11 choses à retenir des Prévisions hôtelières 2023-2024 de l’AHGM, par Sylvain Drouin

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Chaque année, l’AHGM rassemble ses membres durant un après-midi de conférences afin de les aider dans la préparation budgétaire pour la prochaine année. Il s’agit toujours d’un bon moment pour l’industrie de prendre un pas de recul afin de bien comprendre le contexte dans lequel on évolue, même si certaines vérités sont parfois plus difficiles à entendre.

Taux d’intérêt, récession, développement durable, programme de fidélité, expérience-employé sont tous des mots qui ont été prononcés à quelques reprises lors de la rencontre.

Ne souhaitant pas me prétendre journaliste, j’ai plutôt opté pour une liste de onze éléments qui m’ont frappé durant cette conférence présentée devant près de 200 personnes de l’industrie.

1) Le pire est derrière nous!

Même si les mots «COVID» et «pandémie» ont été prononcés à quelques reprises, on remarque que cela semble un mauvais et lointain souvenir pour l’industrie hôtelière. Généralement, la hausse du prix des chambres permet largement de compenser le petit retard au niveau de l’occupation.

2) Hypothèque ou séjour à l’hôtel?

Même si on ne le sent pas encore tout à fait, les gens font face à des choix difficiles au niveau de leur budget discrétionnaire. Avec la hausse des taux d’intérêt successives au cours des derniers mois, plusieurs ont été dans l’obligation de limiter leur budget vacances. Au fur et à la mesure que les gens vont renouveler leur hypothèque, il y aura de plus en plus de gens qui vont devoir renoncer à ces petites gâteries.

3) Les entreprises en mode économie

Les marchés groupes et corporatifs sont les plus lents à repartir. Avec l’instabilité liée à une possible récession, les entreprises doivent maintenant décider ce qui doit impérativement se passer en présentiel et ce qui peut demeurer en virtuel.

4) Il faut voir plus loin que les revenus de chambres

On parle souvent des revenus de chambres, mais beaucoup moins souvent des dépenses ou des autres sources de revenus. On aime se comparer sur les revenus, mais il faudra un jour un peu plus d’ouverture des hôteliers pour être aussi en mesure de se comparer sur la rentabilité globale et l’attribution efficace des ressources. C’est toute l’industrie qui y gagnera.

5) Pas de groupes de touristes chinois à l’horizon

Mentionné brièvement lors de la conférence, on apprend que le Canada ne fait pas partie de la liste des 138 pays autorisés pour les groupes de touristes chinois. Il faut reconnaître que plusieurs hôteliers sont bien heureux d’accueillir ce genre de groupes qui leur assure une base de revenus. Sans être alarmant, il faut tout de même suivre ce dossier avec intérêt.

6) Maintien des prix élevés, mais fin des hausses spectaculaires

Il n’y a pas eu de ventes de feu de nuitées dans les hôtels et cela a permis à l’industrie de se relever plus rapidement après des années difficiles. Néanmoins, le contexte économique laisse présager une hausse minime des tarifs en 2024. Cela ne reculera pas, mais il ne faut pas imaginer pouvoir continuer à augmenter les prix comme ce fût le cas dans les deux dernières années.

7) La fidélité se développe aussi chez les OTAs

Même si on rêve tous un peu secrètement que tous nos clients passent par notre site Internet pour réserver, on constate que les OTAs continuent de séduire la clientèle et de leur simplifier la vie. Plus simple, plus généreux, plus intéressant, leurs programmes de fidélité deviennent très intéressants pour les voyageurs réguliers, mais infidèles à une bannière en particulier. Il faudra user d’imagination et de détermination pour conserver notre juste part des réservations.

8) Créer de la valeur pour mieux faire passer la hausse des prix

Les clients ne souhaitent pas nécessairement le meilleur prix et il semble important de se mettre à la planche à dessins pour repenser comment offrir plus aux clients. Flexibilité de réservation et d’annulation, création de forfaits à véritable valeur ajoutée et ajouts d’éléments gratuits lors d’une réservation vont permettre de séduire certains clients plus tournés vers l’expérience dans sa globalité.

9) Les employés ont (encore) le choix

Pour attirer et retenir les employés, il faut s’intéresser à ceux-ci. Cela passe par le fait de comprendre qui ils sont, ce qu’ils aiment, ce qu’ils souhaitent et comment on peut les aider. L’incohérence entre les valeurs prônées et les manières de gérer sont rapidement détectées par les employés qui ne sont pas prêts à piler sur leurs propres valeurs pour avancer dans leur carrière. Se montrer imparfait peut parfois être la plus belle arme de séduction.

10) Les gestionnaires ont aussi besoin de support

Sans avoir été dit explicitement, on comprend que les gestionnaires ne doivent pas être abandonnés par leurs supérieurs ou leurs propriétaires. La fatigue de la pandémie est toujours bien présente pour certaines personnes et les défis ne manqueront pas dans les prochains mois. Le coaching, la formation, la conciliation travail-famille et leur donner du temps pour être avec leur équipe et non toujours derrière un fichier Excel sont quelques-uns des moyens présentés pour offrir le support à ceux-ci.

11) Le développement durable et inclusion à toutes les sauces!

On ne manque pas de nous présenter des statistiques exceptionnelles portant sur de nouveaux critères de sélection. Lors de la conférence, on a notamment dit que 90% des clients avaient comme considération le développement durable dans leur processus d’achat alors que plus du 2/3 des clients optaient pour l’inclusion, même si cela pouvait leur coûter plus cher. Bien que très louable en soi, je dois avouer que j’ai rencontré personnellement très peu de ces gens qui semblent pourtant représenter la très grande majorité. Soit les sondages sont gonflés, soit j’ai un sérieux besoin de revoir avec qui je me tiens. :)

 

Sylvain Drouin
Consultant indépendant en hôtellerie


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