Que pouvons-nous attendre pour la prochaine saison estivale ?

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Le mois de mai donne, chaque année, le coup de départ aux activités marketing de l'industrie touristique québécoise en vue de la prochaine saison estivale.

Les régions un peu plus éloignées et qui demandent une planification plus précoce des visiteurs sont celles qui historiquement ouvrent la saison des activités promotionnelles.

La Gaspésie et la Côte Nord ont débuté leurs opérations promotionnelles dès le début du mois de mai.

Depuis quelques jours, le Bas St-Laurent nous communiquent ses messages publicitaires sous le thème sympathique « Réserve Mondiale de Bon temps ».

À un autre niveau, les Expédia, Hotel.com et Trivago de ce monde redoublent d’ardeur avec l’arrivée des journées plus chaudes.

Dans les semaines qui viennent les autres régions québécoises et les principaux évènements et produits touristiques sauteront dans la mêlée pour se positionner dans les marchés des choix de vacances des Québécois.

L'IMPORTANCE DE L'ÉTÉ

La période estivale est la saison touristique la plus importante et la plus achalandée au niveau des activités marketing au Québec. Ainsi, près de 50 M $ seront investis en marketing touristique de la saison estivale au cours des prochaines semaines.

L'été est une saison prioritaire pour la majorité de nos entreprises et cette période représente une part extrêmement importante de leurs revenus annuels.

Il est donc tout à fait normal de voir les régions touristiques s’activer entrainant dans leurs sillages leurs entreprises touristiques. Au fil des ans, les règles naturelles du marché se sont mises en place sur les marchés intra-Québec en fonction de l’offre disponible.

La compétition entre les régions est saine et somme toute très pondérée.

LES MOIS DE JUILET ET AOÛT

Le Québec touristique génère historiquement entre 3.2 et 3.4 M de nuitées en hébergement commercial pour les mois de juillet et août. Il s’agit des deux plus importants mois de l’année. Il faut toutefois constater que la performance touristique estivale du Québec stagne depuis la fin des années 90.

TABLEAU

Juillet et août 2015

L’an dernier, juillet avait enregistré 68 500 nuitées supplémentaires (4.6 %) alors qu’août avait connu des pertes de 40 000 nuitées (-2.3 %).

Au net, les mois de juillet et août derniers avaient enregistré une progression de 28 000 chambres vendues sur les plus de 3 M générées. Ces résultats nous ramenaient aux performances des années 2009 et 2011.

LES MARCHÉS AMÉRICAINS

Le Québec a connu une croissance de 9.5 % du nombre de visiteurs américains l’an dernier pour franchir légèrement la barre des 1.5 M de visiteurs.

Cette progression de moins de 150 000 visiteurs américains par rapport à 2014 à été bien en dessous des attentes communiquées par les représentants de l’industrie à la même période l’an dernier. Elle est également bien peu si l’on considère que le Québec recevait 4 M de visiteurs américains au début des années 2000.

Quel est vraiment l’enjeu ?

En fait, l’enjeu commercial estival se résume presque essentiellement à des investissements de près de 50 M $ pour se disputer entre 50 000 et 100 000 nuitées qui vont et viennent dans l'une ou l'autre de nos régions touristiques.

Dans les faits, peu importe les conjonctures économiques, les coûts de l'essence ou du dollar, la température ou les campagnes de promotion, l'objectif du 3.5 M de chambres vendues en juillet et août semble inateignable pour le Québec touristique.

LES NOUVELLES TENDANCES

L'industrie doit également se battre depuis une bonne dizaine d'années contre plusieurs nouvelles tendances.

Le fractionnement des vacances vers des approches plus courtes de types excursionnistes, la popularité croissante des destinations soleil en été et le déplacement des périodes estivales traditionnelles vers septembre sont trois phénomènes auxquels notre industrie doit s'ajuster.

La consolidation du produit touristique de nos grandes villes, notamment avec le produit grands évènements a elle aussi changé la donne en les faisant passer de pôles émetteurs de touristes vers les régions (entre 1980 et 1996) à celui d'acteurs actifs et dynamiques sur les marchés intra Québec.

LA DIMINUTION DE L’OFFRE

Autre constat alarmant, la diminution importante de l’offre en hébergement.

La bonne nouvelle (pour les hôteliers en place) est que le nombre de chambres disponibles au Québec est passé de 82 174 unités en août 2009 à 73 327 unités disponibles en août dernier.

Cette situation, même si elle indique de très mauvais signes pour l’état de santé de notre industrie, a toutefois l’avantage de favoriser la hausse des taux d’occupation et des tarifs de location.

Heureusement pour les uns et malheureusement pour d’autres notre offre diminue plus rapidement que la demande.

À ma connaissance, aucune destination mondiale n’a connu pareille décroissance de son offre.

MES PRÉVISIONS POUR LA PROCHAINE SAISON ESTIVALE

Face à ces constats et après un bref survol des facteurs conjoncturels actuels il est assez facile de prévoir les résultats touristiques de la prochaine saison estivale.

1) Le nombre de nuitées générées sur les marchés intra-Québec seront en légère décroissance.

2) Le nombre de visiteurs américains sera en légère croissance.

3) Le nombre de séjours touristiques sera en légère diminution pour faire place à plus de séjours de type excursionnistes.

Au net, la performance québécoise sera à peu près la même qu’au cours des dernières années avec un mois de septembre qui permettra à l’industrie de prolonger ses rythmes de haute-saison.

Dans un marché intra Québec fermé et sans progression significative sur les marchés hors-Québec force est de constater qu'au Québec la progression des uns se fait malheureusement aux détriments de la décroissance des autres.

Bon été.

Collaboration spéciale, Éric Fournier