Transport aérien : vers une reprise presque complète
L’analyse des statistiques du transport aérien, depuis la décennie 1970 et jusqu’à 2019, permet de constater l’impressionnante croissance du secteur, qui est passé de moins de 500 millions de personnes transportées en 1970 à plus de 4,4 milliards de passagers transportés en 2019, selon les données de l’Organisation aviation civile internationale (OACI). Cela dit, l’arrivée de la pandémie de COVID-19 a freiné de façon brutale cette croissance et le trafic de passagers a chuté de 75% en 2020.
En pleine crise sanitaire, plusieurs experts du domaine estimaient que le secteur ne serait pas de retour à son niveau de 2019 avant 2025, voire 2026, mais les statistiques de 2022 ont démontré que la reprise du secteur était plus rapide que prévu. Même si l’Association du transport aérien international (IATA), qui regroupe la majorité des compagnies aériennes, a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2022, plusieurs compagnies aériennes ont renoué avec les bénéfices comme c’est le cas d’Air Canada, qui a annoncé en octobre 2022 avoir enregistré sa première marge d’exploitation trimestrielle depuis le début de la pandémie.
Pour expliquer cette reprise plus rapide du transport aérien, plusieurs observateurs soulignent la volonté des touristes de rattraper les voyages non réalisés pendant les deux ans de la pandémie – phénomène qualifié de Revenge Travel – et les prix très accessibles proposés par les compagnies aériennes à la sortie de la pandémie pour stimuler la demande.
2023 sera l’année de la reprise… presque complète
Les niveaux élevés de l’inflation, le risque d’une récession économique et les contraintes sanitaires encore en place sur le marché chinois constituent l’essentiel des nuages qui brouillent la trajectoire d’une reprise complète du secteur de l’aviation. Malgré cela, les résultats d’un sondage administré par l’IATA auprès des voyageurs de 11 marchés, et rapporté par le site de nouvelles spécialisées en aviation paxedition.com, indiquent que 57% des voyageurs n’ont pas l’intention de modifier leurs habitudes de voyage pour 2023 même s’ils sont nombreux (85%) à être préoccupés par la situation économique.
Dans une autre étude du site Skyscanner sur les habitudes de voyages pour 2023, 46% des personnes interviewées planifient toujours les mêmes vacances pour 2023 et 41% pensent voyager même plus malgré les incertitudes économiques. Cet engouement des voyageurs est certainement une bonne nouvelle pour les compagnies aériennes, ainsi que pour l’ensemble des acteurs touristiques, néanmoins, il faut rester vigilant face à l’augmentation des prix des billets d’avion. Dans son rapport prévisionnel des tendances de 2023, American Express souligne que les compagnies aériennes devraient augmenter leur prix de plus ou moins 11% au cours de cette année, ce qui pourra affecter probablement la décision de voyage des segments les plus sensibles au prix.
La question de la durabilité entre espoirs et défis
Une étude réalisée par le cabinet McKinsey auprès de 5500 voyageurs de 13 marchés et portant sur la problématique de la durabilité dans le transport aérien permet de croire que la pandémie a été un point tournant dans la perception des voyageurs quant à la contribution du transport aérien dans la crise des changements climatiques.
En fait, les résultats de l’enquête de McKinsey démontrent que la part des répondants qui classent les émissions de CO2 au premier rang de leurs préoccupations a augmenté de neuf points de pourcentage pour atteindre 34%. Il faut noter aussi que 30% des personnes interrogées ont payé pour compenser leurs émissions de CO2 liées à leurs voyages en avion.
La prise de conscience de la contribution du voyage en avion à l’accélération des changements climatiques n’est pas une nouvelle tendance. Dès 2018, un mouvement a même vu le jour sur les réseaux sociaux (#flygskam), d’abord en Suède et par la suite à travers le monde, et dont l’objectif était une certaine remise en question du transport aérien, mais qui s’est essoufflé avec la crise sanitaire. Cependant, la forte reprise du trafic aérien en 2022 et en 2023 devrait ramener la question de la durabilité à l’ordre du jour, même si pour le moment le prix et la qualité des connexions (liaison directe, horaire, aéroport…etc.) demeurent les critères les plus importants pour les voyageurs au déterminent de la durabilité.
Mohamed Reda Khomsi
Collaboration spéciale
Pour aller plus loin :
- McKinsey & Compagny : Opportunities for industry leaders as new travers take to to the skies
- Skyscanner : Travel trends 2023 : The year of price-driver decisions
- American Express : 2023 global meeting and events forecast
- OACI : le taux de reprise du trafic aérien se rapproche rapidement des niveaux prépandémiques
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