Le Canada au 105e rang de la compétitivité aérienne

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L’accès aérien est un enjeu crucial en tourisme et c’était d’ailleurs le sujet de discussion du déjeuner-conférence organisé par l’Association Québécoise de l’Industrie Touristique (AQIT) au Palais des Congrès de Montréal. Devant une centaine d’intervenants de l’industrie, le premier conférencier, Maxime Armstrong, du Conference Board du Canada, a fait une démonstration claire des enjeux qui affectent notre industrie présentement.  

Notamment :
- Le Canada occupe le 105e rang au niveau de la structure de coûts dans le domaine de l’aviation, selon le Forum économique mondial.
- En comparant les prix de base (avant frais et taxes), les vols vers les mêmes destinations en partance d’un aéroport canadien et de son vis- à-vis américains coûtent entre 20 % et 96 % plus chers!
- Les pires écarts sont observables entre Montréal et les aéroports frontaliers de Burlington et Plattsburgh.
- Au Canada, les aéroports et le système aérien sont, pour la plupart, financés par les usagers alors qu’aux États-Unis, c’est subventionné.

On comprendra que cette problématique incite de plus en plus de gens à prendre l’avion depuis un aéroport américain. Les impacts sont donc multiples: transfert des dépenses vers des lignes aériennes américaines, baisse de revenus pour les lignes aériennes canadiennes, les aéroports canadiens et leur infrastructure (boutiques, stationnements, hôtels, etc.). Et ce, tant au niveau des voyageurs d’agréments que des voyageurs d’affaires, de plus en plus sensibles aux prix. L’exemple de l’aéroport de Vancouver qui perd du trafic pour l’aéroport transfrontalier de Bellingham était d’ailleurs éloquent à ce niveau!  

Un panel animé

Au courant de l’après-midi, la journaliste Marie-Claude Morin, de l’hebdomadaire Les Affaires, agissait à titre de modératrice d’un panel incluant Michel Archambault, professeur associé à l’ESG-UQAM, Daniel-Robert Gooch, président du Conseil des aéroports du Canada, et George Petsikas, président du Board of Airline Representatives in Canada (BAR Canada).

Pour Michel Archambault, “le coût des billets aériens est un frein au développement touristiques. Ce n’est pas normal qu’un billet soit aussi cher pour aller aux Iles-de-la-Madeleine que d’aller à Paris. Il n’y a pas de véritable compagnie aérienne low-cost au Canada, comme on en voit aux USA, en Europe ou même en Australie! ».

M. Gooch a renchéri en affirmant que les coûts d’infrastructure et un dollar canadien fort sont des obstacles à la venue de véritables low-cost, notamment les lignes aériennes comme Alegiant, Southwest ou Jetblue.

Pour M. Petsikas, le problème est assez simple : « On est constipés au Canada dans notre développement politique! Et schizophrénique! On a parmi les meilleures infrastructures aéroportuaires au monde, sauf qu’on se situe en 124e position sur 140 au niveau de la compétitivité. Le problème découle principalement du désengagement des gouvernements dans le financement de ces infrastructures. Comme ce sont les aéroports qui doivent payer les frais d’amélioration, la facture est refilée aux usagers. Ce n’est pas plus compliqué que ça! Aux États-Unis, notamment à Plattsburgh, l’État couvre une large part du financement, ce qui crée un déséquilibre dans la compétitivité ».

Parmi les solutions évoquées, notons :
- Prendre une portion des taxes relevées par les gouvernements dans les aéroports et les retourner aux autorités aéroportuaires pour frais d’amélioration;
- Augmenter le pourcentage de capital étranger éligible dans la prise d’actionnariat de lignes aériennes, ce qui pourrait amener de nouveaux joueurs et plus de compétitivité;
- Réduire les coûts d’opérations aéroportuaires par une participation plus active (subventionnée?) des gouvernements dans leur financement.

Et vous, avez-vous déjà pris l’avion depuis un aéroport transfrontalier? Que pensez-vous de ce débat et comment affecte-t-il votre réalité touristique?