Malgré les défis, le milieu des festivals montréalais est toujours aussi résilient et effervescent (1re partie), par Pierre Bellerose

Festivals et événements, Économie · · Commenter

Quelques mois avant la COVID-19, le 14 novembre 2019, j’étais invité dans le cadre d’un Gueuleton touristique de la Chaire en tourisme transat pour y présenter une conférence intitulée « Comprendre L’ADN du produit touristique montréalais – Histoire et perspective »

Pour bien comprendre la réalité et les dynamiques touristiques actuelles, j’y analysais les différentes phases et vagues touristiques de l’histoire du développement du produit touristique de Montréal.

Crédit photo: Spectacle extérieur du Festival international de Jazz de Montréal à la Place des festivals (2015). https://loungeurbain.com

Au niveau événementiel/festivalier, je relevais quatre (4) grandes périodes :

1. La période de déclin économique et touristique – première ère des événements (1977-1991)

Toute la destination et les pouvoirs gouvernementaux appuient l’émergence des premiers grands festivals urbains (Festival international de Jazz, Omnium de Tennis Canada, Festival Juste pour rire, FrancoFolies de Montréal, Grand Prix F1);

2. Deuxième ère d’événements, créativité et retour de la croissance touristique (1992-2000)

Nos événements de la première vague prennent des dimensions internationales. De plus, on remarque la venue d’ajouts importants, par exemple de Montréal en Lumière (1999), Mode et Design (2000), Mutek (2000) et Fantasia (1996));

3. L’effervescence continue - l’ère des sites extérieurs événementiels (2001-2010…)

Période historique remarquable pour les festivals montréalais avec l’ouverture d’un nouveau lieu emblématique en 2009, soit la Place des Festivals, qui va considérablement changer l’ADN du milieu montréalais en accueillant une dizaine d’événements dès l’ouverture. Parallèlement, des événements sont maintenant accueillis au Vieux-Port de Montréal (ex. : IglooFest en 2009), ainsi qu’au Parc Jean-Drapeau (Piknic Électronik en 2003 et Osheaga en 2006).

4. Croissance forte et l’ère des événements de niche (2010-2020)

La croissance se confirme, et on voit l’apparition de plusieurs événements dans le domaine (entre autres) de la musique de niche, du Cirque (et de la bouffe/gastronomie).

En fait, je pourrais résumer le succès festivalier de Montréal des 45 dernières années par 3 grands facteurs, qui sont d’ailleurs toujours présents :

  1. Un nombre impressionnant de promoteurs dynamiques et créatifs;
  2. Un écosystème de financement public qui a su suivre et financer cette évolution (entre autres la Ville de Montréal, le ministère de la Métropole, Tourisme Montréal, ainsi que le ministère du Tourisme du Québec et le DEC, au fédéral). Tout est perfectible et les programmes ne sont pas toujours synchrones avec les initiatives, mais l’appui ne s’est jamais démenti depuis plusieurs décennies;
  3. Mais aussi (et peut-être surtout) le développement de sites extérieurs centraux et dédiés à l’événementiel. Montréal peut aujourd’hui offrir une programmation gratuite, variée et spectaculaire en plein centre de la ville! C’est ici que Montréal se distingue le plus de nos concurrents… pas de Place des Festivals à New York, Toronto ou Philadelphie. 

En 2022, on connaissait 4 grands sites événementiels extérieurs grand public à Montréal : la Place des Festivals au cœur du Quartier des spectacles, le Parc Jean-Drapeau, le Vieux-Port de Montréal et le Parc olympique; sans compter plusieurs sites et rues de quartier.

On ne soulignera jamais assez la vision des leaders et des planificateurs urbains montréalais qui ont initié et concrétisé (dans les années 2000) la mise en place du Partenariat du Quartier des spectacles – PQDS (créé en 2003) et la réalisation de la Place des Festivals (inaugurée en 2009). Soulignons, entre autres, les contributions importantes dans ce mouvement d’Alain Simard (alors, entre autres, président du Festival international de Jazz de Montréal et des Francos de Montréal), de Jacques Primeau (président de l’ADISQ de 2000 à 2003), de Pierre Deschênes (premier DG du PQDS de 2003 à 2008), de Charles Lapointe (alors PDG de Tourisme Montréal et le premier président du du CA du PQDS de 2003 à 2012) et de Jean-Robert Choquet (directeur du Service de la culture de la Ville de Montréal de 2004 à 2016).

Et à l’aube de l’été 2023, qu’en est-il du dynamisme de la trame événementielle montréalaise? Comment le milieu festivalier fait face à la forte reprise touristique mais aussi aux enjeux actuels (inflation, ressources humaines, etc)?  Un 2e billet suivra dans les prochains jours pour répondre à ces questions.

Par Pierre Bellerose, qui est consultant en développement des affaires et stratégies, cofondateur du MT Lab et président des CA des événements Hub Montréal, Mundial et de M pour Montréal