Pénurie de main-d'oeuvre : et si la restauration était en fait un domaine d'avenir? (août 2019)
À Québec, la pénurie de main-d’œuvre préoccupe et touche plus particulièrement le milieu de la restauration. En fait, la situation est telle que certains bistros se voient forcés de fermer (pensons au Brigantin) ou de restreindre leurs horaires, même si les recettes gourmandes et financières sont incontestablement au rendez-vous. Mais qu’en est-il vraiment pour les travailleurs, celles et ceux qui mettent la main à la pâte pour faire rouler l’entreprise?
C’est surtout aux salariés, aux serveurs comme aux cuisiniers, qu’on avait envie de tendre le micro. Quand un média aborde la question de la pénurie de main-d’œuvre en restauration, c’est surtout à partir de l’angle entrepreneurial: défis liés à l’embauche, taux de rétention des employés, ce genre de choses. Récemment, d’ailleurs, le Montréalais Nicolas Delrieu s’est prêté au jeu de la lettre ouverte dans nos pages en dénonçant les no-shows, un terme généralement utilisé pour désigner les réservations de clients qui ne se présentent pas, au sein même de sa brigade. On l’entend beaucoup: les employés, aujourd’hui, n’auraient que faire de la loyauté.
Vraiment? En tout cas, cette croyance-là ne pourrait pas moins s’appliquer à Agata Krasuska, responsable de cuisine au Billig depuis maintenant 13 ans. Sa collègue Oderra Ndorere, au service quant à elle, n’est pas en reste. Elle célèbre son deuxième été au sein du resto breton de la rue Saint-Jean. «J’ai fait cinq ans au Société Cigare et puis j’ai changé de domaine, j’ai travaillé chez Desjardins. Après ça, je suis retournée en restauration.»
Mais chez Desjardins, pourtant, c’est réputé pour être de bons emplois, non?
«Vraiment. C’est de bonnes conditions, tu as des assurances collectives, un fonds de pension, un REER… Mais non, moi, ça me manquait, justement, le contact humain, de voir du monde et d’avoir du fun, de rire avec nos clients. […] Ici, ma boss est tellement conciliante pour me donner des congés. C’est tellement plus relax, l’horaire est plus flexible. Je ne peux pas parler pour toutes les serveuses de Québec, mais ici, on est vraiment bien traités.»
Au bas du cap Diamant, dans le quartier Saint-Roch, on est allé à la rencontre de Josée Landry Sirois, une artiste visuelle qui partage son temps entre l’atelier et les fourneaux. Active dans le domaine de la restauration depuis plus d’une décennie, la serveuse devenue cuisinière pétrit la pâte à pizza napolitaine Chez Nina. Elle est entrée en poste il y a un an. «Moi, j’ai choisi de travailler en restauration. Je suis une artiste, t’sais. J’ai toujours sélectionné les endroits où je travaillais. C’est par plaisir. Quand j’ai choisi de travailler au Hosaka-Ya Ramen, c’était par intérêt pour la culture japonaise, pour ma brigade parce que, pour moi, c’est à peu près comme le même rapport que de partager un atelier avec d’autres artistes. Je pense qu’il faut vraiment être fou pour être artiste, comme je pense qu’il faut vraiment être fou pour travailler en restauration! Je vois beaucoup de corrélations, de similitudes dans l’entièreté des gens en restauration et des artistes. C’est des gens de passions, c’est des gens qui veulent offrir du beau, rendre les autres heureux.»
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