La situation dans les hôtels est-elle aussi désastreuse qu’on le prétend? La réponse courte: Absolument!, par Eve Paré
Les données d’octobre portent désormais le manque à gagner total depuis le début de la l’année à près de 600 millions $ (-74 %) en revenu d’hébergement. Non seulement moins de chambres sont occupées (- 67%), mais celles-ci se vendent aussi moins chères (-23%). Peu d’entreprises peuvent survivre à de telles baisses de revenus pendant une période aussi longue… et c’est loin d’être terminé. Il est vrai qu’une poignée de propriétaires œuvrent dans d’autres secteurs ce qui leur permet une meilleure résilience face à la chute brutale des revenus hôteliers. Néanmoins, le risque de conversion des immeubles vers d’autres usages demeure. Ceci met en lumière la menace d’une perte de compétitivité de la destination et compromet la capacité d’accueillir des événements d’envergure au cours des prochaines années.
Il y a bien eu un peu d’espoir de reprise vers la fin de l’été, mais ce fut de courte durée. Les couleurs de l’été ont rapidement fait place à celles de l’automne, au jaune, à l’orange et maintenant au rouge. Nous sommes de retour à la case départ avec des taux d’occupation qui avoisinent ceux du début de la pandémie. La valeur des établissements est en train de fondre comme neige au soleil et la capacité d’emprunt aussi, par le fait même.
Des programmes d’aide ont été annoncés en juin. En l’absence d’une seconde vague, ces programmes auraient possiblement suffi pour plusieurs. Une aide directe, au montant de 13,8 millions $ en remboursement de TSH a été plus que bienvenue, mais reste mince en comparaison avec l’ampleur des besoins.
Le faible taux de participation au PACTE ne témoigne en rien de la gravité de la situation. Si plusieurs entreprises ne se sont simplement pas qualifiées en raison de leur structure (compagnie de gestion, condo-hôtels, etc.), d’autres ont pris des arrangements directement avec leur institution financière.
Le PACTE a été rapidement mis sur pied pour offrir une aide d’urgence aux entreprises. Les programmes d’aide doivent continuer de s’adapter pour tenir compte de la diversité des modèles d’affaires autant que des structures financières. Puisque la situation continue d’évoluer et que les dommages risquent d’être irréversibles pour certains, nous croyons qu’il est maintenant venu le temps de réviser certains des paramètres afin d’assurer la survie du plus grand nombre d’entreprises possible.
STATISTIQUES HÔTELIÈRES
Chaque début de mois, tous les hôteliers membres de l’Association des hôtels du Grand Montréal transmettent à leur association leurs résultats du mois qui vient de se terminer. Les données sont ainsi compilées depuis plusieurs années et reflètent la performance de l’ensemble des membres de l’AHGM.
Octobre 2020
Année en cours, de janvier à octobre 2020
Sans surprise, les résultats des hôteliers membres de l’Association des hôtels du Grand Montréal en octobre sont en baisse par rapport au mois précédent, à la toute fin de la grande saison estivale. Les hôteliers du Grand Montréal terminent le mois d’octobre avec un taux d’occupation à 12,2%, soit une baisse de près de 69 points de pourcentage du nombre de chambres occupées par rapport à l’an dernier et une baisse de près de 9 points par rapport au mois dernier en septembre. Avec la prolongation des restrictions propres aux zones rouges, la demande touristique est au plus bas dans la métropole. Au centre-ville de Montréal, le taux d’occupation n’est que de 7%.
Les établissements membres de l’AHGM affichent un tarif moyen quotidien de 124,23$ en octobre, tandis que l’an dernier ce dernier frôlait les 200$ de tarif moyen quotidien pour la même période. La baisse de l’occupation cumulée à une perte de revenus de plus de 90%, le RevPar s’établit en octobre à 15,10$. Depuis maintenant 7 mois, les bilans mensuels des établissements hôteliers du Grand Montréal sont plus qu’historiquement en deçà de ceux normalement observés.
Eve Paré
Présidente-directrice générale
Fondée en 1949, l'Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM) regroupe une centaine d'établissements de trois étoiles et plus situés principalement dans la région métropolitaine. Elle joue un rôle essentiel de catalyseur et de représentation des intérêts de ses membres, qui sont indispensables à la croissance et au développement de l'activité touristique et économique. Elle mobilise, informe et appuie ses membres en faisant la promotion des pratiques répondant aux critères d'excellence parmi les plus élevés au monde.
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