Quand canicule printanière rime avec intensité touristique, par Martin Soucy, président-directeur général de l'Alliance

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La ministre du Tourisme a annoncé une phase de déconfinement pour l’industrie touristique, au salon de la presse de l’Assemblée nationale, dans le cadre d’une première pour une titulaire de cette fonction. Cette phase d’ouverture et de reprise de certains hébergements de notre industrie s’ajoute aux activités des phases annoncées précédemment.

Tout le Québec est tourisme en ce moment : la population et les entreprises ont besoin d‘air !

UN PAS POUR LA POPULATION : POSSIBILITÉ DE PLANIFIER DES SÉJOURS À PARTIR DU 1er JUIN

Il faut prendre les bonnes nouvelles lorsqu’elles passent. L’annonce d’hier est un bon premier pas et un signal encourageant que le gouvernement souhaite réellement qu’il y ait un été touristique au Québec et que les Québécois prennent leurs vacances ici.   

Nous sommes heureux que la population puisse à nouveau bénéficier des services offerts par certaines entreprises touristiques du Québec à partir du 1er juin. Il manque encore des morceaux. À lire tous vos commentaires. nous comprenons que ce n’est pas parfait. Tout le monde le sait.

Maintenant le diable se cache dans les détails. Les directives sur les déplacements entre les régions devront être mieux expliquées, parce que la clé touristique est là. Nous comprenons que le travail est colossal parce que notre industrie est diversifiée.

De plus, notons que le calendrier pour plusieurs autres attraits doit être dévoilé rapidement pour assurer une ouverture de ces entreprises cet été.  Préparer un site touristique «ça ne se fait pas en criant ciseau», comme le disait ma grand-mère.

UN TEST POUR TOUS

La ministre a également clairement indiqué que c’était un test. Pour le réussir, rappelons donc l’importance de respecter les règles pour permettre l’ouverture des autres activités dans les prochaines phases. Il faut également réussir le défi de l’implantation des plans de santé et de sécurité sanitaire pour passer à une autre étape. Nous souhaitons d’ailleurs féliciter les équipes qui y ont travaillé les 3 dernières semaines au MTO, au CQRHT, dans les AT, à l'ITHQ et à l'Alliance.

Nous avons été solidaires du défi de la santé publique. Continuons ! 

LA SUITE DES CHOSES ?

Peu importe la suite, nous savons tous que ce sera une saison touristique estivale différente de toutes les autres. La distanciation physique, le contrôle des déplacements, l’accès aux marchés et la limitation des rassemblements perturberont l’environnement économique pour plusieurs mois en limitant la possibilité de générer des revenus pour les entreprises. 

L’équation est simple : revenus-dépenses = point d’équilibre. Simple, mais complexe dans le contexte. Les prochains mois sont critiques, car le fait de générer des revenus suffisants pour les entreprises est indispensable pour assurer leur viabilité.

IMPACT ÉCONOMIQUE DE LA PANDÉMIE

Sur la base d’une étude publiée par Destination Canada en mars 2020 et réalisée par Tourism Economic, on estime que l’industrie touristique québécoise pourrait subir une perte 6 G$ à 11 G$, soit plus de 55% des dépenses générées dans l’économie. Aussi, comme le secteur touristique représentait plus de 9% des emplois au Québec et qu’un nombre important de ceux‑ci sont saisonniers, la crise actuelle pourrait entraîner la perte de 82 000 à 120 000 emplois, soit environ 2% à 3% des emplois de la province.

En complément, et pour tenir un discours cohérent avec la cellule des chefs d’entreprises, l’AHQ et l’Alliance ont mandaté la firme Raymond-Chabot Grant Thorton et Howarth pour réaliser une étude économique. Celle-ci a permis de dresser un portrait économique du tourisme d’avant-crise au Québec afin de démontrer les impacts actuels de la pandémie sur les entreprises pour les secteurs de l’hôtellerie et des attraits et services touristiques. Les sous-secteurs du transport et de la restauration ont été exclus, considérant les démarches spécifiques réalisées par ces deux sous-secteurs de l’industrie.  

En résumé, sans aide spécifique, l’impact économique lié aux secteurs de l’hôtellerie et des attraits et services touristiques est estimé à une perte de 3,9 G$ (baisse de 70%) sur des dépenses totales de ces sous-secteurs de 5,6 G$. Il est estimé que 93 000 emplois sont à risquePlus de détails ici.

Cette étude a été transmise aux deux paliers de gouvernement, dans l’esprit de collaboration qui caractérise nos démarches depuis les tout débuts de cette crise. Cette étude n’est pas disponible publiquement pour le moment : merci de respecter cela.

UN PLAN POUR LE TOURISME !

Malgré l’aide à court terme accordée par les gouvernements via les programmes exceptionnels de soutien, plusieurs entreprises solvables et solides remettent en question leur capacité à survivre à moyen et à long terme. Conséquemment, nous souhaitons tous éviter la déconstruction d’un pan complet de l’économie du Québec.

Les premiers ministres du Québec et du Canada ont indiqué, depuis plusieurs semaines, que les secteurs du tourisme et de la culture vivaient des défis particuliers et qu’ils bénéficieraient d'une attention particulière. La ministre du Tourisme du Québec a confirmé hier qu’elle travaillait avec ses collègues des Finances et de l’Économie sur un plan spécifique qui sera dévoilé prochainement

L’importance de l’industrie touristique est reconnue et l’ampleur des impacts négatifs également. Alors, nous avons besoin des gouvernements et nous comprenons aussi, à lire tous vos messages, que vous êtes impatients d’en savoir plus.  

CONCLUSION

L’industrie a été là pour aider à gérer la crise de la santé publique et nous avons tous été solidaires. Maintenant, et nous portons la voix de tous, tous les acteurs de l’industrie seront là pour la relance économique. Il y a des nouvelles encourageantes et d’autres nouvelles sont requises pour redémarrer la machine et sécuriser les emplois dans toutes les régions.

Martin Soucy
Président-directeur général de l'Alliance