Assises du tourisme 2023 : optimisme, mais œuvre inachevée, par Jean-Michel Perron
La ministre de l'Emploi Mme Kateri Champagne Jourdain, fière innue de la Côte-Nord
Le 4 mai dernier au Palais des congrès de Montréal, se tenait la « grande messe » annuelle du tourisme québécois. Notre dynamique ministre, Mme Caroline Proulx, comme l’an passé, a coanimé l’événement avec la présence de la ministre de l'Emploi, Mme Kateri Champagne Jourdain, et la ministre des Relations internationales et de la Francophonie et ministre responsable de la Condition féminine, Mme Martine Biron.
Un rappel fut fait du prolongement des programmes Explore Québec sur la route jusqu'au 31 mars 2025 avec une enveloppe bonifiée à 17 millions $, le Programme d'appui au développement des attraits touristiques (PADAT) reconduit pour les trois prochaines années avec 60 millions de dollars par année sous forme de prêts et de garanties de prêt et le Programme d'aide à la relance de l'industrie touristique (PARIT) sera quant à lui bonifié de 30 millions de dollars.
Ce qu’on y a appris de nouveau :
- Un projet débutant le mois prochain qui permettra à 3 000 demandeurs d'asile d'intégrer, au cours des trois prochaines années, un emploi dans le secteur touristique (formulaire en ligne sur le site du CQRHT);
- Notre industrie maintient ses objectifs traditionnels :
- L’hiver pour nous distinguer
- Tourisme d’affaires haut de gamme
- Tourisme international (10% des Américains génèrent 20% de nos revenus)
- Hubert Bolduc, président d’Investissement Québec International, a fourni les statistiques sur l’état économique de notre tourisme : fait intéressant, en période de récession, les visiteurs coupent sur les restaurants et le magasinage avant la qualité d’hébergement et les visites d’attraits... La balance négative commerciale en tourisme demeure (3 MM$). Je ne crois pas qu’on réussisse à convaincre les Québécois de moins voyager à l’international. Cette balance, un jour, sera inversée par l’arrivée potentielle de beaucoup plus d’Américains en automobile (donc du nord-est et du centre des États-Unis).
- Extraits d’un sondage des visiteurs potentiels récent, à paraître par Tourisme Québec sous peu, relatif à nos principaux marchés touristiques en 2023.
- 60% des Américains qui viendront au Québec le feront pour la 1re fois et 78% des Français :
Étonnamment, les visiteurs provenant de notre principal marché d’outre-mer (France) privilégient le mois de juillet, plus qu’août, mois traditionnel de vacances en France.
On observe sur nos marchés hors-Québec que la perception d’être une destination sécure et dépaysante s’impose. De la même manière, sur plusieurs marchés, les gens viennent nous visiter pour un produit d’appel (un attrait ou un événement particulier). Ça confirme le pouvoir d’attraction de nos événements et festivals!
Sur tous nos marchés confondus, incluant sur l’intra-Québec, il est étonnant de constater que la culture, la détente et le tourisme urbain devancent autant les séjours en nature, la panacée touristique de la période covidienne. Un retour du balancier, je présume.
- Trois coups de cœur de la journée :
- Le Reine Elizabeth avec ses 800 employés, qui grâce à la start-up Happy Hotels est parvenu à mieux former ses employés d’entretien ménager et à mettre en valeur ses employés actuels par le démarchage des RH via des hologrammes.
- Montréal en Lumière avec ses 250 000 visiteurs en plein hiver, son patinage gratuit et son ouverture aux autres régions, démontre le potentiel de notre saison blanche.
- Le parc régional de Val-David a expliqué concrètement ce que veut dire l’adaptation aux changements climatiques et la durabilité pour un réseau de sentiers.
CONCLUSION
Il est essentiel et bénéfique de se retrouver tous ensemble au moins une fois l’an.
Les compétences et la forte motivation des participants aux Assises sont très élevées, mais sous-exploitées, durant cet événement. En après-midi, les deux ateliers portant sur l’offre et la demande ont permis de faire réfléchir, par table individuelle, chacun des 600 congressistes de la journée. Malheureusement, les conclusions sont à venir, ce qui est dommage. La technologie aurait pourtant permis de fournir des résultats tangibles sur place.
Par ailleurs, la transition durable était induite partout durant les présentations de la journée, ce qui est une avancée incroyable par rapport à il y a seulement 2 ans. Les organisations régionales et sectorielles, avec le ministère du Tourisme du Québec et le gouvernement du Canada, sont vraiment engagées en ce sens. Pourtant, les Assises devraient aussi permettre de réfléchir aux objectifs précis que l’on se donne à cet égard et comment le Québec devrait alors se positionner. Bref, une feuille de route avec une vision commune claire des trois années à venir. Et discutons des principaux enjeux de la gestion/régénération de nos zones naturelles à partager équitablement avec l’industrie forestière/minière et du transport, qui représente plus de 75% des GES en tourisme (notre réseau de transport en commun interrégional est déplorable, alors que la mobilité douce et durable est à déployer en milieu urbain pour les visiteurs...).
Jean-Michel Perron
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