Le printemps, une saison mal aimée?

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Éric FournierLa saison froide semble derrière nous, les bancs de neige disparaissent peu à peu et de plus en plus de Québécois promènent leurs chiens, sortent leurs vélos ou commencent à nettoyer leurs terrains, signes que le printemps est finalement bien là.


Saison mal aimée, le printemps a toujours été une période touristiquement mal définie qui sert de moment de transition entre l'hiver et l'été.

De fait, bien peu de plans marketing ( régions, associations ou produits ) identifient le printemps comme une période cible à travailler. Et pourtant, la période qui s'étend d'un peu avant le congé de Pâques à un peu après celui de la fête de la Reine est une période où notre industrie semble encore en hibernation.

Au niveau marketing, peu de stratégies de promotion sont coordonnées, peu de programmes marketing sont déployés et peu d'actions de mise en marché sont dirigées vers les clientèles touristiques québécoises ou encore auprès de nos marchés limitrophes américains.

Une brève analyse des investissements marketing québécois démontre que la presque totalité des investissements est consentie en été, en hiver ou à l'automne.

DES MOIS DIFFICILES

Et pourtant, les mois de la mi-mars à la mi-mai sont des mois difficiles pour notre industrie.

Les taux d'occupation de nos hôtels sont inférieurs à 50 % et si nous excluons Montréal et Québec, qui sont deux régions qui peuvent compter sur de bonnes clientèles affaires, les taux d'occupation de nos établissements sont encore plus alarmants.

Les taux d'occupation d'une dizaine de régions avoisinent les 30% ou moins.

La situation n'est pas plus rose du côté des produits touristiques. Les produits hivernaux sont en fin de saison et la plupart des autres produits en région misent davantage sur la période estivale. Cette période n'est donc pas prioritaire et est en quelque sorte une saison morte dans leur planification annuelle.

Rappelons-nous que près de 5000 des 74000 chambres du parc hôtelier québécois ferment leurs portes durant cette période  (lire L'industrie touristique du Québec - sagesse et prudence). 

LA CABANE À SUCRE

Dans les faits, plusieurs produits de l'offre touristique de la belle province pourraient davantage tirer leurs épingles du jeu durant cette période en étant mieux exploités notamment par des approches de marketing de niches auprès de clientèles spécifiques.

Le ski de printemps, le temps des sucres ou le magasinage (exemple de NYC) sont des produits types qui pourraient être mieux exploités. Le début d'une saison plus hâtive du tourisme d'affaires pourrait également représenter un enjeu majeur tout comme, dans une autre mesure, la floraison des pommiers et des arbres fruitiers (exemple de Washington) à la mi-mai. Bref, le meilleur positionnement d'une dizaine de produits pourrait être la clé d'une saison touristique plus prospère au printemps.

LA MONTÉRÉGIE, UN EXEMPLE INTÉRESSANT

La Montérégie est à ce titre un exemple intéressant. Les plans marketing que j'ai mis en place en Montérégie étaient basés sur des approches de marketing de niches. À ce titre, le temps des sucres est devenu un produit d'appel printanier pour la région tout comme la période des pommiers en fleurs avec la promotion du cidre en mai. Bonhomme allant, ces deux produits amenaient plus de 700 000 visiteurs excursionnistes en région. Il s'agissait d'un investissement de 100 000 $ pour lequel le retour sur l'investissement était excellent. De plus, la concurrence à cette période est presque inexistante et le « traffic promotionel » très faible.

DES ENJEUX QUI RESTENT ENTIERS

La remise en selle de l'industrie touristique québécoise demandera Vision, Dynamisme et Engagement.

Notre industrie devra regagner une à une ses parts de marchés et la période printanière ne pourra être exclue de cet exercice de planification.

L'objectif de ramener rapidement les 2 M de touristes américains perdus (lire Que s'est-il passé avec les marchés américains?) reste entier tout comme l'obligation de resituer notre industrie sur une courbe de croissance qui devra être impérativement entre 3 % et 5% annuellement (lire New York atteint son objectif de 55M de visiteurs un an avant l'échéance prévue).


Collaboration spéciale, Éric Fournier