TREQ - Qu’attend l’industrie du tourisme pour appuyer cette coopérative?, par Jean-Michel Perron
L’appareil Q400 développé par Bombardier
Le tourisme dans l’est et le nord du Québec n’a jamais atteint son plein potentiel, principalement à cause des prix prohibitifs (je paie régulièrement un Montréal/Basse-Côte-Nord 2100$), des horaires inadaptés au tourisme et la faible capacité des appareils. Dans la réalité, le tourisme en régions éloignées, c’est soit du tourisme d’affaires ou médical avec les employeurs et les gouvernements qui paient les billets d’avion, soit uniquement du tourisme par automobile qui exige du temps de déplacement là où il y a des routes, ou carrément une absence de voyageurs d’agrément lorsqu’il n’y a pas de route.
«Les Québécois paient, en moyenne, 180% plus cher que les Ontariens pour les vols intérieurs… au-delà du prix des billets, la qualité du service de transport aérien régional présente d’importantes lacunes au Québec.» – Robert Laplante, directeur général de l’IREC (Institut de recherche en économie contemporaine.
Depuis un an et demi, le gouvernement du Québec (« le plan Bonnardel »), du nom du ministre des Transports) tarde à déposer sa stratégie pour résoudre ce handicap historique. Depuis des années le gouvernement subventionne des transporteurs régionaux afin de garantir les vols, mais dans la réalité ce ne sont que les actionnaires de ces compagnies qui en bénéficient, et non pas les communautés locales ou les touristes d’agrément.
Or, il y a sur la table une solution : la coopérative Treq, initiée par deux personnes actives en tourisme depuis des années (Serge Larivière, aéroport de Tremblant et Éric Larouche, hôtelier de Saguenay) et supportée déjà par des milliers de membres. Leur position est simple, claire et logique:
- Utilisons de plus gros appareils afin de diminuer les coûts par siège (des Q400 de 78 pax). On envisage alors un billet d’avion Sept-Îles–Montréal ou Gaspé–Montréal à 350$ a/r, par exemple.
- Que le gouvernement du Québec cesse de subventionner les compagnies aériennes, car ça ne règle en rien les enjeux d’accessibilité de nos régions.
- Que le gouvernement fixe un prix plancher du coût des billets aériens régionaux afin d’empêcher Air Canada de vouloir déstabiliser l’arrivée de Treq par une guerre de prix, comme observé par le passé.
Treq ne demande aucune subvention à Québec. Uniquement un prêt de 4 M$ et de laisser libre la concurrence. « Des choses ne tiennent pas la route », soulignait la semaine dernière Pierre Fitzgibbon, le ministre de l’Économie, en référence au plan d’affaires de Treq. Possible, mais dites en quoi précisément, M. le ministre, au lieu de simplement miner la crédibilité du projet et c’est à nous tous, touristes, entrepreneurs, communautés et gouvernements de perfectionner ce modèle coopératif appuyé déjà par le gouvernement fédéral, la CSN et plusieurs maires des régions. Tenez compte svp de toutes les parties prenantes impactées par le transport régional.
« Il est temps de se libérer du syndrome de Québecair, nous sommes en 2022! », me mentionnait le président du CA de Treq, Éric Larouche. Il faisait référence à la prise en charge, dans les années 70-80, par des intérêts québécois, du transport régional, mais qui a dû cesser ses opérations avec un déficit accumulé de 80 M$.
La différence majeure aujourd’hui, avec Treq, c’est la force et la résilience d’une coopérative qui s’inscrit parfaitement dans un développement durable et structurant pour les régions.
Nous tous impliqués dans le tourisme québécois devons prendre position, faire connaître les enjeux et les solutions pour les régions du Québec, et lors de l’arrivée de Treq, supporter par nos entreprises et nos clientèles le remplissage des Q400.
Jean-Michel Perron
Bénévole à Tourisme durable Québec
Conseiller chez PAR Conseils
Blogueur sur Tourte Voyageuse
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