Les impacts de la crise pour les hôteliers montréalais par Eve Paré

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C’est avec une grande fierté que nous vous transmettons aujourd’hui cette première infolettre TourismExpress, Édition HÔTEL, propulsé par l’AHGM. L’AHGM c’est un tout, composé de ses membres, de ses partenaires et de l’équipe interne. Depuis près de deux ans maintenant que vous me lisez mensuellement dans le TourismExpress. Devant l’intérêt suscité par mes chroniques, j’ai eu envie de vous faire profiter de l’expertise de mes collègues.

Nous publierons cette infolettre sur une base mensuelle et, au fil des parutions, vous aurez l’occasion de découvrir notre équipe, nos collaborateurs et certains de nos partenaires. Le contenu vise évidemment les hôteliers, mais aussi tous ceux qui s’intéressent à notre belle industrie. Je vous invite d’ailleurs à communiquer avec nous pour nous partager vos commentaires et vos suggestions d’articles.

Ce projet mijotait depuis un bon moment déjà et nous nous sommes bien sûr questionnés à savoir si on devait reporter son lancement en raison de la pandémie. La réponse s’est imposée d’elle-même.

Sur ce, bonne lecture!


LES IMPACTS DE LA CRISE POUR LES HÔTELIERS MONTRÉALAIS

Il est difficile, voire impossible de ne pas parler de la situation actuelle engendrée par la COVID-19. L’hôtellerie a été un des premiers secteurs d’activités à être touché par les conséquences des mesures sanitaires mises en place et il sera possiblement parmi ceux qui seront affectés le plus longtemps. La situation est pour le moins préoccupante.

Au moment d’écrire ces lignes, près de la moitié des établissements ont suspendu leurs opérations jusqu’à nouvel ordre. Afin de limiter les pertes, ils ont procédé à la mise à pied temporaire de la quasi-totalité de leurs effectifs. Tout cela peut sembler surréaliste dans le contexte de la pénurie de main-d’œuvre qui prévalait il y a quelques semaines à peine.

Malgré ces importantes coupures, l’équation ne balance toujours pas. À court-terme, l’enjeu est celui de la liquidité. Dans un contexte où les établissements doivent continuer à assumer d’importants coûts fixes - qu’ils soient ouverts ou bien qu’ils aient suspendu leurs activités - et que les revenus ont littéralement disparu; les prochains mois seront pour le moins difficiles à traverser.

Certains pourraient être portés à croire qu’il s’agit pour l’essentiel d’entreprises étrangères qui possèdent les établissements hôteliers de la métropole. Or, la réalité est toute autre! On estime que trois établissements sur quatre sont de propriété québécoise.

Il ne s’agit pas ici d’entreprises qui faisaient face à des difficultés financières avant la crise. Soyons clairs, le parc hôtelier était en très bonne santé avant que la pandémie soit déclarée. D’importants investissements ont été réalisés au cours des cinq dernières années. Toutefois, ces organisations ne sont simplement pas conçues pour supporter l’absence de revenus pendant une aussi longue période. 

DES MESURES D’AIDE GÉNÉREUSES MAIS PEU ADAPTÉES 

Bien que les mesures annoncées par les différents paliers de gouvernement soient pour le moins imposantes, leur effet est malheureusement limité. D’une part, les reports de paiements et l’accès facilité au crédit n’ont pour véritable effet que de reporter le problème à plus tard, compromettant d’autant la capacité des entreprises à se relever au moment de la reprise. Quant à la subvention salariale, elle n’est pas, dans l’immédiat, d’une grande utilité dans la mesure ou les équipes ont déjà été mises à pied. Même le 25 % de la masse salariale constitue présentement un fardeau trop lourd à supporter.  

LES PROCHAINS MOIS 

La reprise sera très graduelle. On s’attend à ce que plusieurs mesures sanitaires et de distanciation physique demeurent en place, affectant nécessairement l’achalandage. On devra attendre plusieurs mois, voire des années, avant d’imaginer revoir des taux d’occupation qu’on a connu en 2019. On devra compter sur la clientèle locale pour assurer la relance. Avec quatre clients sur cinq qui venaient de l’extérieur de la province, la reprise s’annonce très progressive pour l’hôtellerie Montréalaise. Il sera alors plus que jamais nécessaire de se serrer les coudes.

LES MESURES PROPOSÉES POUR VENIR EN AIDE AU SECTEUR HÔTELIER

Les mesures proposées consistent essentiellement à aider la trésorerie des entreprises à court-terme pour permettre au plus grand nombre possible d’entreprises de traverser les prochains mois : 

  1. Soutenir financièrement les entreprises pour leur permettre d’assumer les coûts fixes (notamment les taxes foncières) jusqu’à ce que l’occupation atteigne un seuil suffisant;
  2. Prévoir des modalités de remboursement des divers prêts et reports de remises gouvernementales qui tiennent compte de la capacité de remboursement des entreprises;
  3. Procéder à des ajustements au programme de subvention salariale (décalage dans le temps et possible prolongation) afin de permettre au secteur hôtelier de pouvoir s’en servir au moment de la reprise des activités et permettre de rappeler progressivement les équipes;
  4. Assurer la flexibilité dans l’application des conventions collectives afin de permettre de la souplesse dans la gestion des effectifs.  

Ce sont des transformations profondes qui sont en train de se produire dans la société et le tourisme n’y échappe pas. Si personne n’est en mesure de dire de quoi l’avenir sera fait, il est quand même permis de demeurer optimistes. Le tourisme, et en particulier l’hôtellerie, a su démontrer plus d’une fois sa résilience face à l’adversité. Cette fois-ci ne fera pas exception.

Je terminerais avec une citation de Charles Darwin : « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements ».

Eve Paré
Présidente-directrice générale

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