Le réchauffement climatique par le tourisme : majoritairement le transport!, par Jean-Michel Perron

Transports, Tourisme durable · · Commenter

Les avions contribuent à 3% des GES de la planète, mais 12% des GES du transport en général. Les transports représentent autour de 77% des GES en tourisme[1] dont 41% pour l’aérien[2]. En comparaison, le secteur de l’hébergement représente autour de 6% des GES en tourisme, tout comme pour la restauration.

L’Airbus A-380 en test bientôt avec un 5e moteur à hydrogène que l’on voit sur le fuselage arrière. Mais les avions à hydrogène ne seront généralisés qu’en 2035.

Ainsi, plus tu voyages loin et par avion, plus tu contribues à réchauffer le climat. Par nuitée, si tu voyages hors Québec comparativement à un voyage ici au Québec, ton empreinte carbone sera 5 fois plus élevée. Un constat simple qui doit guider les destinations dans leurs choix des marchés touristiques à solliciter comme l’a fait la Norvège, qui invite prioritairement les marchés offrant un ratio GES/dépenses intéressant ("high yield – low impact").

Les nouveaux avions fabriqués cette année – tout comme pour les navires de croisières très polluants – ont beau être énergétiquement plus performants, ça ne suffit pas et ils voleront durant les 20 à 30 prochaines années. Les émissions absolues de GES des transporteurs aériens canadiens ont augmenté de 53,2% entre 2012 et 2020. Cette hausse est nettement supérieure à l’amélioration de l’efficacité du carburant du secteur aérien entre 2008 et 2020, qui a été seulement de 2% par année. La seule solution est de diminuer les vols. Pour le Québec touristique, le tourisme de «proximité» (Québec, Canada, États-Unis), idéalement par automobile ou encore mieux par autocar ou train, est la solution vraiment durable à court terme.

Que faire avant l’adoption massive de l’hydrogène, qui ne viendra pas avant 2035 selon Airbus, car nous n’avons pas 13 ans pour réagir, selon tous les scientifiques de la planète?

  • Voler moins.
  • Vols directs même si plus dispendieux.
  • Vols de jour (condensation forte la nuit, contribuant aux trainées qui retiennent la chaleur).
  • Voyager en classe économie (classe affaires 4 fois + de GES, 1re classe : 6 fois +).
  • Éviter les vols courts du type Québec-Montréal ou Montréal-Toronto, comme la France l’applique, interdisant les vols en deçà de ce qui peut se faire en 2h30 par train à l’intérieur de la France (La phase de décollage représente en moyenne 30% de la consommation de kérosène totale d’un vol. Ainsi, plus c’est court, plus l’empreinte carbone par passager est élevée par kilomètre parcouru).
  • Systématiquement, compenser vos GES au moment de l’achat de votre billet.
  • Participer prioritairement à des réunions d’affaires, colloques ou congrès en mode virtuel.
  • Utiliser les appareils qui vont utiliser les biocarburants de seconde génération[3] (non produit à base de produits de l’agriculture classique) bien avant l’arrivée de l’hydrogène. L’hydrogène est la solution définitive car la production du biocarburant sera limitée et les avions électriques ne seront utiles que pour les petits appareils sur courtes distances.
  • Supporter une future réglementation sur la compensation obligatoire du carbone par l’industrie aérienne.

Ah oui, sur l’intra-Québec, les drones électriques 4 passagers (120 km/heure sur 100 km) avec ou sans pilote arrivent d’ici à 2 ans… Faut juste avoir confiance aux fils de batteries! Sur la photo, le drone d’Airbus photographié le 21 septembre dernier. Belle alternative pour certains types de déplacements urbains…

Jean-Michel Perron
Bénévole à Tourisme durable Québec
Conseiller chez PAR Conseils 
Blogueur sur Tourte Voyageuse


[1] 77% en France; 75% en Norvège. Le Québec n’a pas de données sur les GES en tourisme.

[2] Bilan des émissions de gaz à effet de serre du secteur du tourisme en France, ADEME, 2019.

[3] Les biocarburants sortent déjà des raffineries. Ils sont produits à partir de matières organiques, plantes, déchets, résidus… Leur avantage principal est qu’ils sont mélangeables avec le kérosène actuel et utilisables sur les moteurs classiques. La limite du mélange est de 50%, mais les constructeurs de moteurs pourraient bientôt sortir des engins utilisant 100% de biocarburant. Mais les biocarburants sont entre quatre et huit fois plus chers et représentent donc moins de 0,1% des usages.