Mardi 27 octobre, une journée qui passera à l’histoire

Hébergement, Associations, Gouvernements, Marketing · · Commenter

Louis RomeLes assises du tourisme du 27 octobre doivent être considérées comme une étape charnière dans le développement de l’industrie touristique du Québec, avec l’annonce, par la ministre du Tourisme Dominique Vien, de la création de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec (AITQ). Retour sur une journée qui passera à l’histoire, rien de moins.

Mise en bouche
Lundi 26 octobre, 18h00, plus de 250 convives se retrouvent lors du coquetel de l’industrie touristique au Hilton de Québec. Franches poignées de mains, accolades sincères, becs par-ci, becs par-là, l’ambiance est aux retrouvailles, un vent d’optimisme règne, un optimisme toutefois tempéré par la peur d’être encore une fois déçu, d’assister à un rendez-vous manqué.

Assises du tourisme 2015. Crédit photo: Grégory ClappertonUne entrée en la matière
Mardi 27 octobre, 7h00 du matin et déjà des gens se présentent au Centre des congrès de Québec, rapidement plus de 500 participants s’y retrouvent. Après les discours d’usage, de Yan Hamel (Croisières AML et Président de l’AQIT) et de la ministre du Tourisme Dominique Vien , c’est Patrick Dubé, sous-ministre adjoint au développement de l’industrie, à l’hébergement et aux projets majeurs – avec un titre de cette longueur il est facile d’imaginer la liste des responsabilités du gaillard – qui entame cette journée en faisant, avec son flegme habituel le bilan du Plan de développement de l’industrie touristique 2012-2020 (PDIT). Les participants semblent avoir apprécié la présentation, car elle faisait autant état de ce qui a fonctionné, que des objectifs qui n’ont pas été atteints entre 2012 à aujourd’hui.

Sur les 36 mesures du PDIT, à ce jour, 29 ont été réalisées ou sont en voie de l’être. Toutefois, il reste beaucoup à faire, car l’objectif d’augmenter de 7 milliards les recettes touristiques est loin d’être atteint. Depuis 2012, les recettes touristiques jouent au yoyo en passant de 12.8 milliards de dollars (2012) à 12.4G$ en 2013 pour revenir en 2014 à 12,8 G$. J’ai le mal de mer et le vertige quand on constate que la balance touristique est dans le rouge de 4,7 milliards. Et c’est sans compter les retards pour les objectifs de création d’emplois (50 000 de plus) et l’augmentation du nombre de visiteurs (7 millions de plus). Un paquet de facteurs explique cette contreperformance, conjoncture économique, taux de chance, concurrence, etc.

Une présentation remplie de données chiffrées qui a fait dire à un acteur d’expérience de l’industrie, Pierre Labrie, lors de la période de questions qu’il faut être prudent dans l’utilisation et l’interprétation de celles-ci.

Gilbert Rozon, Assises du tourisme 2015. Crédit photo: Grégory ClappertonLe plat de résistance
Avant que la ministre prenne la parole, Gilbert Rozon met la table en rappelant que le rapport du comité de performance (2011) surnommé le rapport Rozon avait identifié comme la priorité des priorités le produit. Et d’ajouter que « le produit est du marketing », que les deux sont intimement liés. Pour conclure qu’un plan (PDIT) est aussi fort que la capacité pour l’exécuter, le message est clair.

Yan Hamel, président de l’AQIT, Éric Larouche, président d’ATR associées du Québec, Pierre-Paul Leduc, président d’ATS Québec et Benoit Sirard, président de l’Association Hôtellerie Québec reviennent à tour de rôle sur l’historique des démarches et les attentes de l’industrie. Voilà la table était mise pour les annonces de la ministre.

Dominique Vien, ministre du Tourisme, lors des Assises du tourisme 2015. Crédit photo: Grégory ClappertonLa ministre Dominique Vien annonce la suite du PDIT avec le plan 2016-2020 qui inclut le renouvellement du modèle d’affaires et de gouvernance du tourisme au Québec. Elle souligne que les six mesures qui ont été priorisées sont des réponses aux demandes de l’industrie et que celles-ci ont fait l’objet de consultations avec des représentants de l’industrie.

  1. Le projet de loi 67 - Loi visant principalement à améliorer l'encadrement de l'hébergement touristique - qui a été déposé à l’Assemblée nationale le 22 octobre 2015. 
  2. Le développement du produit touristique à l’intérieur de stratégies sectorielles. À la stratégie maritime, celle au nord du 49e parallèle, de l’hivernal (en cours de réalisation), nature/aventure et culture/événementiel (en cours d’élaboration), s’ajoute la stratégie du tourisme d’affaires et de congrès. Le volet financier de cette mesure sera annoncé plus tard, sûrement lors du prochain budget;
  3. La révision du programme Festivals et évènements touristiques à fort potentiel touristique est aussi une priorité. Les sommes réservées pour ce programme seront aussi annoncées plus tard ;
  4. Développer et rendre disponible la connaissance stratégique nécessaire à la prise de décision éclairée des entreprises et organisations. Le défi d’avoir des données en temps réel a aussi été suggéré par un participant;
  5. Mettre en place une première stratégie d’ensemble en matière d’accueil. « Cette stratégie dépassera les seuls services d’information touristique pour rallier et susciter l’engagement de l’ensemble des acteurs dont l’action a une incidence sur l’expérience vécue par les visiteurs avant, durant et après leur séjour »;
  6. Le projet de loi 67 modifie aussi la Loi sur le ministère du Tourisme pour permettre au ministre « de confier certaines de ses fonctions à un organisme reconnu ou à un regroupement de tels organismes et de permettre au ministre de déterminer les fins auxquelles certaines sommes versées aux associations touristiques régionales doivent servir ».
    Donc, si le projet de loi 67, est adopté, la ministre a annoncé que la mise en marché de la destination sera déléguée à un organisme associatif externe résultant de la fusion d’ATR associées du Québec, d’ATS Québec et de l’AQIT : l’Alliance de l’industrie touristique du Québec (AITQ).

    Et de 7, car la ministre a annoncé l’uniformisation de la taxe sur l’hébergement à 3,5% et l’élargissement de son champ d’application aux prêts à camper et aux établissements d’enseignement offrant des unités en location touristique afin de contribuer au financement de l’Alliance.


Assises du tourisme 2015. Crédit photo: Grégory ClappertonUn accueil favorable, mais attention aux prochaines étapes
L’annonce de la création de l’Alliance a été très favorablement accueillie par les participants aux Assises. Dans les corridors du centre de congrès, la satisfaction était palpable, mais tous reconnaissaient qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. Les trois associations feront face à tout un défi qui sera sans aucun doute parsemé d’embûches et d’imprévus. Déjà se pointait à l’horizon le défi de l’uniformatisation de la taxe à 3,5% qui doit être entériné par chacune des ATR.

Lucie Charland, DG de l’AQIT, François Chevrier PDG d’ATR associées du Québec, Marc Plourde PDG de la Fédération des pourvoiries du Québec et vice-président d’ATS Québec et enfin Marc Croteau, sous-ministre en titre du MTO ont pris la parole à tour de rôle pour expliquer en quoi consistera cette nouvelle Alliance et les étapes de transition pour rendre celle-ci pleinement opérationnelle. La constitution de l’Alliance est prévue pour le 1er avril 2016 avec une transmission graduelle du mandat du MTO de réaliser la promotion et la mise en marché touristique sur les marchés hors Québec. 

Assises du tourisme 2015. Crédit photo: Grégory ClappertonLes stratégies sectorielles et les mandats du ministère
Patrick Dubé, sous-ministre adjoint, Dave Laveau, DG de Tourisme Autochtone Québec, en voilà un qui a tout un sens de l’humour et qui sait ce qu’il veut, Robin McGinley, DG de l’ATR Eeyou Istchee et Stéphane Lacroix, chef d’escale, d’Escale Gaspésie ont abordé la mise en œuvre des stratégies sectorielles. En conclusion, l’approche de développement via les stratégies sectorielles est à ce jour concluante (croisières) et aussi prometteuse avec l’avantage que les résultats de celles-ci sont mesurables et concrets. À lire le texte « Une Alliance en devenir, des enjeux et défis » qui porte spécifiquement sur l’Alliance et ses défis.

M. Marc Croteau a ensuite pris la parole pour résumer le Plan d’action 2016-2020 et la liste des mandats qui resteront au ministère si tout se déroule comme prévu :

  • Planification des grandes orientations touristiques;
  • Le cadre législatif;
  • La planification et le suivi du PDIT;
  • Le développement du produit avec un recentrage du MTO (incluant sûrement le financement via le PADAT et autres programmes);
  • Les relations interministérielles (une dizaine de ministères);
  • Les relations intergouvernementales (Destination Canada, etc.);
  • L’intelligence de marché (recherche et connaissance…).

Je vous suggère fortement de lire le plan d’action 2016-2020 qui résume très bien les intentions du gouvernement (bilan du PDIT, le nouveau modèle d’affaires et de gouvernance, la suite des choses 2016-2020).

Assises du tourisme 2015. Crédit photo: Grégory ClappertonLe mot de la fin
La journée s’est conclue par une brève allocution de la ministre Vien sur sa volonté de réaliser la mise en œuvre du nouveau modèle d’affaires et de gouvernance afin d’atteindre les objectifs du plan d’action 2016-2020.

Pour arriver à faire toutes ces annonces, il est évident que cela a demandé beaucoup de réflexion, de travail et aussi de compromis de la part de toutes les parties concernées. Donc, trinquons pour saluer tout le travail accompli. Mais le plus exigeant, mais aussi le plus captivant reste à faire avant de sabrer le champagne de la victoire.


Collaboration spéciale, Louis Rome


Crédits photos: Grégory Clapperton



Quelques photos du coquetel de l’industrie touristique du 26 octobre:

Assises du tourisme 2015. Crédit photo: Grégory Clapperton
Crédits photos: Grégory Clapperton

Assises du tourisme 2015. Crédit photo: Grégory Clapperton
Crédits photos: Grégory Clapperton

Assises du tourisme 2015. Crédit photo: Grégory Clapperton
Crédits photos: Grégory Clapperton

Assises du tourisme 2015. Crédit photo: Grégory Clapperton
Crédits photos: Grégory Clapperton

Assises du tourisme 2015. Crédit photo: Grégory Clapperton
Crédits photos: Grégory Clapperton