Le lucratif (et sous-estimé) marché du tourisme d’affaires

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Au Québec, les recettes du tourisme d’affaires ont atteint un sommet de 2 milliards de dollars en 2019. L’objectif est d’ailleurs d’augmenter ce montant à 2,5 milliards de dollars à l’horizon de 2027, selon le plan d’action stratégique pour 20232027 préparé par le ministère du Tourisme.

Et quand il est question de tourisme d’affaires, on tend à penser congrès, colloques et autres réunions ayant lieu dans les hôtels et/ou centres de congrès. Mais il y a plus : pensez également aux voyages de motivation (incentives) ou de récompenses, aux rencontres d’équipe hors-bureau, lac-à-l’épaule, colloques… sans oublier la forte tendance visant à combiner le voyage d’agrément avec l’événement d’affaires, le fameux bleisure, contraction de business et leisure!

Le Québec comme destination de voyages d’affaires

Le Canada et le Québec sont-ils des destinations attractives pour la clientèle internationale voulant effectuer un voyage de motivation? Nous avons posé la question à Josal Kadri et Mary Lavelle, chargées de projet chez JPdL, agence réceptive spécialisée dans les événements d’affaires.

« Le Canada continue d'attirer l'attention sur l'international, surtout en France – pour nous, du moins. Le plus gros problème qu'on observe est celui du budget. Comme on ne fait que du sur-mesure, on doit qualifier chaque demande en amont quand on fait des propositions sur le marché français auprès du partenaire là-bas, qui lui transige avec le client final », nous expliquent-elles. « Si tu veux faire un itinéraire de 5 jours + 4 nuits au Québec, ça coûtera par exemple 3200$ par personne. Même si on convertit en euros, le client final trouve ça souvent très cher.

La capacité aérienne est un enjeu, ainsi que la tarification qui vient avec. Enfin, le F&B – tout ce qui est nourriture et boissons – est ce qui coûte le plus cher, surtout vis-à-vis de la compétition (États-Unis, Europe, Asie), et nous rend moins compétitifs », selon elles.

Transition vers le marché des croisières

Pour Danielle Crête, chef d’entreprise chez VDM Global DMC, le contexte des dernières années a amené l’organisation à pivoter vers le marché des croisières.

« VDM a déjà été spécialisé sur le créneau des programmes sur mesure; on touchait à plusieurs volets: corporatif, incentive, récompenses, etc., mais on a décidé de se dédier sur le marché des croisières, les pré- et post-, les déplacements, les débarquements et les activités à destination, la gestion des opérations (ground operator). Ça représente 70-80% de notre business aujourd'hui!

Pas juste à Montréal, on est très actif sur Vancouver également, et on travaille avec des compagnies de croisières en Norvège, à Miami, etc.

Ceci étant dit, on fait encore du congrès, des groupes de 100 personnes qui souhaitent des activités pour des réunions en ville, quelques circuits pour des tours et opérateurs. On demeure ainsi un DMC, mais avec une niche et expertise envers les croisières à destination », explique-t-elle.

Tour privé, VDM Global DMC

Une reprise lente, mais certaine

Pour Josal et Mary, de JPdL, pas de doute : la demande est forte et de retour! « Pour la clientèle nord-américaine, c'est l'Ouest canadien qui a le vent dans les voiles, alors qu'en 2018 et 2019, même début 2020, le Québec était en crescendo constant. Ce n'est plus le cas. L'attrait des grands espaces, de déconnexion, le retour à la nature... semble expliquer le pourquoi de ce virage vers l'Ouest.

Les saisons ont aussi changé. On reçoit beaucoup plus de demandes en 2024 et 2025, pour les mois de juin ou septembre, notamment avec les couleurs d'automne – jusqu'en octobre –, alors que par le passé c'était l'hiver qui suscitait l'engouement! L'hiver canadien est aussi en compétition avec des destinations moins chères, plus proches, du côté de la Scandinavie, par exemple », poursuivent-elles.

« En tant que DMC nord-américain, 2024 et 2025 semblent prometteurs. Nos inquiétudes sont plutôt au niveau incentive sur le marché européen – les cycles décisionnels sont plus longs, et l'inflation et la situation économique sont des facteurs plus incertains qui jouent beaucoup dans la prise de décision », selon elles.

« Le marché corporatif a été plus lent à reprendre, suite à la pandémie, mais on voit que la demande est au rendez-vous. Tourisme Montréal nous confirme la chose, suite à des sondages auprès de ses membres », explique Danielle Crête.

« Il y a par contre un véritable enjeu autour du ralentissement de l'économie, le travail à distance, les salaires en hausse... ce qui rend la dynamique d'entreprise plus difficile. On regarde pour voir comment changer nos procédures, certains jobs peuvent être faits via Zoom... d'autres moins! On doit s’ajuster afin de pouvoir affronter la réalité du marché avec les bonnes pratiques d’aujourd’hui », conclut-elle.

 

Rédigé par Frédéric Gonzalo, collaboration spéciale

Cet article fait partie d’une série de reportages sur les membres de l’association des Agences réceptives et forfaitistes du Québec (ARF-Québec) qui célèbre ses 15 années d’existence!


Nom de l’entreprise: JPdL Vitamine Canada
Année de fondation: Destination Management Company (DMC), Réceptif et PCO (Professionnal Congress Organiser) au Canada depuis 40 ans
Créneaux sur lesquels ils sont actifs: B2C et B2B
Marchés de provenance de leur clientèle: québécois, américain, canadien, européen majoritairement français et italien

 

Nom de l’entreprise: VDM Global
Année de fondation: 1975, mais incorporée en 1985
Créneau sur lequel ils sont actifs: B2B
Marchés de provenance de leur clientèle: américain, allemand, anglais, français, austrlien, canada, québécois


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