Québec: le vrai train du Nord

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L'actualitéC’est le moins connu des circuits ferroviaires du Québec. Embarquement immédiat pour 13 heures d’aventure, de Sept-Îles à Schefferville.

Il se traîne à 65 km/h pendant une douzaine d’heures, mais qu’importe ! Le parcours du train Tshiuetin est si palpitant qu’il bat tous les TGV du monde. Seul lien terrestre entre Sept-Îles et Schefferville, sur la Côte-Nord, au Québec, il longe des rivières en furie, franchit ponts vertigineux et tunnels taillés dans le roc, crapahute sur des côtes et roule même sur un barrage hydroélectrique !

Son nom, chuintant comme une locomotive à vapeur, signifie « vent du nord » en langue innue. Tshiuetin (prononcez « Tchi-ou-ette-inne ») est le premier chemin de fer en Amérique du Nord qui appartient à des autochtones et est exploité par eux. En 2005, trois communautés de la Côte-Nord — Innus de Mani-Utenam et de Matimekosh–Lac-John, et Naskapis de Kawawachikamach — ont acquis pour un dollar le service passagers et un tronçon de la voie ferrée de la Quebec North Shore and Labrador (QNS&L), filiale de la Compagnie minière IOC. (Une autre compagnie ferroviaire autochtone — la Keewatin Railway Company — a été créée l’année suivante, en 2006, au Manitoba.)

Service essentiel pour le transport des passagers et des marchandises, Transport ferroviaire Tshiuetin effectue deux allers-retours par semaine, hiver comme été. Distance du trajet : 565 km, moitié au Québec, moitié au Labrador. L’entreprise emploie 71 personnes, dont 52 autochtones (bagagistes, chefs de train, conducteurs…). En plus de relier les villes de Sept-Îles et de Schefferville et les réserves voisines, le train dessert des camps de pêche, de chasse ou de trappe. Près de la voie ferrée, de petits chalets — appartenant surtout à des membres des Premières Nations — ne sont autrement accessibles que par canot. Il n’y a aucune gare sur le parcours, mais le train s’arrête à la demande : impossible donc de prévoir la durée du voyage — de 12 heures au minimum.

Les non-autochtones sont rares sur le Tshiuetin. Les Américains et les Européens qui se rendent dans des pourvoiries de la région préfèrent souvent l’avion (près de 10 fois plus cher). Le Tshiuetin attire cependant de rares touristes fous de train, qui, après le Transsibérien, l’Orient-Express et autres Tren de la Sierra (Pérou), découvrent, ébahis, ce train de brousse québécois. Reste que 75 % des 17 000 voyageurs de 2013 étaient autochtones. L’occasion idéale d’échanger avec eux : comme le train de Josélito Michaud (On prend toujours un train pour la vie, Radio-Canada), le Tshiuetin suscite les confidences. Lire la suite.
Le train TSHIUETIN
Source: L'actualité