Plus de 40 000 chambres de moins en août
Août s'inscrit comme notre cinquième mois de décroissance en 2015 avec plus de 40 000 chambres vendues en moins pour le huitième mois de l'année.
Les résultats de la fréquentation quotidienne des établissements d'hébergement du Québec d'août, rendus publics par Tourisme Québec mardi dernier, nous confirment une décroissance de -2.3 % du nombre de chambres vendues dans la belle province.
Les hôteliers québécois sont ainsi passés de 1 731 888 chambres vendues à 1 691 214 chambres vendues. Il est à noter que juillet et août sont les seuls mois où le nombre de chambres vendues mensuellement dépasse le 1.5 M d'unités.
DES RÉSULTATS QUI NOUS RAMÈNENT EN 2009
Le mois d'août, qui est historiquement le mois le plus important de l'année, a connu des variations importantes de sa performance au cours des dernières années.
Ainsi, nous pouvons constater les variations suivantes au cours des derniers mois d'août.
Août | % |
2009 | - 4,1 |
2010 | 2,5 |
2011 | - 4,3 |
2012 | 4,1 |
2013 | 1,7 |
2014 | - 0,1 |
2015 | - 2,3 |
Au net, les résultats d'août 2015 nous ramènent à peu près au niveau des résultats d'août 2009. La croissance des sept dernières années aura donc été presque nulle.
Toujours au net, la décroissance d'août 2015 vient presque annuler les progressions des mois de juin et juillet derniers.
LES RÉSULTATS SELON LES RÉGIONS
Malgré une température clémente, un taux de change favorable et un coût de l'essence relativement bas, seulement huit des vingt-deux régions touristiques québécoises ont connu une croissance en août. Chaudière-Appalaches se signale particulièrement avec une progression de 20.6 %.
À l'opposé, les régions de l'Abitibi-Témiscamingue (-12.7 %), de la Baie James (-12.5 %) et de Duplessis (- 11.3 %) sont les régions qui affichent les plus forts reculs par rapport à août 2014.
Et Montréal…
La région de Montréal, pour sa part, affiche une décroissance de -2.7 %. Ce recul s'ajoute à un mois d'août également négatif en 2014 (-3.5 %). La région métropolitaine est ainsi passée de 544 606 chambres vendues en 2014 à environ 530 109 pour août 2015. Il s'agit d'une perte de près de 14 500 chambres. Montréal subit ainsi plus de 35% de toutes les pertes de la province (14 500 des 40 674 nuitées perdues).
Montréal avait perdu 19 680 nuitées en 2014 (plus de 34 000 nuitées sur deux ans).
Montréal connait également son quinzième mois de décroissance depuis le début 2014. Seul cinq mois ont connu des résultats positifs durant cette période.
En parallèle, la fermeture dans la métropole de 2095 chambres (-9.5 %) depuis 2008 vient absorber ce recul et permettre ainsi aux hôteliers montréalais de conserver de bons taux d'occupation et de bons tarifs de location (diminution de la demande et diminution de l'offre).
La récente annonce de la fermeture du Queen Elisabeth (1037 chambres) pour rénovation viendra paradoxalement maintenir cet " équilibre artificiel " pour 2016.
AU NIVEAU DE L'OFFRE
Août 2015 connait également une diminution de l'offre avec 474 chambres disponibles en moins par rapport à août 2014.
Le parc hôtelier québécois a donc perdu plus de 8847 chambres (plus de 10 %) passant de 82 174 unités en août 2009 à 73 327 chambres en août de cette année.
Il s'agit, est-il nécessaire de le répéter, de l'équivalent de la fermeture complète des parcs hôteliers de sept à huit régions touristiques.
LE BILAN DE L'ÉTÉ
Je partageais avec les lecteurs de TourismExpress, le 1er juin dernier, mes commentaires sur les perspectives de croissance de nos mois de juin à août. Je vous communiquais aussi mes inquiétudes face à la stagnation systémique de notre destination.
Je vous invitais également au rendez-vous d'aujourd'hui pour prendre connaissance des résultats de juillet et août et constater la même stagnation pour l'été 2015.
Malheureusement, mes constats étaient justes et voici les résultats comparatifs de la dernière saison estivale à l'égard des résultats des dernières années.
Et attention aux éternelles excuses…
À l'instar de nos résultats depuis le début de l'année, force est de constater que même une température clémente, un taux de change favorable et un coût de l'essence relativement bas n'ont pas eu d'impact positif sur notre performance d'août.
Même constat du côté d'Airbnb qui ne peut influer sur nos résultats seulement quand ils sont mauvais, à certains mois plutôt qu'a d'autres, où dans certaines régions et moins dans d'autres.
Même signal du côté des recettes touristiques qui sont souvent utilisées pour mesurer la performance de notre destination. L'utilisation des recettes assure une croissance artificielle qui est occasionnée par l'inflation.
Ainsi, une destination pourrait connaitre une croissance des recettes de 2 % par an (l'inflation moyenne) sur une période de cinq ans et conclure à une progression de 10 % pour la période. Cette destination pourrait toutefois connaître une décroissance de sa demande qui serait ainsi camouflée par l'utilisation de cette unité de mesure.
NOTRE DÉFICIT DE CROISSANCE
Ceci étant, si le Québec avait été en mesure de mieux travailler ses marchés et avoir une performance moyenne par rapport aux autres destinations (rien de plus), notre performance des mois de juillet et août aurait pu se rapprocher des 2 M de chambres vendues mensuellement.
Ainsi, notre offre de destination (offre) ne serait pas en décroissance et notre taux d'occupation, comme destination, (demande) serait plus élevé de 5 ou 6 points.
Notre déficit de croissance annuelle est donc d'environ 3 M de touristes (essentiellement hors Québec).
Belle commande pour notre futur organisme de promotion touristique.
Collaboration spéciale, Éric Fournier
Les plus commentés