INTERNATIONAL TOURISME D'AFFAIRES: Congrès et salons : 54% ont été annulés, 41% reportés ou transformés
Atout France et le cabinet EY publient les résultats d'une enquête sur "l'impact de la crise Covid-19 sur les rencontres et évènements professionnels en France". Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Seuls 5% des événements programmés en 2020 ont été maintenus. Et la situation apparaît très incertaine pour 2021. L'activité devrait reprendre en premier lieu sur des événements locaux et nationaux. À long terme, le secteur devra sans doute se réinventer. En France, certaines villes en font évidemment plus particulièrement les frais. Tel est le cas de Cannes. Son maire, David Lisnard, témoigne.
Au sein d'une industrie touristique particulièrement mise à mal par la crise sanitaire, les congrès et salons – et plus largement toute l'activité événementielle – figurent sans aucun doute parmi les plus touchés. Confirmant cette situation, Atout France et le cabinet EY publient les résultats d'une enquête sur "l'impact de la crise Covid-19 sur les rencontres et évènements professionnels en France". Les résultats montrent à la fois l'ampleur du choc, les réactions des professionnels et des perspectives pour le moins incertaines pour 2021 et à plus long terme.
SEULS 5% DES ÉVÉNEMENTS PRÉVUS EN 2020 ONT ÉTÉ MAINTENUS
L'étude d'Atout France et d'EY, menée en août et septembre, se fonde sur l'interrogation de 104 professionnels de l'événementiel (agences, associations et entreprises commanditaires). L'impact de la crise se lit dans les chiffres. En 2020, 54% des événements programmés ont été purement et simplement annulés. À l'inverse, 41% ont été "adaptés" : 20% ont été reportés à une date ultérieure et 21% ont fait l'objet d'une transformation de format, le plus souvent en devenant une manifestation numérique. Au final, seuls 5% des événements programmés en 2020 ont été maintenus.
Le choc est d'autant plus violent que la France, et plus spécialement Paris, occupaient une place de choix dans les destinations de congrès et salons internationaux (qui représentent une part importante de l'activité événementielle, au moins en termes de chiffre d'affaires). Après avoir récupéré le premier rang mondial en 2018 (voir notre article du 24 mai 2019), Paris figurait à nouveau en tête du classement mondial 2019 établi en juin dernier par l'Icca (International Congress and Convention Association). La capitale occupait en effet la première marche du podium, avec 237 manifestations internationales (selon la définition de l'Icca), devant Lisbonne (190), Berlin (176), Barcelone (156), Madrid (154), Vienne (149) et Singapour (148). Pour sa part, la France occupait le troisième rang mondial avec 595 manifestations internationales, derrière les États-Unis (934) et l'Allemagne (714), repassant ainsi devant l'Espagne.
INCERTITUDES SUR 2021, MALGRÉ DES ATOUTS SOLIDES
Si 2020 sera une année blanche, la situation apparaît également incertaine pour 2021. Comme l'explique Atout France, "ces mesures qui restreignent l'activité du secteur ont amené ses acteurs à s'adapter et à réinventer leurs offres, mais le manque de visibilité à moyen et long termes plonge toute l'industrie dans l'incertitude face à l'avenir". Les opinions sur les perspectives de reprise divergent d'ailleurs selon la position des personnes interrogées. Ainsi, les entreprises commanditaires n'envisagent pas de réel redémarrage avant le second semestre 2021, voire plus tard pour les séminaires et salons. À l'inverse, les associations et les agences organisatrices misent plutôt sur un rebond au cours du premier trimestre 2021, notamment pour les séminaires, les lancements de produit et les opérations de Team Building.
Mais, dans tous les cas, "le manque de confiance et l'absence de visibilité sont cependant extrêmement marqués au sein des entreprises, dont près de la moitié n'a même pas souhaité ou pu se prononcer sur cette éventuelle reprise". En termes sectoriels, les secteurs épargnés, voire bénéficiaires de la crise sanitaire (pharmacie, technologies et biens de consommation), devraient être les premiers à vouloir organiser à nouveau des manifestations professionnelles.
Pour Atout France et EY, la reprise de l'activité événementielle devrait s'opérer en "cercles concentriques, en premier lieu sur des événements locaux et nationaux, mais les voisins de la France pourraient d'ici quelques mois redevenir des clients solides et prêts à faire confiance à la destination France".
UN MODÈLE ÉCONOMIQUE À RÉINVENTER
En effet, l'étude d'Atout France et d'EY intègre également trois pays de commanditaires potentiels: la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la Belgique. Il en ressort "que la France reste une destination de référence sur les trois marchés sondés et qu'elle peut tirer son épingle du jeu en se différenciant grâce à son positionnement central en Europe de l'Ouest, à un large choix d'offres, une culture recherchée et un territoire varié géographiquement". Mais il faudra pour cela remplir plusieurs conditions : adaptation des prestations et tarifs, mise en place et respect de protocoles sanitaires sécurisants, hybridation des événements avec une part significative donnée au digital, optimisation de l'empreinte environnementale...
Enfin, à moyen et long termes, Atout France et EY estiment que "cette enquête montre que l'industrie des rencontres professionnelles devrait être durablement impactée par la crise dans la conception même des événements (avec la part croissante du digital et de l'hybridation des formats), leur localisation (des espaces moins 'intensifs', moins lointains, à la campagne, voire en extérieur) et leur modèle économique, qui est à réinventer pour trouver de nouveaux équilibres".
Source: Banque des Territoires
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