis trompé, il y a pire : l’absence totale de la destination cette année… de rares entreprises canadiennes se sont regroupées sous un petit drapeau et avec une seule entreprise québécoise : MISA Tours de Victoriaville. Les «pavillons» de l’Arabie saoudite ou de l’Égypte sont gigantesques et spectaculaires, mais comparons-nous seulement avec la Nouvelle-Zélande : lequel dégage une image professionnelle et conviviale, à votre avis?
- Un clin d’œil techno? Des hologrammes produits sans application, simplement via un site Web ou une vidéo sur ton téléphone intelligent avec une petite pyramide inversée pliable : www.holo2buy.com.
(parties 2 et 3 à venir)
Jean-Michel Perron
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