Les voyageurs d’affaires participent à la reprise, par Claudine Hébert
La demande pour les congrès et autres événements d’affaires est si intense que les calendriers de réservations de nombreux hôtels débordent au-delà des périodes régulières du printemps et de l’automne.
C’est ce que partage Gilber Paquette, directeur général de Tourisme d’Affaires Québec (TDAQ), en constante relation avec ses membres. « Que ce soit à Rivière-du-Loup, Victoriaville ou Gatineau, on observe un phénomène similaire. Les hôteliers qui accueillent des événements d’affaires, notamment du secteur associatif, sont débordés. Faute de place dans les établissements entre avril et juin 2023, des dizaines d’organisateurs acceptent même de déplacer leur événement en mars, et même en février prochain. Un phénomène rarement vu dans l’industrie du tourisme d’affaires », raconte le gestionnaire.
Au rythme où vont d’ailleurs les réservations pour l’année à venir, Gilber Paquette estime que le record de 3450 événements de 40 nuitées et plus recensés au Québec en 2019 pourrait être battu en 2023.
Il faut savoir que les rendez-vous annuels du secteur associatif correspondent, dans bien des cas, à plus de 50 % si ce n’est pas 60 % des revenus nécessaires au fonctionnement de ces organisations, soulève Gilber Paquette. Cette clientèle, tient-il à rappeler, compte pour plus de 35 % des recettes totales du tourisme d’affaires.
Le dirigeant de TDAQ signale que son organisation va, elle-même, tenir son événement biannuel automnal qui était prévu en novembre 2022… en février 2023, au Palais des congrès de Montréal. « Notre « bourse » devait avoir lieu à la mi-novembre, mais les organisateurs que nous avions conviés à l’événement nous ont demandé de reporter l’évènement, faute de temps disponible. Nous avons décidé de reporter notre rendez-vous dans un moment traditionnellement plus tranquille, soit en février. D’ailleurs, nous avons même eu de la difficulté à obtenir une date pour février! », explique le DG de TDAQ.
Une bonne année en vue à Québec
Ça bouge également à Québec, fait savoir Ann Cantin, directrice des communications et du marketing au Centre des congrès de Québec (CCQ). « La reprise est forte, même très forte », insiste celle qui occupe également le poste de directrice des communications et de la mise en marché pour Québec Destination affaires.
La demande pour les événements d’affaires laisse d’ailleurs présager un bilan de plus de 200 événements d’ici la fin de l’année fiscale du CCQ, prévue le 31 mars prochain. « Ce qui égalera la marque de l’année 2019-2020, juste avant que tout s’arrête pour cause de pandémie le 13 mars 2020 », signale la porte-parole du tourisme d’affaires de Québec.
Cette reprise permet aux hôteliers de la région de Québec de reprendre leur souffle. Selon les plus récentes statistiques, le mois de novembre s’est conclu par un taux d’occupation à 62 %. Il était de 66 % en 2019, fait-on savoir à Destination Québec cité. Bien qu’il soit trop tôt pour tirer des conclusions, ces résultats tendent à démontrer qu’il subsiste une forte corrélation entre eux et les activités du tourisme d’affaires en ville.
Une reprise à Montréal, mais…
Du côté de Montréal, le tourisme d’affaires reprend, mais il tarde à atteindre la vitesse de croisière de 2019, maintient Jean-Sébastien Boudreault, président-directeur général de l’Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM).
Il cite en exemple la COP 15 en décembre qui promettait le passage de plus de 12 000 délégués et 100 000 nuitées. « Cependant, il semble que le nombre de nuitées lié à l’événement se rapproche davantage à un peu plus de 20 000. On soupçonne, dit-il, que plusieurs de ces délégués aient favorisé la formule Airbnb pour se loger au centre-ville. »
Selon Bertil Fabre, directeur général du Centre Sheraton Montréal Hôtel, le tourisme d’affaires n’est pas encore tout à fait au rendez-vous. « Cette clientèle a repris 30 % des parts qu’elle détenait à pareille date en 2019. Ce sont, dit-il, principalement les grands groupes qui n’ont pu se réunir depuis deux ans. » L’hôtelier tient toutefois à signaler que son établissement répond actuellement à une clientèle congrès qui est en mode rattrapage. Ce qui sera encore le cas en 2023. « Il faudra donc redoubler d’ardeur pour les calendriers de 2024 et 2025 », estime-t-il.
Claudine Hébert, journaliste et collaboratrice
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