Transport collectif et aménagement territorial pour un tourisme responsable
Il y a de grands défis pour les communautés à mettre en place une politique de mobilité durable dans des temps aussi incertains qu’aujourd’hui. Les exigences environnementales sont évidentes et reconnues, mais aussi les réalités économiques et géographiques des communautés, des entreprises et des travailleurs… Nous sommes désormais en situation d’ambiguïté perpétuelle. Rien de facile pour personne.
Pour cela, tous les acteurs, touristiques ou non, doivent travailler ensemble et se solidariser pour mettre en place des actions durables et sociétales.
Voici quelques exemples et actions déjà en marche par différents acteurs qui nous confirment le rôle d’importance de l’industrie touristique pour les communautés pour les années à venir.
Le réseau mondial UNESCO des villes apprenantes est un réseau international axé sur les politiques, fournissant inspiration, savoir-faire et bonnes pratiques.[1] Ce réseau se veut un lieu de partage d’idées entre villes pour trouver des solutions à des enjeux communs. Il s’appuie sur la réalisation des 17 objectifs de développement durable dont l’objectif 11 «villes et communautés durables» propose de privilégier le vélo, la marche ou les transports en commun.
«Les villes et les zones métropolitaines sont des pôles de la croissance économique contribuant à 60% du produit intérieur brut mondial, mais aussi elles représentent près de 70% des émissions de carbone dans le monde…». En 2022, la Ville de Québec a témoigné sa volonté d’évoluer en cohérence avec le modèle des villes apprenantes et s’est dotée d’une vision de mobilité durable 2023-2027.[2] On y parle de déplacements actifs, d’offres qui mettent le citoyen au cœur d’un écosystème de mobilité intelligent et flexible.
Depuis 2015, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) insiste sur le fait que le tourisme a le potentiel de contribuer, directement ou indirectement, à la totalité des 17 objectifs de développement durable.[3]
Par exemple, le tourisme favorise la croissance économique, peut accroître la productivité agricole (juste à penser à tous les développements autour de l’agrotourisme) et a le potentiel d’améliorer l’infrastructure urbaine et l’accessibilité universelle. De par son caractère intersectoriel, le tourisme a ainsi la capacité de renforcer les partenariats public/privé et de mobiliser de multiples parties prenantes dans la réalisation d’objectifs de mobilité durable.
La France et ses régions et villes s’investissent beaucoup à mettre à profit l’industrie touristique afin de favoriser le plan de développement durable des régions. Plusieurs désirent devenir un territoire exemplaire en matière d’initiatives et d’actions durables et le tourisme en fait partie.[4]
Par exemple, après les TGV et les RER de Paris, maintenant la France se dote de RER en région.[5] C’est ainsi que dix métropoles françaises devraient voir ce projet se réaliser. L’objectif est de faciliter les déplacements des habitants mais aussi des visiteurs.
C’est maintenant une réalité pour la ville de Strasbourg, avec 670 départs ou arrivées par jour! Ce qui est très intéressant est l’engagement politique qui impose d’agir collectivement afin de décarboniser les mobilités et tout ceci fait partie d’un plan plus global, le Réseau Express Métropolitain Européen (REME) qui inclut un réseau multimodal transfrontalier, combinant le chemin de fer et les routes.
Du côté des transporteurs, l’émergence et la croissance des autobus de luxe aux États-Unis se dessine. [6] Trois compagnies sont déjà en opérations avec leurs autocars munis de plus d’espaces, de suites privées, de lits, de service de repas, etc. Ce nouveau moyen de transport «autobus de luxe» désire concurrencer les compagnies aériennes et la voiture en offrant plus de services et avec une empreinte écologique plus faible.
Les trois compagnies sont :
- Red Coach, déjà bien implanté en Floride et au Texas
- Napaway Coach, nouvelle compagnie qui a débuté à l’été 2022 avec des autobus équipés de 18 suites privées sur la route entre Washington et Nashville
- The Jet, compagnie qui a débuté en début d’année 2021 pour desservir la ligne entre New York et Washington
Par ailleurs, les voyagistes du Québec et d’ailleurs sont des acteurs de premier plan du voyage qui s’impliquent dans le «voyage régénérateur», type de tourisme pensé pour apporter une valeur positive aux destinations sur les aspects socioculturels, économiques et environnementaux.
Par exemple, pour les voyages qui nécessitent de prendre l’avion, Karavaniers propose des itinéraires d’au moins deux semaines. «Nous sacrifions la compétitivité tarifaire au profit d’actions concrètes pour minimiser notre impact environnemental.»
Travelife et l’ARF-Québec uniront leurs forces pour appuyer le virage en tourisme durable des réceptifs/voyagistes du Québec.[7] Une tendance internationale de se doter d’une norme pour offrir des forfaits durables qui aura sûrement une incidence pour favoriser la mobilité durable.
Conclusion
La mobilité durable est au coeur de beaucoup d’initiatives mondiales, régionales et locales. Ce n’est pas juste une question touristique, mais une question sociétale où le tourisme devient un allié économique pour avoir le courage de prendre les décisions qui s’imposent. Les réseaux internationaux, les pays, les régions, les villes, les communautés, les agences de voyages, les hôtels et tous les différents acteurs du tourisme se mobilisent et emboîtent le pas à des vitesses différentes.
En fait, la coopération public/privé, les nouvelles technologies qui aident la connectivité et les nouvelles formes de transport doivent nous aider à passer à l’intermodalité et la rendre plus facile et accessible.
Comme le dit ce dicton tibétain : « Le monde n'a pas besoin des hommes, c'est pour cela qu'il faut être léger sur lui. » Et la mobilité est une façon de nous alléger…
Marie-Josée Blanchet
Collaboration spéciale
[2] https://www.ville.quebec.qc.ca/apropos/espace-presse/actualites/actualites_arrondissements/fiche_arrondissements.aspx?id=23386
[4] https://hospitality-on.com/fr/rse/tourisme-durable-entre-exigences-environnementales-et-realites-economiques
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