Le tourisme autochtone et le bien-être, par Caroline Lavoie

Bien-être, Tourisme Autochtone · · Commenter

Il existe un lien bien réel entre le tourisme de bien-être et le tourisme autochtone. J’en ai parlé à quelques reprises dans les articles précédents, mentionnant un très grand intérêt pour une guérison à la source, les pratiques ancestrales et les soins holistiques. 

Selon un récent rapport des tendances par le Global Wellness Institute, le tourisme autochtone est LA tendance touristique 2023. 

Le tourisme de bien-être propose depuis longtemps des expériences mieux-être peu importe où on se trouve dans le monde. 

Si on prend l’exemple du yoga né en Inde, maintenant omniprésent partout dans le monde. Ou encore l’Ayahuasca utilisée par les Premières Nations en terre amazonienne à des fins thérapeutiques, maintenant pratiquées via des retraites dans plusieurs pays. La médecine traditionnelle chinoise ou l’Ayurvéda venant de l’Inde sont aussi de plus en plus présentes dans les régions occidentales. 

Cependant, une nouvelle critique du bien-être sur l’appropriation culturelle ainsi que la montée en puissance du poids culturel et politique des autochtones ont amené un changement majeur. Le retour aux sources et la recherche d’authenticité ont pris un tout autre niveau chez les voyageurs. 

Ils recherchent des expériences culturelles beaucoup plus profondes, régénératives et inclusives. Ils veulent en apprendre davantage sur les connaissances ancestrales

C’est pourquoi nous remarquons une très forte montée de l’intérêt envers les pratiques de bien-être autochtones, en passant par la nutrition, les cérémonies de purification et le soin des terres. Un besoin grandissant se fait sentir afin de prendre soin de soi directement à la source, soit par le cœur, le corps et l’esprit. 

La pandémie a non seulement apporté une prise de conscience globale sur l’environnement, mais les gens ayant réévalué leur vie et remis en question leurs intérêts, la typique ‘’bucket-list’’ s’est transformée en profonde quête de sens et recherche d’immersion totale dans les cultures locales. 

Keith Henry, CEO de l’Association touristique autochtone du Canada mentionne au GWI «qu’il y a eu un changement indéniable dans la compréhension des lieux et des cultures autochtones comme faisant partie de ces terres.» 

D’ailleurs, la conférence annuelle organisée par l’ATAC lancée il y a 10 ans qui a eu lieu en mars, était complète et fait d’elle la plus grande conférence de tourisme autochtone au monde. 

En août 2021, le gouvernement du Canada annonçait 340$ millions pour soutenir le leadership autochtone dans la conservation de la nature. Destination Canada offre également un support de 2.6$ millions pour le marketing du tourisme autochtone. 

Selon un sondage mené en 2022 par Leger et fourni par l’ATAC, auprès des Canadiens ayant voyagé dans les 24 derniers mois, quelques conclusions très intéressantes démontrent l’intérêt et le fort potentiel du tourisme autochtone. 

86% des Canadiens sondés ont une opinion favorable à l’égard des communautés autochtones de leur province et du reste du Canada. 88% ont exprimé un intérêt à pratiquer au moins une des activités proposées. 

La plupart des Canadiens ont un intérêt envers les activités culturelles telles que la visite:

  • D’un musée
  • D’un centre d’interprétation
  • D’une boutique
  • D’une exposition d’art 

Et nous voyons de plus en plus d’intérêt vers:

  • Les festivals
  • Les pow-wow
  • Les spectacles autochtones
  • Visiter une communauté autochtone
  • Échanger avec des aînés autochtones 

Toutes des activités qui sont davantage perçues comme immersives. 

L’intérêt à en savoir plus sur les peuples autochtones est bien présent. Parmi les thèmes qui ont suscité le plus d’intérêt chez les voyageurs sondés, en apprendre davantage sur l’histoire des peuples autochtones arrive en 1ère position avec 75% d’intéressés, suivi des traditions et patrimoine des peuples autochtones à 74%. 

Parmi les principaux motifs qui incitent les gens à réserver un séjour à proximité ou dans une autre province en période estivale, nous retrouvons la beauté des paysages, la nature et les expériences contemplatives au 1er rang. Le bien-être et le ressourcement arrivent au 2e rang. 

En saison hivernale, le bien-être et le ressourcement sont la principale motivation des voyageurs. 

Si on se penche un peu sur la clientèle internationale, nous avons définitivement pu remarquer la croissance année après année sur la réservation d’hébergements ou activités autochtones à travers le pays. La demande augmente de façon significative chaque année vers ce type d’expériences. Presque tous les itinéraires comportent au moins une activité autochtone. 

Voyageons un peu à l’international maintenant. 

En Australie, le gouvernement a redonné près de 9 millions d’âcres dans la région de North Queensland aux peuples autochtones afin de dorénavant contrôler tous les parcs nationaux de Cape York. 

Au Japon, les ‘’ryokans’’ ou auberges thermales traditionnelles sont en plein essor. Entourées de nature, les invités peuvent relaxer dans les sources chaudes, en plus de savourer la cuisine locale. 

En Corée, la jeune génération redécouvre les cérémonies et rituels du thé, pratique des méditations de journée complète, ou fréquente les temples traditionnels ainsi que les moines. Ils sont passés de 30 à 130 temples dans la dernière décennie. 

En Chine, les milléniaux et la génération Z se sont rués vers les temples bouddhistes. Les visites ayant bondit de 310% comparé à l'an dernier.

Au Qatar, la médecine traditionnelle arabe et islamique et son approche holistique, est maintenant pratiquée dans plusieurs hôtels bien-être. Ils utilisent des pratiques de guérison traditionnelles détoxifiantes telles que la ‘’hijama’’, ou les remèdes à base de plantes, en plus de donner des conseils sur le style de vie passant par la nutrition, le mouvement et le sommeil. 

En Nouvelle-Zélande, les offices de tourisme font la promotion du concept maori de manaakitanga ou faire preuve de respect, tout en mettant en valeur les expériences avec plus de 100 communautés autochtones au pays. 

Pour terminer, en Inde, le gouvernement ainsi que le World Health Organization ont annoncé la construction d’un centre de médecine traditionnelle à 250$ millions. Cela combine la médecine traditionnelle avec les pratiques anciennes de plus de 5000 ans telles que l’Ayurvéda, l'acupuncture ou traitements à base de plantes, aux côtés de la médecine conventionnelle. 

Nous voyons donc définitivement un retour vers des méthodes de guérison traditionnelles, et ce, un peu partout dans le monde. 

Un arrimage entre la médecine conventionnelle et la médecine traditionnelle voit de plus en plus le jour et c’est tant mieux. 

Les voyageurs voulant prendre soin d'eux de façon holistique, nous continuerons de voir cette montée en flèche de l’intérêt vers des expériences autochtones, locales, et authentiques.

Sources: Global Wellness Institute et ATAC

Caroline Lavoie
Consultation & Formation en Tourisme Bien-être
Fondatrice d’Inspire Consultation


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