L’industrie du ski et son apport majeur au tourisme sportif québécois… même en été, par Lisa Marie Lacasse

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Au cœur de l’ADN des Québécois et Québécoises, l’industrie du ski est l’un des maillons forts du tourisme sportif au Québec, et cela ne date pas d’hier. Fortement touchées par les impacts de la pandémie en 2020-2021, rappelons que les stations de ski avaient d’abord été forcées de mettre fin à leur saison en mars 2020, pour ensuite subir d’énormes contingences de clientèles l’hiver suivant, alors qu’elles comptaient parmi les quelques secteurs privilégiés à pouvoir opérer, et ce, dans un contexte de distanciation physique obligatoire.

À quelques mois de la saison hivernale 2023-2024, on constate que l’énorme appétit des Québécois pour les sports de plein air est toujours d’actualité; en observant l’achalandage en station qui ne diminue pas, l’hypothèse d’une tendance à l’effet « pandémie » ne tient plus la route. L’hiver 2022-2023 a accueilli 6,6 millions de visites (jours-ski) en stations de ski, se positionnant ainsi comme la meilleure saison des 16 dernières années.

Station Mont Tremblant, courtoisie ASSQ, crédit Mathieu Dupuis

La tendance de l’heure : le développement 4 saisons

Afin d’assurer leur viabilité et leur rentabilité, les stations font de grands efforts pour diversifier leur offre et surtout, leur offre estivale. Les investissements « autres saisons que l'hiver » ont été respectivement de 3,3 %, 12,2 % et 4,8 % en 2019-2020, 2020-2021 et 2021-2022, représentant 60 millions $ et 1,8 million de visites en 2021. Ces résultats demeurent tout de même loin de la performance hivernale qui représente encore aujourd’hui 84 % du chiffre d’affaires annuel des stations. 

Crédit Bromont, Montagne d’expériences

Tourisme local, national, international? 

Grâce aux dernières statistiques*, on constate que l’on revient tranquillement à des chiffres prépandémiques, bien que la présence des Américains et Américaines ne soit toujours pas revenue totalement à la « normale ». Environ 80% des visiteurs.euses proviennent du Québec et 20% de l’extérieur de la province, alors qu’en 2020-2021, le ratio était plutôt de 90%/10%. La provenance hors-Québec est principalement ontarienne (autour de 15%) et la balance se retrouve en majorité sur les marchés des Maritimes et des États-Unis.

La force du tourisme local et les effets structurants des stations en région

On remarque une hausse de la popularité des abonnements de saison depuis trois ans, alors que ceux-ci sont responsables de la plus grande part des visites en station. Cette nouvelle tendance démontre la force du tourisme local. En effet, les détenteurs d’un abonnement saisonnier ne résident pas nécessairement à proximité de la station; plusieurs y louent même un hébergement de façon saisonnière et dépensent dans les commerces et services avoisinants.

Les stations de ski ont des effets structurants dans leur communauté. Étant souvent le plus gros employeur de la région, elles développent une expertise locale, elles permettent des retombées économiques régionales et créent des partenariats locaux.

Sommet Saint-Sauveur, courtoisie ASSQ, crédit Mathieu Dupuis

Les retombées au-delà du ski 

Ce qui est beau avec le tourisme sportif c’est combien les retombées peuvent être larges au-delà du sport en soi, au niveau de la communauté avoisinante et des partenaires de l’industrie. La clientèle de skieurs.euses permet de faire « rouler » l’économie locale grâce aux dépenses engendrées dans la restauration et l’hébergement, notamment. De plus, de façon générale, dans chaque localisation où l’on retrouve une station de ski, on retrouve également toute une panoplie de commerces spécialisés établis, qui bénéficient de la même clientèle.

Basée sur la dépense moyenne réalisée durant le séjour, la dernière Étude des retombées économiques des stations de ski du Québec, qui date de 2019-2020, estime que pour chaque dollar dépensé à la station, 9,89 $ sont dépensés à l’extérieur de la station par les Américains, 5,98 $ par les touristes des autres provinces du Canada et 3,17 $ par les visiteurs québécois (excluant la clientèle locale). 

L’industrie entraîne aussi le développement immobilier, ce qui affecte notamment à la hausse les revenus fonciers des municipalités, en plus de faire profiter à de nombreuses entreprises environnantes. Au niveau culturel, les stations de ski représentent un levier important grâce aux divers événements et rencontres sportives et culturelles organisées à la montagne, attirant ainsi une clientèle distincte. Certains événements accueillis par les stations de ski sont majeurs et attirent jusqu’à 10 000 visiteurs, même pour des stations de petite taille. 

Station touristique Stoneham, courtoisie ASSQ, crédit Mathieu Dupuis

Une industrie supportée par son association touristique

Ce n’est pas partout dans le monde que l’on retrouve des associations touristiques aussi chevronnées! Pour ce qui est de l’industrie du ski, l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ) joue un rôle majeur dans son développement touristique, en collaboration avec les associations touristiques régionales et sectorielles, l’Alliance de l’industrie touristique du Québec et les différents ministères. Elle publie plusieurs guides de bonnes pratiques et des études afin de développer les connaissances stratégiques du secteur « ski » au Québec et elle représente ses membres auprès des institutions gouvernementales afin de s’assurer de leur admissibilité aux différents programmes d’aide financière. 

* Étude des retombées économiques des stations de ski du Québec, RCGT, 2021

 

Lisa Marie Lacasse
Consultante en communications et rédactrice, spécialisée en tourisme et plein air


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