De « coureur des bois » à DG d’une ATS, Carl-Éric Guertin, par Louis Rome

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J’ai eu mon entretien avec Carl-Éric il y a trois semaines, mais TourismExpress a décidé de retarder sa publication pour deux bonnes raisons, le colloque Tourisme et patrimoine immatériel : tisser des liens durables (12 et 13 févr.) et le 11e anniversaire de Carl-Éric à la tête de la Société du réseau Économusée® (SRÉ).

Le 25 février 2013, Carl-Éric est passé de « coureur des bois » à DG de la SRÉ.

Dès le début de notre entretien, mon canevas d’entrevue pour tracer son parcours professionnel s’est retrouvé au fond de la poubelle alors qu’il m’expliquait qu’il avait fait son bac et sa maîtrise… en génie forestier.

LR – Carl-Éric, tu m’as surpris avec ta formation universitaire; explication?

« Je suis né à Montréal, mais dès mon jeune âge, nous avons déménagé à Cap-Rouge, ce qui fait qu’encore aujourd’hui je me considère comme un gars de Québec. De là, j’ai décidé de faire mes études universitaires à l’Université Laval en génie forestier, avec à la clé une maîtrise en économie et politique forestière. » 

LR – D’ingénieur forestier à DG d’une association touristique sectorielle (ATS) il y a quand même une bonne marche. Quel est le rapport entre les deux industries?

CÉG – « Il y a en a plusieurs, dont les enjeux du développement durable, mais avant toute chose, dans les deux cas il s’agit d’une industrie qui permet d’occuper de larges pans du territoire québécois, et même encore plus dans le cas du tourisme. »

D’ailleurs, pour lui, « on ne parle pas assez souvent dans notre discours de l’industrie, des notions de développement régional, d’occupation du territoire et de la contribution aux collectivités ».

Il ajoute que le pas entre le secteur du bois et le secteur touristique est évident pour lui « si on ajoute l’important enjeu qu’est le développement d’un tourisme responsable et durable, la marche n’est pas aussi grosse que cela apparaît à première vue. »

LR – Quelles sont les expériences dans tes emplois du secteur du bois qui t’ont le plus préparé pour ton poste actuel?

CÉG – « Dès 1997-98, j’ai commencé à être en contact avec l’industrie touristique en travaillant pendant un an en Gaspésie comme coordonnateur de la table de concertation HABITAFOR sur un projet qui s’appelait à l’époque la Forêt habitée. C’est là que j’ai commencé à côtoyer certains acteurs touristiques comme l’ATR, des pourvoiries, des clubs de motoneigistes, etc. »

Il a ensuite développé son expertise alors qu’il travaillait au Bureau de promotion des produits du bois du Québec (QWEB) (2009-2013). Il m’explique que « le QWEB est un peu l’équivalent de l’Alliance de l’industrie touristique, mais pour les produits du bois; il s’agit d’une association d’exportateurs avec des mandats gouvernementaux et la contribution de l’industrie pour promouvoir l’utilisation des produits du bois sur les marchés outre-mer et des Amériques. »

C’est là qu’il a acquis une solide expérience en développement des affaires, en commercialisation internationale, le tout avec des notions environnementales, d’aménagement durable et de responsabilité sociale. Il a aussi travaillé en étroite collaboration avec les partenaires en région comme les CRÉ, les CLD, des acteurs du récréotouristique, etc. D’ailleurs, à cette époque la SÉPAQ s’était même engagée à construire ses installations en bois.

Le 26 septembre dernier, la SRÉ a remporté le prix Tourisme responsable et durable – Réseau, dans le cadre des Prix excellence tourisme. Sur la photo: Isabelle Baillargeon, vice-présidente à Hearts & Science; Cindy Vaillancourt, directrice des services aux membres, des communications et du marketing de la SRÉ; Carl-Éric Guertin, directeur général de la SRÉ et Mélanie Dassylva, chargée de projet à la SRÉ. Crédit: Sophie Grenier

LR – Tu n’as jamais oublié ta première journée de bureau; pourquoi?

CÉG – « Le 25 février 2013, j’arrive au bureau et mon ordinateur est déjà ouvert avec un courriel d’un membre qui était en retard dans le paiement de sa cotisation et qui désirait payer celle-ci en œuvre d’art! Le deuxième courriel portait sur le retard dans le financement d’environ 200 000$/année du ministère de la Culture, mon unique bailleur de fonds à l’époque, alors que l’année financière finissait dans quelques semaines (31 mars). Et enfin, la secrétaire de l’organisation m’annonçait qu’elle désirait prendre sa retraite d’ici la fin de cette fameuse année financière, d’où un p’tit moment de panique de ma part. »

LR – Tout un début de mandat! Quelles étaient tes priorités à l’époque?

CÉG – « On a pu s’appuyer sur les solides fondations de l’organisation pour rebâtir la SRÉ. »

C’est à ce moment que Carl-Éric a incité pour que j’écrive en gras que « sans le dévouement sans borne de tous les membres de son équipe depuis les 11 dernières années, la Société du réseau Économusée® n’aurait pas l’envergure et la réputation d’excellence d’aujourd’hui ». L’équipe est passée de 3 à 12 employé(e)s permanent(e)s et contractuel(le)s, ce qui reflète l’importance et la qualité des services offerts aux membres. De plus, passer d’un déficit structurel en 2013 à un chiffre d’affaires de 1,5 million en 2024 demande sans aucun doute des efforts de tous, des membres de l’équipe à ceux du CA, des partenaires et de l’ensemble des membres de la SRÉ. Il profite de l’occasion pour souligner que son CA compte 11 membres, majoritairement des femmes, avec une représentation québécoise et internationale.

LR – Quelle est l’origine la Société du réseau Économusée®?

CÉG – « C’est Cyril Simard, le gestionnaire de la Papeterie Saint-Gilles, dans Charlevoix,  qui, en 1988-89, a créé le concept d’économusée et la papeterie a été en quelque sorte son laboratoire. »

En 1992, l’organisation internationale à but non lucratif qu’est la Société du réseau ÉCONOMUSÉE® fut fondée pour soutenir les artisans du Québec. Elle est aujourd’hui présente en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, en Atlantique, dans les Caraïbes, en Haïti, en Irlande, en Irlande du Nord, en Suède, en Norvège, en Islande, aux Îles Féroé et au Groenland.

LR – Comment sont les relations entre la SRÉ et ses membres?

CÉG – « Avant, c’est la SRÉ qui débarquait chez l’artisan en offrant de mettre en place un économusée. Maintenant, ce sont les entreprises qui nous appellent, car elles recherchent notre expertise pour qu’on les accompagne dans leur projet touristique, selon leurs besoins et leur inspiration touristique. Il y a plus de vous et de nous; maintenant c’est le NOUS. »

LR – En plus de ton équipe, nomme-moi des actions qui te rendent particulièrement fier?

CÉG – « Il y en a beaucoup en 11 ans. Par exemple, le redressement, autant au niveau financier que sur la qualité de notre offre de services. Mais plus particulièrement, il y a notre approche personnelle d’accompagnement des « artisans-entrepreneurs » dans toutes les étapes de la réalisation de leur projet. »

Il ajoute l’importance d’être présent en région, car « une organisation nationale ne peut pas réussir au Québec si elle n’est pas présente sur le terrain ».

LR – Retour sur le colloque Tourisme et patrimoine immatériel : tisser des liens durables (12-13 févr.)

CÉG – « Notre premier colloque a été un succès, avec 150 particpant(e)s et une vingtaine d’invités pour échanger sur l’importance du patrimoine immatériel dans l’écosystème touristique global. Je crois que nous avons atteint notre objectif en jetant les bases d’un dialogue sur les points de convergence entre les acteurs qui souhaitent faire du patrimoine culturel immatériel (PCI) un véritable moteur de développement économique, culturel et touristique. »

L'équipe de la SRÉ lors de la Veillée de danse traditionnelle dans le cadre du Colloque Tourisme et patrimoine immatériel, accompagné de la présidente ainsi que de M. Vidar Langeland, un artisans membre de la Société du réseau Économusée venu de la Norvège à titre de conférencier

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Quel est son bilan à la tête de la SRÉ?

  1. Plus personne ne remet en question la pertinence la SRÉ, car elle est reconnue pour son modèle d’accompagnement unique et très personnalisé.
  2. Sa plus grande satisfaction c’est quand ses membres réussissent à avoir accès aux différents programmes de financement grâce à l’expertise et à l’accompagnement de la SRÉ. Avec en clé la satisfaction de la réalisation d’un projet, au point que lors du lancement, il y a beaucoup d’émotions et très souvent des larmes, comme si c’était un nouveau départ pour l’entreprise.

Bon 11e Carl-Éric!

L’expérience de Carl-Éric comme « coureur des bois » lui a permis de sortir des sentiers battus de sa formation originale en génie forestier et de contribuer, sans l’ombre d’un doute, avec le travail de son équipe et la complicité de ses membres, à l’essor de la Société du réseau Économusée®. Je suis convaincu que ce 11e anniversaire va autant porter chance à Carl-Éric qu’à la SRÉ.

 

Louis Rome, collaborateur TourismExpress


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