Les Kings et autres improvisations étatiques ! Image de marque du tourisme écorchée, le dogme des retombées économiques et des iniquités envers nos PMEs, par Jean-Michel Perron
Couverture sur ABC de la Coupe des Présidents à Montréal.
Les médias et les partis d’opposition se font un plaisir, depuis des semaines, de critiquer la CAQ sur la subvention (de 5 $ M à 7 M$) aux Kings ou le 9 M$ pour la Coupe des Présidents. Ces critiques sont partiellement justifiées mais nuisent à la réputation de notre tourisme car les investissements de Québec sont discrétionnaires, plus politiques qu’économiques. Sans compter l’iniquité flagrante de ces millions de dollars dans un contexte où 99 % des PMEs touristiques du Québec n’ont pas accès à ces privilèges dévolus à des multimillionaires étrangers et se battent pour l’obtention de subventions alors que les budgets sont de plus en plus limités. Parlez-en aux entreprises qui attendent actuellement une réponse du PARIT. Il y aura peu d’élus.
Subventionner massivement les sports professionnels est l’une des principales approches de développement économique et touristique des pays du Golfe persique afin de préparer leur sortie du pétrole. Quand on en a les moyens, c’est très gagnant.
Le tourisme sportif au Québec (amateur et professionnel) est un secteur générant de réelles retombées économiques majeures. Obtenir du soutien financier de Québec ou d’Ottawa se justifie soit par la notoriété obtenue auprès de marchés touristiques potentiels, soit par les retombées économiques générées par l’événement. En qui concerne les Kings, il n’y a ni notoriété, ni retombées économiques justifiant ces millions. C’est un trip personnel du ministre des Finances pour amadouer les gens de Québec sur la nostalgie nordiquienne. Point.
Photo générée par l'IA
Image de marque et notoriété du Québec
Le tourisme international est un secteur très compétitif. Pour créer de la richesse au Québec, les voyageurs du hors-Québec sont une priorité. Comment s’assurer d’attirer l’attention de ceux-ci ? Les approches publicitaires classiques ont leurs limites. Un événement de calibre international visant le marché américain comme la Coupe des Présidents a la notoriété et l’auditoire cible pertinents. Mais soyons crédibles, pas à 1 milliard de téléspectateurs tel qu’affirmé par notre ministre du tourisme, Caroline Proulx. Est-ce que ça vaut le 9 M$ de subventions accordées ? Évidemment que non si on ne tient pas compte des retombées économiques. J’ai regardé sur ABC cet événement. 95 % des images auraient pu être filmées n’importe où ailleurs dans le nord des USA. Heureusement, que des capsules de 5 secondes avec de belles images de Montréal venaient compléter la couverture média.
La question fondamentale : pour augmenter notre image de marque, est-ce que le (ROI) Retour Sur Investissement de la Coupe des Présidents est un bon placement ? Seul un sondage des téléspectateurs le dirait.
Retombées économiques
Le secteur du tourisme au Québec, incluant les gouvernements, doit cesser — ce qui est un secret de polichinelle — d’évaluer exagérément les retombées économiques d’un projet ou d’un événement touristique. On demanderait à 5 économistes indépendants si, par exemple, la Coupe des Présidents génère réellement 65 $ M de retombées et nous obtiendrions des résultats fort différents. C’est le même enjeu en ce qui concerne les retombées des croisières internationales, la réalité est toute autre de l’avis de plusieurs recherches universitaires.
Le Ministère du tourisme a publié une méthode rigoureuse en 2017 pour évaluer les impacts économiques. Cette méthode est plus sévère que ce qui se fait ailleurs dans le reste du Canada en ne permettant pas, entre autres, le calcul d’«impacts induits». Mais est-ce que le Ministère du Tourisme fait respecter rigoureusement cette méthode quand vient le temps d’accorder ou non des subventions, et le Ministère a-t-il les ressources en nombre et en compétences pour le faire ?
De plus, une recherche indépendante démontrerait fort probablement que l’ensemble des événements sportifs amateurs au Québec produisent beaucoup plus de retombées économiques que les événements professionnels et aussi mieux répartis à travers toutes les régions du Québec. Ce sera plus durable et plus respectueux envers les régions de diminuer les cadeaux de millions de dollars aux millionnaires et de l’investir chez les amateurs.
Crédibilité dans la sobriété
Le tourisme au Québec est une industrie majeure bien représentée par l’Alliance de l’industrie touristique du Québec. Notre potentiel de croissance et de création de richesse sont élevés même dans le contexte de multicrises qui traversent la planète ces années-ci. Mais il faut bâtir sa crédibilité sur des faits et écarter les décisions arbitraires et politiques d’annonces ponctuelles qui nuisent à notre image de marque auprès de nos concitoyens.ennes et pénalisent nos entrepreneur.e.s d’ici par du saupoudrage de fonds publics, lesquels seront forcément limités dans les prochaines années, à la lumière des déficits actuels de nos gouvernements.
Jean-Michel Perron
PAR Conseils
Blogueur et bifurqueur
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