Prendre un stagiaire par la main : pour un accompagnement bienveillant et formateur, par Sylvain Drouin
En classe, les conversations informelles des étudiants et des étudiantes tournent autour des fameux stages qu’ils doivent réaliser dans les prochains mois. Période de stress pour certaines personnes, chasse ouverte pour d’autres, les stages demeurent un élément essentiel à la fois excessivement formateur, mais parfois, une première désillusion dans un milieu qui les avait pourtant fait rêver dans le passé.
Pour avoir superviser des centaines de stages au fil des ans et entendu des dizaines d’histoires, je crois qu’il y a encore du travail à faire pour que la relève s’accroche au métier du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration.
La première déception arrive dès le début de la recherche. Les offres proviennent généralement des grands groupes qui ont développé des liens privilégiés avec les écoles. Cela plaît à une certaine partie de la clientèle étudiante qui souhaite s’orienter dans ce type d’établissement, mais je constate de plus en plus que ce qui prime dans la recherche, c’est de trouver une entreprise qui partage les mêmes valeurs et qui offre des stages aux tâches variées et diversifiés. En ce sens, les jeunes pousses et les entreprises qui sortent un peu du cadre ont tout intérêt à prendre contact avec les services des stages pour en discuter. Ils seront accueillis à bras ouverts et soutenus pour développer un descriptif adapté au niveau des étudiants et étudiantes. La relève est bourrée de talents et n’attend que de se trouver dans le bon contexte pour briller.
La deuxième déception concerne la réalité sur le terrain. Les attentes des stagiaires sont parfois élevées, mais les ententes ne sont pas toujours respectées. J’ai trop souvent vu des stagiaires passer des mois à effectuer les mêmes tâches pendant des semaines, sans pouvoir s’immerger dans d’autres départements ou découvrir l’ensemble des facettes de l’entreprise. Des parties de stage sont parfois rayées officieusement pour toutes les raisons que l’on connaît trop bien. La personne curieuse sera inévitablement déçue d’un stage sans défis et sans éclat.
La troisième déception touche au manque de soutien ou de compréhension des objectifs de stage par la personne responsable de la supervision. Il arrive encore trop souvent d’entendre des histoires de stagiaires qui racontent qu’on ne s’attendait pas à leur arrivée le premier jour ou d’autres, devoir retourner à plusieurs reprises au département des ressources humaines pour faire respecter des éléments de la convention, par crainte de voir leur stage invalidé.
Heureusement, la majorité des stages se déroule à merveille avec une variété de mandats, des expériences qui sortent du travail du quotidien et une supervision bienveillante qui permet la prise de confiance tout en permettant les erreurs.
Le stage constitue souvent les premières racines qui permettront de s’établir solidement dans notre domaine, mais aussi d’envisager une carrière épanouissante et variée. Pour ce faire, les employeurs, les superviseurs de stage en entreprise, et les établissements d’enseignement doivent travailler main dans la main avec les stagiaires pour assurer une expérience stimulante et formatrice.
On dit qu’il faut un village pour élever un enfant, mais je dirais aussi qu’il faut une industrie pour former la relève.
Sylvain Drouin
Consultant indépendant en hôtellerie
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