Lettre ouverte - ministres du Tourisme, de l'Économie, du Travail et Finances: le secteur hôtelier est en crise
PAR COURRIEL
Le jeudi 1 octobre 2020,
Madame Caroline Proulx
Députée de Berthier
Coalition avenir Québec
Ministre du Tourisme
Monsieur Éric Girard
Député de Groulx
Coalition avenir Québec
Ministre des Finances
Monsieur Pierre Fitzgibbon
Député de Terrebonne
Coalition avenir Québec
Ministre de l’Économie et de l’Innovation
Monsieur Jean Boulet
Député de Trois-Rivières
Coalition avenir Québec
Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale
Objet : Le secteur hôtelier est en crise
Aux ministres du Tourisme, de l'Économie, des Finances et du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale,
Au milieu de la première vague de la crise qui nous afflige actuellement, vous avez reconnu que le secteur de l’hébergement touristique serait l’une des premières victimes, en plus d’être l’un des derniers à se relever. Vous aviez raison, en partie.
Aujourd’hui, force est de constater que la situation est beaucoup plus alarmante qu’un simple ralentissement dû à la crise. En effet, la situation devient à ce point critique que l’existence même d’une reprise des activités hôtelière est maintenant plus incertaine que jamais. Certes, votre gouvernement a mis en place des programmes qui s’adressent à notre industrie, mais leur taux d’utilisation par les propriétaires d'établissements touristique demeure anémique : ce qui confirme une inadéquation flagrante entre la structure et la nature des mesures d’aides annoncées et la réalité concrète des entrepreneurs de notre industrie.
Loin de nous l’idée de se vêtir d’une tenue d’alarmiste, mais le choc sera brutal : nous ne faisons pas référence à quelques fermetures d’établissements victimes de la destruction créatrice qui caractérise notre économie de marché, mais plutôt à un phénomène structurel qui contribuera à décimer l’industrie touristique et à amputer de façon significative et permanente les retombées économiques qui en découlent.
Il va sans dire que notre secteur est particulier : nous œuvrons dans l’industrie des services, alors qu’au cœur de notre quotidien se trouve la gestion d’actifs immobiliers, avec tous les défis qu’elle comporte. Incidemment, un hôtel qui ferme ses portes ne va pas ouvrir à nouveau, par enchantement, quelques mois après la fin de la pandémie. En effet, remettre en fonction une infrastructure abandonnée, ou transformée en condo locatif sur une base temporaire, demandera beaucoup de temps et des conditions de marché qui ne seront tout simplement pas présentes à la suite de la pandémie, voire même pendant une dizaine d’années, si l’on se fie à la dernière récession que nous avons vécue.
En ce premier jour d’octobre qui amène l’entrée en vigueur des premières « zones rouges », nous vous lançons un cri d’alarme. Il est maintenant clair que dans toutes les régions du Québec les taux d’occupation demeureront infimes pour la prochaine année et que les problèmes de liquidités continueront de s’enflammer de façon exponentielle : sans aide directe, un large pan de notre économie touristique sera mis à mal et sera verra amputé des ailes qui lui auraient permis de reprendre de la vigueur rapidement à la suite de la pandémie.
Dans le contexte de ses visites dans la Métropole et dans la Capitale-Nationale lors de l’annonce des « zones rouges », notre premier ministre a évoqué un programme d’aide pour les restaurateurs et les tenanciers de bar touchés par les mesures de confinement : le gouvernement doit aller plus loin et reconnaître le rôle clé de l’industrie hôtelière et des établissements d'hébergement touristique qui sont la pierre d’assise de l’activité économique liée au tourisme. Il est impératif que le gouvernement considère et soit solidaire du secteur hôtelier et qu’établisse un programme spécifique et adapté à notre réalité.
Devant l’urgence économique du passage en zone rouge de certaines régions, nous sollicitons une rencontre, littéralement une rencontre de la dernière chance afin d’éviter des fermetures permanentes, en vue de créer un programme d’aide direct pour les établissements en zone rouge et de jeter les bases d’un programme pour l’ensemble des hôteliers et des propriétaires d'établissement touristique de la province.
Madame et messieurs les ministres, les décisions prises aujourd’hui conditionneront la vitesse de la reprise économique lors de la sortie de crise et détermineront la place que le Québec aura les moyens de prendre comme destination de choix sur la scène internationale au cours des prochaines années.
Agissons ensemble, agissons maintenant.
Dany Thibault
Président du conseil d’administration
Association Hôtellerie Québec
Eve Paré
Présidente-Directrice générale
Association des hôtels du Grand Montréal
Marjolaine De Sa
Directrice générale
Association des hôtels de la région de Québec
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