L'Echo touristique: Jean-Pierre Nadir (fondateur d’Easyvoyage) : « Après la crise, le pire serait de ne pas retrouver le goût de l’ailleurs »

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Dans une interview accordée à un média né du confinement, le fondateur d’Easyvoyage partage des réflexions intéressantes sur l’évolution du secteur et de la notion même de voyager.

Vous êtes le fondateur du portail Easyvoyage, et à ce titre un observateur attentif du tourisme depuis 2000. Cette crise devrait impacter cette année plus de 40% du chiffre d’affaires de votre secteur. Comment en analysez-vous les conséquences? La reprise de l’offre devrait-elle être conditionnée au recours généralisé à des mesures sanitaires particulières? Après la sécurité en 2011, la santé en 2020? 

Jean-Pierre Nadir : Il y a tout un verbiage qui se développe ; tout le monde y va de son pronostic, sur le déconfinement, sur les répercussions économiques, sur les modalités de la renaissance. Tout le monde est épidémiologiste, tout le monde est économiste, tout le monde pense avoir une solution, voire détenir la raison…! Mais je pense que le premier acte va être de savoir quand et comment on sort du confinement, voire, comment on s’en sort ; les impacts sur tous les plans, notamment psychologiques, n’étant pas forcément anticipés à ce jour. Il est donc urgent d’attendre avant d’énoncer des stratégies de reprise.

Ceci dit, si l’on souhaite anticiper comme m’y invite cet entretien et en gardant une forme de prudence, on peut néanmoins s’interroger. Dans une vision à court-terme, quel que soit le schéma, dans le meilleur des cas, le voyage à l’étranger repartira en octobre pour les ventes d’hiver ; la période juillet-août pour l’étranger semblant déjà condamnée (à l’exception peut-être de vacances au soleil en Tunisie ou en Grèce), quant à la France, le moins qu’on puisse dire, c’est que rien n’est gagné.

Après une telle crise sanitaire, il y aura des conditions psychologiques particulières. Les gens n’auront pas envie d’aller prendre des risques, donc ils n’iront pas ailleurs pour voir ce qu’il se passe. C’est le risque du « même gratuit, je ne pars pas », à cause de tout ce que nous aurons traversé pendant cette crise. Le principal impact du confinement est d’avoir installé l’idée que, hors de chez soi, c’est dangereux ; cela mettra forcément du temps à être rectifié.

D’autre part, dans l’hypothèse où l’activité reprendrait en juin, il y aura beaucoup d’acteurs du tourisme en France qui auront du mal à redémarrer pour la saison estivale : le temps de rappeler et de former les saisonniers, de remettre en état de marche les infrastructures et de relancer la commercialisation. Sans parler du fait que l’on ne saura pas forcément quelles seront les mesures sanitaires à prendre (les espaces d’hygiène – douche, lavabo, toilettes – devront-ils être réorganisés sous le concept de la distanciation sociale ? Les piscines collectives seront-elles compatibles avec ce virus? Les mini-clubs seront-ils autorisés? Voire, l’accès aux plages réouvert?). A date, on ne sait rien de tout cela! De même, qu’en est-il du sort des marchés de l’été, qui, rappelons-le jouent un grand rôle dans le tourisme des destinations, à la fois en termes d’animation, de convivialité, d’échange et surtout de levier économique pour tout un écosystème. S’il n’y a pas de marchés dans les villes et les villages, ni de piscines dans les campings: quel va être l’intérêt pour les vacances? Les gens voudront-ils quand même partir? On peut se poser la question. Sans compter que les entreprises vont peut-être demander aux salariés de travailler en juillet et en août pour rattraper le temps perdu.

Par ailleurs, de nombreux pays vont, à n’en pas douter, conserver pour un temps leurs frontières fermées, donc il y aura peu de pays en capacité de recevoir les voyageurs. Et même dans le cas de pays aptes à accueillir des touristes, il y aura des tests préalables, de la mise en quarantaine, des conditions sanitaires très strictes, qui risquent donc de dégoûter n’importe quel volontaire au départ!

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Source: L'Echo touristique

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