Une stratégie nationale du tourisme en devenir par Louis Rome

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Malgré la tempête de neige qui a assailli l’ensemble du Québec, mercredi dernier, plus d’une centaine d’invités ont bravé dame nature pour participer à une conférence de la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly. L’événement, organisé par la Chambre de commerce d’industrie de Québec (CCIQ), était sous le thème: Le tourisme – Faire tomber les barrières pour stimuler la croissance économique et la création d’emploi.

Dès le début de la conférence, M. Jacques Topping, président du CA de la CCIQ et plus tard, André Roy, directeur général de l’Office du Tourisme de Québec (OTQ) ont su donner le ton en créant un climat propice pour une conférence conviviale. La ministre Joly, manifestement à l’aise dans un tel contexte, a pu nous livrer sa réflexion sur l’élaboration de la nouvelle stratégie fédérale en matière de tourisme qui devrait être livrée d’ici le début de l’été.

LA DÉMARCHE

Entamée en novembre 2018, la tournée pancanadienne de la ministre va se poursuivre pour aller à la rencontre d’acteurs de l’industrie du tourisme d’un océan à l’autre, afin de recueillir leurs avis et leurs commentaires pour l’élaboration de la nouvelle stratégie canadienne du tourisme.

Dès le début de sa tournée, Mélanie Joly avait annoncé la création du Comité-conseil sur l’emploi et l’économie du tourisme qui a comme mandat de formuler des conseils et faire des recommandations à la ministre sur les pistes possibles pour accroître le tourisme et en rehausser la compétitivité. Le comité, composé de treize membres, est présidé par Frank McKenna, l'ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick. Le Québec est représenté sur le comité par Raymond Bachand, Liza Frulla et Claudine Roy.

La démarche de la ministre Joly repose aussi sur le rapport (décembre 2018) de la firme McKinsey & Company réalisé en collaboration avec Destination Canada: Exploiter le potentiel de l’économie touristique canadienne

De plus, plusieurs éléments de la stratégie annoncée par la ministre reprennent les mesures de la stratégie CAP sur la croissance (2017). Les défis de la commercialisation, avec le financement de Destination Canada, de l’accès et du développement du produit avec, entre autres, le tourisme autochtone, LGBTQ2, la gastronomie et la main-d’œuvre ont été mentionnés lors de l’allocution de la ministre à Québec: La vision du tourisme du Canada: une année de progrès

LES CONSTATS

Le rapport Exploiter le potentiel de l’économie touristique canadienne a identifié cinq grands défis que doit affronter le tourisme canadien :

  1. La concentration de la demande. Trois provinces (85% des visiteurs), la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec et leur grand centre urbain (74% des visiteurs), accueillent la grande majorité des visiteurs. Le Canada est aussi très dépendant des marchés de notre voisin du sud. Et enfin, la concentration saisonnière est aussi soulignée;
  2. La difficulté d’accès au pays, entre autres à cause des coûts élevés pour un touriste de venir au Canada et pour se déplacer à l’intérieur du pays;
  3. La pénurie de main-d’œuvre, qui d’ailleurs affecte la majorité des secteurs économiques;
  4. L’insuffisance des investissements dans le secteur de l’hébergement et en marketing, en comparaison avec la concurrence. La taille des entreprises, car plus de 90% sont des PME, est aussi soulignée pour expliquer la difficulté d’accéder à du capital.
  5. Une gouvernance non intégrée au Canada (leadership). Selon le rapport, «Plusieurs efforts ont été faits jusqu’à présent pour mettre en place une approche globale du tourisme pour l’ensemble du Canada. Cependant, comparativement aux stratégies de tourisme national d’autres pays, ces efforts n’ont pas été suffisamment intégrés ni maintenus sur une assez longue période pour avoir des retombées significatives».

 

«Mon cri du cœur, travailler ensemble 
pour valoriser le secteur du tourisme »

 

LES PRIORITÉS DE LA STRATÉGIE CANADIENNE

Les quatre piliers de la nouvelle stratégie sur lesquels repose, actuellement, la réflexion de la ministre sont :

  • Le tourisme hivernal: Comment s’assurer que le Canada soit reconnu comme destination hivernale.
  • Le tourisme gastronomique: Comment mettre de l’avant les producteurs locaux, les produits du terroir, etc. alors qu’actuellement seulement 8% des touristes au Canada sont attirés par la gastronomie canadienne, versus 30% dans le monde.
  • Le tourisme autochtone: Augmenter les efforts pour le développement des expériences autochtones en grande demande, entre autres, sur les marchés de la France, de l’Allemagne et de l’Asie.
  • Le tourisme LGBTQ2: L’approche de la ministre repose sur la réputation du Canada comme étant une destination sécuritaire qui fait la promotion de l’inclusion.

QUELQUES CHIFFRES

  • Le Québec connaît des augmentations, depuis 5 ans, de sa performance touristique. Alors que le Canada a reçu 21,3 millions de visiteurs en 2017, les prévisions pour l’année 2018 étant très optimistes.
  • Le tourisme au Canada représente 10% de toute la main-d’œuvre du pays, soit 1,8 million d’emplois. Avec de bons investissements, il y a possibilité de doubler les retombées économiques du secteur touristique (2% du PIB) d’ici 2030, ajoutant ainsi plus de 180 000 emplois.
  • Le Canada a reculé au 18e rang des pays les plus visités. La ministre explique cela, entre autres, par la coupure de 30% du budget de Destination Canada faite sous le gouvernement Harper, augmenté depuis l’arrivée des libéraux au pouvoir. La concurrence féroce des autres destinations, dont plusieurs ont développé une stratégie nationale du tourisme, est aussi mise en cause.

ICI ET LÀ

  • La ministre a abordé brièvement le projet du centre de prédédouanement américain à l’Aéroport international Jean-Lesage de Québec, en soulignant son importance et une meilleure qualité de l’expérience de voyage pour les voyageurs.
  • Mélanie Joly a mentionné la possibilité de mettre en place des grappes industrielles en tourisme. Toujours selon le même rapport, le professeur Michael Porter, de la Harvard Business School, définit une grappe industrielle, ou regroupement industriel, comme «une agglomération d’entreprises, de fournisseurs de biens et services et d’établissements connexes qui sont interreliés, œuvrent dans le même domaine et occupent la même région géographique». Les membres du regroupement travaillent ensemble pour se renforcer mutuellement, afin de créer un tout plus important que la somme de ses parties.

À LIRE

L’article de Karine Miron publié dans TourismExpress le 13 décembre 2018: Mélanie Joly, un plan de croissance ambitieux pour le tourisme au Canada.

Louis Rome

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