Opinions & Humeurs: Financement public des festivals: nécessité, création d'une dépendance étatique ou saupoudrage de fonds publics?

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Les trois. C’est selon...

Montréal est aujourd’hui une destination festive, ce qui constitue sa principale valeur ajoutée parmi les destinations majeures d’Amérique. Elle doit non seulement le demeurer, mais poursuivre encore plus dans cette lancée en supportant ses événements émergents.

Tourisme Québec annoncé un investissement de 110 M$ sur 5 ans pour les festivals et événements. Excluant les dizaines de millions engagés dans le Grand Prix, je présume. On doit tous s’en réjouir, en autant que le support financier bonifié des autres secteurs touristiques ou pour des enjeux nationaux tels que l’accessibilité intra-Québec ou pour la création d’icônes majeurs soient au rendez-vous prochainement. Sinon, la majorité de ces nouveaux fonds annoncés iront dans les centres urbains, encourageant encore plus la rétention des touristes québécois dans les grandes villes, au détriment des régions. Et le Québec ne peut être de toute façon qu’un gros party perpétuel. 

Cette annonce est une autre démonstration de la redoutable efficacité de lobbying du RÉMI. Bravo. J’ai toujours pensé que notre industrie devrait agir comme le RÉMI. Des dossiers de fonds essentiels tels que le massacre de nos paysages le long de nos routes, l’hystérie collective du « mauvais temps » provoquée par nos météorologues apocalyptiques ou le calendrier scolaire qui nuit aux emplois touristiques, seraient réglés depuis longtemps… 

Mais pour revenir à l’annonce de 110 M$, il y a pas mal de positif. Dorénavant, les études d’impacts économiques de grands festivals/événement (3 M$ de budget et +) devront répondre à des critères plus stricts, dont principalement celui des fuites économiques (p. 24 dans le guide de réalisation). Il commence à être temps!

Dans le concret, par exemple, chaque fois qu’un Paul McCartney est embauché par le Festival d’été de Québec, ce festival se verra amputé de 1 M$ en retombées économiques, soit le cachet de l’artiste étranger. Attendez-vous à des balounes de retombées qui dégonflent pas à peu près dans les mois à venir... Les 110 M$ iront alors aux balounes les moins dégonflées, je présume? J’espère que pour le Grand Prix du Canada, qui génère supposément 42,4 M$ de retombées annuelles, on va déduire les 149,8 millions à être versés encore de 2017 jusqu’en 2024 par nos généreux gouvernements au maître-chanteur milliardaire britannique Ecclestone. Cré Bernie et pauvres nous! Notez que la semaine dernière, Bernie a vendu la F1 pour  8,5 G$ US à la firme américaine Liberty Media. 

Pour les petits événements & festivals, les exigences de retombées demeurent minimales d’où le risque du jeu de la petite politique, surtout avec des élections l’an prochain. Un p’tit 10 000$ madame chose  mais oubliez pas de voter du bon bord ! 

En terminant, deux événements qui m’impressionnent : 

Le Québec naturellement électrique est né pour accueillir la Formule E pour la 1ère fois en juillet prochain à Montréal. Les banlieusards de Saint-Lambert vont pouvoir ainsi dormir toute la journée avec des décibels en moins... Ça c’est du développement intéressant!


 
Écoutez le son de ces bolides:

J’étais à Harrington Harbour, en Basse-Côte-Nord, la semaine dernière, pour un mandat en marketing touristique. Vous savez, Harrington, le charmant village sans routes, uniquement des trottoirs de bois, ceux du film la Grande Séduction? Le 10 février prochain, leur carnaval d’hiver revient, la 91e édition. L’an passé, sur cette île isolée, sans aucune subvention, avec 305 personnes de population seulement, ce Festival a généré 34 000$ de profits. Pas mal, hein? 
 
Harrington Harbour est accessible l’hiver uniquement par la Route Blanche, le seul sentier de motoneige au Québec entretenu par Transport Québec.

Chronique : Opinions & Humeurs, Jean-Michel Perron

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