Nouveaux défis en tourisme d'affaires - article 2 de 2
Force de vente et force d’attraction, les entreprises et les destinations utilisent des stratégies très comparables pour attirer les activités MICE. Ce sujet est exploré plus en profondeur dans un premier article publié le 30 mars dont celui-ci est la suite.
Alors, comment peuvent-elles améliorer leur niveau de compétitivité et mieux performer ?
DÉVELOPPER SA CONNAISSANCE DU MILIEU DES AFFAIRES
Si les professionnels du voyage s’ajustent à l’évolution des clientèles d’agrément, la situation semble différente en tourisme d’affaires alors que les stratégies employées demeurent assez conventionnelles. Pourtant, plus que jamais, le milieu des affaires se transforme et se diversifie.
De quels secteurs économiques proviennent, et pourraient provenir, mes clientèles d’affaires ? Quels sont les domaines d’activité en croissance, en stagnation ou en déclin ? Quels sont les principaux défis des gestionnaires d’entreprise? Comment évolue le secteur des événements et quels problèmes rencontrent les organisateurs ?
La connaissance non seulement de ses clientèles, mais plus largement du milieu des affaires devient essentielle pour répondre à ces questions et ajuster le tir. Se tenir informé permet de développer une nouvelle sensibilité et une meilleure compréhension des exigences auxquelles se confrontent les gens d’affaires, ce qui favorise le développement de nouveaux produits et services mieux adapté. Lorsque vient le moment de présenter une offre et d’en négocier les termes, parler le même langage permet de démontrer son intérêt et de proposer des alternatives profitables aux deux parties.
SE RENDRE PLUS UTILE
Généralement, les entreprises touristiques se soucient du confort et de la sécurité de leurs clientèles d’affaires. Mais quelles sont les autres préoccupations qui pourraient être mieux comprises et résolues par l’entreprise touristique?
Prenons la maitrise du temps à titre d’exemple. La Suisse a bien compris ce besoin d’efficacité en développant un indicateur d’accessibilité qui permet à l’organisateur d’un événement de calculer les économies générées par une durée de transfert rapide entre l’aéroport et le lieu de l’événement. La Suisse en fait d’ailleurs un argument de vente.
À une autre échelle, la tenue d’une rencontre, d’une assemblée annuelle ou d’un « lac à l’épaule » a des coûts autres que ceux directement associés à location de la salle et aux frais de la pause-café. Dont celui du temps mal utilisé. Comment aider les participants à garder contact avec le bureau, à optimiser toutes les minutes d’attente, à accéder rapidement au stationnement ou au vestiaire, à faciliter les échanges ou encore comment faciliter le traitement ultérieur de la facture dans le contexte de l’entreprise?
Éliminer des contraintes, comme celle de la perte de temps, aura souvent plus de valeur aux yeux de certains décideurs d’affaires que l’ajout « d’avantages » standardisés et inutiles.
EXPLORER DE NOUVELLES NICHES
En tourisme, certaines organisations ciblent des segments de voyageurs de plus en plus précis afin de leur offrir un environnement idéal; les Hôtels Jaro en sont un bon exemple avec le développement de la clientèle des équipes sportives.
En tourisme d’affaires, la segmentation est plus rare et se résume souvent aux secteurs (corporatif et associatif) et au type d’activité choisie (rencontre, congrès, événement, motivation).
Pourtant, certains phénomènes comme le nombre de plus en plus élevé de travailleurs autonomes ou d’entreprises à caractère social pourraient influencer les services offerts ou les programmes de fidélisation au Québec.
D’autre part, peut-on imaginer que tous les secteurs d’affaires partagent les mêmes attentes lors de la recherche d’un lieu de rencontre ? Qu’une activité qui se tient dans le domaine du jeu vidéo se satisfera d’un environnement de réflexion identique à celui offert pour la tenue d’un séminaire dans le secteur des assurances?
Un peu partout, des chaines hôtelières développent des environnements qui connectent mieux avec des typologies de clientèles ou d’événements que l’on veut attirer. Le décor des salles, leur aménagement, le choix du mobilier, les technologies déployées, le personnel dédié, tout vise à se positionner de façon distinctive.
Que ce soit le style «Work and Play» déjanté des hôtels Mama Shelter, les honeymoon concierges des hôtels Mr & Mrs Smith, la multiplication de marques «lifestyle» comme Moxy (Marriott) ou Jazz in the City de Steigenberger ou la renaissance des hôtels d’aéroport sous la forme de destinations d’affaires comme le conçoit Hilton, on devine que tant les grandes chaines hôtelières que certains hôtels indépendants ciblent les clientèles « bleisure » ou de nouveaux créneaux d’affaires spécifiques.
Est-ce que les destinations et les entreprises du Québec s’ajustent à ces nouvelles réalités en tourisme d’affaires? Est-ce que lois et règlements qui régissent le transport des personnes entre les aéroports et les lieux de rencontres vont évoluer pour permettre d’offrir un niveau de service satisfaisant à ces nouvelles clientèles?
Les signaux semblent actuellement assez faibles...
Pour en savoir plus, consultez l'article précédant celui-ci.
Collaboration spéciale, France Lessard, stratégiste en tourisme
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