Les orientations du ministère du Tourisme pour une industrie performante

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Louis RomeSans tambour ni trompette, le ministère du Tourisme a publié sur son site les « orientations pour la révision du modèle d’affaires et de gouvernance du tourisme au Québec ». Le titre de l’ouvrage : Faire du tourisme une industrie performante, innovante et axée sur le développement économique. Un document qui mérite un détour pour tous ceux qui désirent mieux saisir la réflexion de la ministre Dominique Vien sur la révision de nos manières de faire.

ÉTAT DE LA SITUATION DANS LA MISE EN ŒUVRE DU PDIT

Le document débute par une mise en contexte, qui repose essentiellement sur l’analyse qu’a fait le Ministère, du Plan de développement de l’industrie touristique (PDIT 2012-2020), qualifié par la ministre comme étant « notre feuille de route, notre modèle d’affaires ».

Les principaux constats :

  • Une mise en œuvre du PDIT en dessous des attentes;
  • Chevauchement, voire des dédoublements des rôles et responsabilités entre les intervenants;
  • Dispersion des ressources entre plusieurs intervenants avec une faible synergie entre ceux-ci et sans une vision commune;
  • Cadre gouvernemental régissant le ministère du Tourisme qui limite sa flexibilité pour le volet commercial de sa mission.

Avec comme résultats :

  • Les revenus du secteur de l’hébergement touristique ont reculé de 1 %;
  • Les investissements privés ont fondu de moitié dans ce même secteur;
  • Le déficit de la balance touristique atteint un niveau sans précédent à 3,4 G$.


LA DÉMARCHE DU MINISTÈRE ET LES RÉSULTATS ATTENDUS

Le document rappelle que depuis juin 2014, l’industrie touristique a été invitée à participer à une consultation sur la révision du modèle d’affaires et de gouvernance de l’industrie touristique. Intervenants, entrepreneurs, grandes associations que sont l’AQIT, ATR associées du Québec, ATS Québec, etc., ont toutes pu exprimer leurs points de vue et ceux de leurs membres à diverses occasions.

Pour compléter son analyse de la situation et réfléchir aux mesures à adopter, le ministère a fait des analyses comparatives avec d’autres destinations (OCDE). Et enfin les travaux du ministère se font à l’intérieur des paramètres du gouvernement qui incluent, entre autres :

  • La revue des programmes et les économies budgétaires récurrentes;
  • Les travaux de la Commission de révision permanente des programmes;
  • La révision de la relation État – municipalités.

Les résultats attendus pourraient se résumer par « Tracer la voie à un processus de changement ouvert et transparent ».

LES ORIENTATIONS ET LES COMPOSANTES DU NOUVEAU MODÈLE D’AFFAIRES ET DE GOUVERNANCE

Pour la première fois, le ministère dévoile publiquement ses grandes orientations sur la révision du modèle d’affaires et la gouvernance. Une particularité de l’ouvrage consiste en une présentation distincte pour les orientations touchant le modèle d’affaires de celles sur la gouvernance. Cette approche va peut-être permettre de diminuer la confusion qu’il peut exister entre les deux. Le défi qui attend le ministère c’est que l’industrie touristique fasse siennes ces orientations.

LES ORIENTATIONS (7) POUR LA RÉVISION DU MODÈLE D’AFFAIRES

1) Planifier et mettre en œuvre le développement de l’offre autour des six stratégies sectorielles que sont : Le volet touristique du Plan Nord, la stratégie maritime, le tourisme hivernal, le tourisme culturel, la nature et l’aventure et le tourisme d’affaires et de congrès.

2) Actualiser la Loi et le Règlement sur les établissements d’hébergement touristique, notamment, en tenant compte des nouvelles tendances en matière d’hébergement (plateformes Web, économie collaborative).

3) Créer un fonds d’investissement touristique/capital de risque pour les projets touristiques majeurs. Selon le ministère, l’intervention gouvernementale en matière de tourisme doit encourager la création d’un environnement favorable à la relance de l’économie et de l’emploi.

4) Intensifier et bonifier l’accompagnement des entreprises. Pour y arriver, le ministère prévoit :

  • Renforcir le rôle d’Investissement Québec – division Tourisme (IQ Tourisme). Par exemple, en augmentant l’enveloppe budgétaire disponible sous forme de prêts pour le PADAT.
  • Développer des outils d’accompagnement particuliers pour les entreprises touristiques;
  • Mandater des ATR dont le secteur d’activité représente les produits prioritaires des stratégies sectorielles pour accompagner de façon structurée des entreprises touristiques ciblées;
  • Proposer un plan d’action en matière de développement de la main-d’œuvre en tourisme en faisant appel au CQRHT et à l’ITHQ.

5) Accroître le développement et la diffusion de la connaissance stratégique en tourisme

6) Fédérer les énergies du Ministère et celles de l’industrie autour d’un plan commun de promotion et de mise en marché hors Québec de la destination.

Un commentaire significatif à retenir du document :
« Notons que les destinations concurrentes et performantes présentent un regroupement des ressources publiques et une contribution du privé, tant en ce qui concerne l’expertise que l’aspect financier. Cette approche est indéniablement la voie à suivre pour assurer au secteur touristique les moyens de réaliser ses ambitions. »

7) Élaborer une vision et une stratégie d’ensemble en matière d’accueil, notamment pour décloisonner l’information entre les territoires et prendre le virage de la mobilité et du numérique.

LES ORIENTATIONS (3) POUR LA RÉVISION DU MODÈLE DE GOUVERNANCE

1) Pour la révision du modèle de gouvernance, le ministère propose la création de cinq groupes de travail :
I. L’entité chargée de coordonner la mise en marché touristique hors Québec. Je suis bien curieux de connaître le statut légal de cette entité. Statut qui en délimitera le rôle et les responsabilités;
II. La porte d’entrée touristique – Montréal;
III. La porte d’entrée touristique – Québec;
IV. La porte d’entrée touristique – Outaouais;
V. Le financement des produits – stratégies sectorielles.

Sur l’entité chargée de coordonner la mise en marché touristique hors Québec, il faut retenir qu’il s’agit d’une « entité nationale de concertation qui regroupe des représentants de régions, de produits, de diverses catégories d’entreprises (hôteliers, transporteurs aériens, etc.) et de groupes associatifs ». Celle-ci sera logée à l’intérieur du Ministère et relèvera de la ministre. L’entité pourrait également planifier des campagnes panquébécoises.

Autre passage significatif sur l’entité :
« Le groupe de travail déposera ses recommandations à la ministre au regard des responsabilités de l’entité : ses modalités de gouvernance (composition et partenaires associés, le cas échéant), son cadre de gestion et son fonctionnement (le budget du plan d’action annuel et son financement, ses liens fonctionnels avec le Ministère et la ministre) ».

2) Confier des mandats et des responsabilités aux portes d’entrée touristiques que sont Montréal, Québec et l’Outaouais, dont :
I. La promotion hors Québec de la destination;
II. L’accueil touristique de la destination;
III. Le développement du tourisme d’affaire et de congrès;
IV. L’appui aux aéroports internationaux.

3) Clarifier les responsabilités des principaux intervenants et revoir les relations d’affaires entre le ministère et les associations touristiques

Le ministère va revoir les relations d’affaires avec les associations touristiques, pour ce faire : • Revoir ses relations d’affaires avec les ATS en associant l’ensemble des sommes versées à la réalisation de mandats précis; (Pas clair ce passage « en associant l’ensemble des sommes versées »)

  • Revoir ses relations d’affaires avec les ATR en associant l’ensemble des sommes versées à la réalisation de mandats précis; (toujours pas clair)
  • Confier des mandats additionnels aux ATR qui constituent les portes d’entrée touristiques;
  • Dans le cadre de ses partenariats, le Ministère enchâssera des conditions de collaboration entre les ATR et les ATS pour la concrétisation d’alliances produits prioritaires − pôles touristiques, dans le sillon des stratégies sectorielles.


EN CONCLUSION

Le ministère conclut que la révision du modèle d’affaire de l’industrie et de la gouvernance, ainsi que la création d’une entité chargée de coordonner la mise en marché touristique hors Québec sont les ingrédients nécessaires pour assurer une mise en œuvre optimale du PDIT.

Quant à moi, le dépôt de ce document est une étape essentielle pour permettre à tous de participer à la révision de nos manières de faire. Ne soyons toutefois pas dupes, il reste encore beaucoup de questions sans réponse. Par exemple est-ce que l’entité aura véritablement les coudées franches et sera-t-elle suffisamment autonome politiquement et financièrement? En parlant de financement, avec toutes les rumeurs qui circulent qu’en sera-t-il?


Collaboration spéciale, Louis Rome


Note : Ce texte reprend de larges passages de l’ouvrage produit par le ministère du Tourisme : Faire du tourisme une industrie performante, innovante et axée sur le développement économique - Orientations pour la révision du modèle d’affaires et de gouvernance du tourisme au Québec

Source : Ministère du Tourisme