Lettre des associations hôtelières au premier ministre et députés
Enfin, le tourisme d’affaires a pu reprendre ses activités lundi, pas au complet, mais à 50% de capacité pour un maximum de 500 personnes. Disons que c’est un début. Dès le 14 mars, il n’y aura plus de limite, les salles pourront être remplies à pleine capacité. C’est évidemment une excellente nouvelle pour l’ensemble des hôteliers. L’impact est positif et on le ressent déjà. Cela dit, nous ne sommes pas sortis de l’auberge pour autant, pour reprendre l’expression consacrée dans son sens figuré : manque criant de main-d’œuvre, manque de liquidités et encore des incohérences dans les mesures sanitaires. L’Association Hôtellerie Québec et l’ensemble des associations régionales ont donc écrit au premier ministre et aux députés de l’Assemblée nationale pour les sensibiliser à nos enjeux. Voici la lettre en question.
Véronyque Tremblay – PDG Association Hôtellerie Québec
Cher(ère) député(e),
À titre de dirigeant(e)s d’associations hôtelières du Québec, nous souhaitons vous informer qu’une lettre a été transmise vendredi dernier au premier ministre du Québec, M. François Legault, afin de le sensibiliser à l’impact économique de notre industrie au Québec, notre réalité dans un contexte pandémique et la fragilité de l’hôtellerie sans aide additionnelle. Si nous nous adressons plus particulièrement à vous aujourd’hui, c’est pour vous permettre de prendre la pleine mesure des défis majeurs auxquels nous sommes confrontés.
D’abord, sachez que nous apprécions avoir réussi à obtenir un calendrier pour la réouverture du tourisme d’affaires qui représente environ la moitié de nos revenus. Dès aujourd’hui, nous pouvons donc rouvrir nos salles de réunions à 50% de la capacité pour un maximum de 500 personnes, et dès le 14 mars, nous pourrons rouvrir sans limite de capacité.
Comme vous le savez peut-être, l’hôtellerie est la colonne vertébrale de l’industrie touristique au Québec. Notre impact économique direct est de 2,3 milliards de dollars par année. Avant la pandémie, c’est près de 42 000 employés à temps plein/année que nous supportions. En 2019, notre industrie a généré des revenus fiscaux totalisant 332 M$ pour le Québec dont 200 M$ en taxes foncières et d’hébergement.
S’il est vrai que les allégements annoncés apportent un peu de soulagement à l’ensemble des hôteliers de tout le Québec qui ont énormément soufferts depuis le début de la pandémie, de nombreux hôteliers sont tout de même à bout de souffle et au bout de leurs liquidités. Ils ont maintenu le fort depuis le début de la pandémie contre vents et marées. Toutefois, s’ils devaient être à nouveaux restreints dans leurs opérations et subir de nouvelles fermetures, advenant de nouvelles vagues, ce serait catastrophique. Ils n’auraient plus les reins assez solides pour passer au travers un autre confinement. Et quand l’hôtellerie va mal, c’est tout un écosystème qui va mal.
Corriger les incohérences
Bien que nous soyons très soulagés du plan de déconfinement annoncé, il y a certains éléments qui méritent urgemment d’être revus pour nous permettre d’attirer des congrès et des réunions d’affaires. Qui veut venir à un congrès ou assister à une réunion en portant un masque pour une durée de plus de 4 ou 7 heures consécutives? S’il est possible de retirer son masque lorsqu’on s’assoit au restaurant, pourquoi maintenir le masque lorsque les gens sont assis pour écouter un conférencier? Quelle est la différence? Y-a-t’il vraiment un risque supplémentaire? Voyez-vous, pour que les gens aient le goût de se revoir en présentiel, il faut leur offrir une expérience optimale et agréable! Les conditions actuelles ne le permettent pas.
Appel à l’aide pour assumer les taxes foncières
Comment ne pas tenir compte de la baisse de revenus des hôteliers quand il s’agit de parler de taxes foncières? Le secteur de l’hôtellerie est l’un des plus durement touchés par la pandémie. Nous avons eu de l’aide des gouvernements pour compenser une mince partie des pertes, et nous en sommes reconnaissants, mais ces pertes sont démesurées en comparaison aux frais fixes qu’exigent les opérations pour demeurer en santé financière. Ainsi, nous avons besoin d’un sérieux coup de pouce supplémentaire pour nous permettre de nous relever. Nous avons les genoux à terre. Plusieurs n’ont plus les liquidités nécessaires pour assumer les paiements des comptes de taxes foncières. Nous anticipons des baisses de valeurs marquées pour nos actifs hôteliers. Et, il faut être réaliste, ça prendra plusieurs années avant de pouvoir nous relever.
Nous faisons appel à votre sens aiguisé des affaires et à votre empathie. Nos associations sont solidaires et s’unissent pour faire une demande conjointe de mesures d’aides exceptionnelles pour des pertes de revenus exceptionnelles, comme jamais vues auparavant dans l’histoire moderne de notre industrie! En plus du renouvèlement du programme de remboursement de la TSH que nous attendons dans les plus brefs délais, nous demandons une aide financière supplémentaire dans le budget pour que nous puissions continuer de faire rouler notre économie, maintenir nos emplois et payer nos comptes de taxes? Nous avons besoin de liquidités pour nous relever et c’est urgent!
Nous sommes des gens d’affaires fiers, nous aimons contribuer à améliorer la richesse collective, mais en ce moment, plusieurs d’entre nous ne savent même pas s’ils pourront se relever de cette crise. Nous avons très hâte de nous investir à temps plein dans la relance. Malheureusement, en ce moment, d’autres enjeux nous rendent aussi la vie encore plus difficile. Nous devons composer avec 30% de ressources humaines en moins. Disons que nous avons plusieurs prises contre nous.
Nous espérons sincèrement que notre demande sera entendue le plus rapidement possible et avec tout le sérieux nécessaire. Il en dépend de notre survie et de celle de dizaines de milliers de familles québécoises!
Nous vous prions de recevoir, cher(ère) député(e), l’expression de nos sentiments les meilleurs.
Source: AHQ
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