ENTREVUE avec Vincent Aubry: Patrimoine religieux et tourisme, l'exemple de la région de Québec

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Comment se caractérise le patrimoine religieux de la région de Québec?

La région de Québec jouit d’un patrimoine religieux exceptionnel, tant en quantité qu’en qualité. L’inventaire des lieux de culte du Québec y répertorie une basilique, deux cathédrales dont une basilique-cathédrale, cent trente églises et vingt chapelles dont dix conventuelles. Quant au Répertoire du patrimoine culturel du Québec, il indique que la région de Québec possède le nombre record de trente-trois églises et chapelles classées immeubles patrimoniaux dont sept sont désignées lieux historiques nationaux du Canada.

Sur le plan historique, Québec est la première paroisse catholique en Amérique du Nord et la cité où fut construite la première cathédrale anglicane hors des îles britanniques. La Basilique-cathédrale catholique Notre-Dame de Québec, église primatiale du Canada, et la Cathédrale anglicane de la Sainte-Trinité s’élèvent au cœur du Vieux-Québec, arrondissement historique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Situé près de Québec, le Sanctuaire Sainte-Anne-de-Beaupré est le plus ancien lieu de pèlerinage catholique au nord de Mexico. C’est l’un des cinq sanctuaires nationaux du Canada. Notre-Dame de Québec et Sainte-Anne-de-Beaupré constituent deux forts pôles touristiques religieux pour notre région.

Qu’est-ce qui unit et qu’est-ce qui distingue ces deux sites?

Les deux sites sont d’une beauté exceptionnelle, ils incitent au recueillement. Ce sont deux hauts lieux de prière depuis plus de 350 ans. Ils ont joué un rôle déterminant dans l’identité du Québec et du Canada. Ils se ressemblent par leur offre, à la fois religieuse et culturelle, et par leur fréquentation qui était en moyenne de l’ordre de 800 000 visiteurs par an de 2015 à 2017.

En revanche, les deux sites se distinguent nettement par le profil de leurs visiteurs, par leur notoriété et leur attractivité. Ils se distinguent aussi par leur impact sur la fréquentation des autres attraits touristiques et l’économie de la région.

La Basilique-cathédrale catholique Notre-Dame de Québec

Parlez-nous de leurs visiteurs

Il y a plus de touristes et de visiteurs internationaux à Notre-Dame de Québec qu’à Sainte-Anne-de-Beaupré (74 % de touristes versus 39 % et 49 % de visiteurs en provenance de l’extérieur du Canada vs 17 %)[1]. La clientèle est plus jeune à Notre-Dame de Québec (48 % des visiteurs ont entre 16 et 44 ans vs 16 %). Elle est aussi plus active (16 % de retraités vs 46 %). Son niveau de scolarité est plus élevé (71 % universitaire vs 19 %). Sa diversité religieuse est plus grande (60 % catholique vs 93 %).

La notoriété de Sainte-Anne-de-Beaupré se révèle plus grande que celle de Notre-Dame de Québec (86 % des touristes et excursionnistes connaissaient le sanctuaire avant de le visiter ou en avaient entendu parler vs 52 %). Il en est de même pour l’attractivité (59 % des touristes et excursionnistes sont venus dans la région de Québec principalement pour le sanctuaire vs 5 %). Le Sanctuaire Sainte-Anne-de-Beaupré s’avère donc une destination en soi, alors que la visite de la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec se présente comme une activité réalisée parmi d’autres durant un séjour dans la région.

Parmi les raisons de visite, l’intérêt culturel et historique du site s’avère plus fort chez les touristes et excursionnistes de Notre-Dame de Québec que chez ceux de Sainte-Anne-de-Beaupré (73 % vs 46 %). Il en est de même pour admirer la beauté des lieux (39 % vs 18 %). En revanche, l’influence des motifs religieux (messe, bénédiction, pèlerinage, etc.) se révèle plus forte à Sainte-Anne-de-Beaupré (58 % vs 22 %). Il en est de même pour l’influence de la foi et des convictions religieuses (61 % surtout vs 21 %). Les visiteurs de Notre-Dame de Québec apparaissent donc majoritairement culturels tandis que ceux de Sainte-Anne-de-Beaupré apparaissent majoritairement religieux.

Quel est l’impact de ces deux sites sur la région de Québec?

Sur le plan touristique, les touristes et excursionnistes de Notre-Dame de Québec visitent plus d’attraits de la région que ceux de Sainte-Anne-de-Beaupré (91 % ont visité au moins un autre attrait vs 41 %). Ils visitent aussi plus d’attraits religieux (38 % ont visité au moins un autre attrait à connotation religieuse vs 12 %).

Sur le plan économique, si les visiteurs centrés[2] sont moins nombreux à Notre-Dame de Québec qu’à Sainte-Anne-de-Beaupré, en revanche, ils dépensent en moyenne deux fois plus (378 $ de dépenses moyennes par visiteur vs 171 $). Sur la seule période estivale 2017 (juin-septembre), les visiteurs centrés de Notre-Dame de Québec ont dépensé 23,3 M$ dans la région de Québec tandis que ceux de Sainte-Anne-de-Beaupré y ont dépensé 13,8 M$.

Sanctuaire Sainte-Anne-de-Beaupré

Votre approche de collaboration avec ces deux sites est-elle la même?

La région de Québec offre le parfait exemple d’un tourisme religieux qui est diversifié. Nous observons sur un même territoire la cohabitation de clientèles contrastées et d’usages multiples pour un même patrimoine. En tant qu’Association touristique régionale, l’un des rôles de l’Office du tourisme de Québec est d’identifier et de comprendre les profils et les comportements de voyage des visiteurs pour leur proposer une offre sur mesure.

Le renouvellement des clientèles des sanctuaires était un besoin et nous en avons fait un objectif. La qualité du produit nous autorise à nous positionner à l’international pour attirer de nouvelles clientèles. Ces sanctuaires disposent d’équipes dont l’expertise et la collaboration sont précieuses et essentielles à l’atteinte de cet objectif. Nous sommes attentifs à travailler avec eux dans le respect de l’identité et des pratiques de chacun. C’est une culture collective que nous développons progressivement, entre milieu religieux et industrie touristique. Ensemble, chacun selon sa mission, nous organisons et commercialisons l’offre selon les profils des visiteurs et les marchés porteurs, mais aussi selon les orientations des gestionnaires des deux sites. Ainsi, le Sanctuaire Sainte-Anne-de-Beaupré souhaite présentement se concentrer sur l’accueil des pèlerins tandis que la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec développe des projets dont certains ciblent la clientèle religieuse et d’autres, la clientèle culturelle.

Pourquoi avez-vous choisi de vous impliquer au sein de l’Association du tourisme religieux et spirituel du Québec?

Le Regroupement des sanctuaires nationaux du Québec, prédécesseur de l’ATRSQ, a fait la démonstration que l’union fait la force. La mutualisation des ressources de ces sanctuaires avec celles des ATR a porté ses fruits et généré des résultats notables, que ce soit en matière de fréquentation, d’augmentation des clientèles internationales, de couverture médiatique ou de pénétration du réseau de distribution. À titre d’exemple, entre 2013 et 2018, la fréquentation de la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec a augmenté de 56 %!

Nous avons, dans nos régions, des dépositaires du patrimoine et des animateurs du tourisme religieux et spirituel qui méritent toute notre attention. Ils constituent les forces vives du milieu et sont parfois porteurs de projets d’un grand intérêt. L’ATRSQ est là pour les soutenir dans leurs efforts de développement et de mise en marché, faciliter leur concertation et les représenter auprès des instances auxquelles l’industrie touristique est plus habituée. L’Office du tourisme de Québec est fier de contribuer à cet élan provincial.

Vincent Aubry (Office du tourisme de Québec) est le vice-président de l’Association du Tourisme Religieux et Spirituel du Québec


[1] Source: Tourisme religieux et spirituel. Mise à jour de l’étude de caractérisation des clientèles du tourisme religieux et spirituel du Québec, Léger, 2017.

[2] Définition de visiteurs centrés: touristes et excursionnistes dont la venue dans la région a été motivée principalement ou en partie par la visite du site/sanctuaire.


À propos

C’est en décembre 2018 que la fondation de l’Association du tourisme religieux et spirituel du Québec se concrétise officiellement, à la suite d’un intérêt grandissant des intervenants à joindre les rangs du Regroupement et grâce à la croissance des marchés dans le secteur du tourisme religieux ou spirituel. Comptant sur 9 membres originaux, l’Association a vu le nombre de membres accrédités augmenter rapidement, atteignant plus de 25 à la fin de 2018. Ce nombre demeure en continuelle croissance.

Vision

D’ici cinq ans, par ses actions structurantes, l’Association sera reconnue comme un partenaire incontournable du développement touristique, en contribuant à enrichir certaines des expériences de la destination. Pour ce faire, elle entend tisser des liens stratégiques avec des acteurs du milieu.

Être le leader du développement et du rayonnement du tourisme religieux et spirituel au Québec et contribuer à l’enrichissement des expériences et produits touristiques du Québec grâce à la richesse et à l’authenticité des offres en tourisme religieux et spirituel.

Mission

La mission de l’ATRSQ est de regrouper les acteurs du tourisme religieux et spirituel au Québec, les promouvoir, les représenter auprès de diverses instances et leur offrir une expertise, un forum d’échange et des services qui favorisent leur développement.

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