Tourisme d’affaires Québec n’existe plus, par Claudine Hébert
Après 43 années d’existence, Tourisme d’affaires Québec (TDAQ), rend l’âme. L’association touristique, œuvrant à la promotion, la valorisation et la croissance du secteur du tourisme d'affaires au Québec, a entamé un processus de dissolution plutôt cette semaine après en avoir fait l’annonce à ses membres lors d’une assemblée générale extraordinaire, ce lundi.
NOVAT, un congrès qui a fait mal
Selon nos sources, l’organisation qui comptait plus de 150 membres, dont plus d’une trentaine de régions touristiques, était en faillite technique. Plusieurs initiatives menées par TDAQ auraient engendré plus de frais que de revenus. La présentation du congrès NOVAT en novembre 2023, dont les inscriptions n’ont pas du tout été au rendez-vous, figure en tête de liste.
Mentionnons que le modèle d’affaires de TDAQ reposait essentiellement sur l’adhésion de ses membres et l’organisation d’événements. Depuis quelques années, l’organisation ne recevait plus d’aides financières sous forme de subventions de la part du ministère du Tourisme.
Rien pour aider, l’événement NOVAT qui devait avoir lieu en novembre 2024 a été annulé à la dernière minute faute d’inscriptions suffisantes. Selon nos sources, les participants qui avaient déjà payé leur inscription seront remboursés. Toutefois, TourismExpress ne sait pas si le montant des adhésions annuelles des membres, qui s’élève à plusieurs centaines de dollars, sera, quant à lui, remboursé.
Qui reprendra le flambeau?
Plusieurs membres de la défunte association qui ont accepté de parler à TourismExpress souhaitent déjà qu’une autre association touristique accepte rapidement de prendre le flambeau de l’organisation. « On souhaite que le travail, le savoir et l’expertise acquis au cours des quatre dernières décennies ne s’estompent pas en fumée », soulève une source qui préfère taire son nom.
À ce propos, une autre source nous a indiqué que des discussions ont déjà eu lieu dans le passé entre TDAQ (anciennement connu sous le nom d’Association des professionnels de congrès du Québec) et deux associations, soit l’Association Hôtelière Québec (AHQ) et l’Alliance de l’industrie touristique du Québec. Ces discussions, qui portaient sur un partage des ressources, avaient toutefois achoppé.
Une grande perte pour l’industrie
« Cette dissolution est une grande perte pour l’industrie. Qui va maintenant organiser des rendez-vous pour rencontrer les clients ? » s’inquiète une hôtelière qui souhaite garder l’anonymat. « Notre industrie, poursuit-elle, a besoin de ces rencontres-clients qui ont toujours été très populaires auprès des membres et de la clientèle. »
L’hôtelière et plusieurs autres membres de la défunte association se demandent d’ailleurs pourquoi TDAQ avait abandonné la formule des Journées nationales de Tourisme Affaires (JNAT) qui étaient présentées deux fois par année. « On se bousculait pour être présent à ces journées très lucratives qui permettaient de rencontrer des clients », insiste l’hôtelière déçue par la disparition de son association.
Un tourisme payant
Rappelons que l’industrie du tourisme d’affaires constitue un pan important des recettes touristiques au Québec. Selon les données du ministère du Tourisme, le tourisme d’affaires a, en 2019, généré des recettes de deux milliards de dollars (G$), dont 750 millions de dollars (M$) provenaient de visiteurs internationaux. Depuis la pandémie, ces recettes ont fondu de moitié.
Au début de l’année 2024, le gouvernement québécois disait tout de même espérer que les revenus issus du tourisme d’affaires grimpent à 1,8 G$ en 2024-2025, à 2,2 G$ en 2025-2026, puis à 2,5 G$ en 2026-2027.
Des objectifs ambitieux… sans association touristique en tourisme d’affaires, soulèvent des sources à mots couverts. Un dossier à suivre.
Claudine Hébert
Journaliste et collaboratrice
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