DOSSIER TENDANCES TOURISMEXPRESS 2024 – Tourisme en 2024: retour vers le futur!, par Frédéric Gonzalo

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Vous souvenez-vous de tous ces articles parus alors que sévissait la pandémie en 2020, 2021, voire même en 2022? On référait régulièrement aux statistiques de la dernière année «normale», soit 2019, qui était également une année record pour l’industrie touristique au Québec. Et on disait que le retour vers la nouvelle normalité et les performances d’antan se feraient… en 2024.

Nous y sommes!

Comme de fait, pour certains acteurs de l’industrie, 2023 aura été une très bonne année, ce qui augure encore mieux pour l’année à venir. Mais il s’agit d’une lecture de la situation qui n’est pas forcément partagée par tout un chacun, comme on s’en doute.

Ainsi, et pour une deuxième année consécutive, TourismExpress a recueilli l’opinion et les avis d’experts et de chroniqueurs chevronnés pour vous proposer un dossier spécial sur les Tendances 2024 en tourisme au Québec. On vous invite d’ailleurs à télécharger votre copie gratuitement en cliquant sur ce lien.

État des lieux

Demandez à 10 intervenants de l’industrie touristique comment ils ou elles envisagent la prochaine année, et vous risquez d’avoir 10 versions bien différentes. En effet, les restaurateurs n’ont pas la même réalité que les hôteliers ou les musées. Montréal diffère de Québec, tout comme on aura une perspective bien différente sur la Côte-Nord, en Gaspésie ou en Abitibi-Témiscamingue. Il en va de même pour une petite entreprise versus une chaîne, une start-up versus une organisation établie de longue date.

Voici toutefois quelques éléments à considérer pour 2024, sur lesquels il semble y avoir consensus:

Les gens ont toujours aussi soif de voyages! Les agences de voyages établissent des chiffres de ventes records ces temps-ci, avec un engouement qui ne s’essouffle pas. Le revenge travel, dont on a tant parlé en sortie de pandémie, demeure encore bien réel. Le hic, c’est qu’il semble y avoir plus de Québécois répondant à l’appel de l’international, que l’inverse. En d’autres mots, on vogue vers une balance touristique négative… comme on le vivait d’ailleurs en 2019.

Parlant de la scène internationale, difficile de prévoir avec précision quel sera l’attrait de notre destination, mais une chose est sûre: comme à tous les quatre ans d’élections aux États-Unis, les Américains devraient voyager un peu moins. Sans parler de la guerre en Ukraine qui persiste, ni de celle entre Israël et le Hamas, qui pourrait embraser le Moyen-Orient. Est-ce que l’aspect sécuritaire de la destination canadienne pourrait devenir distinctif au point d’attirer des clientèles insoupçonnées? Permettez qu’on en doute.

Une variable sur laquelle on n’a peu d’emprise, mais qui aura certainement de l’impact: la crise climatique! On a vu en 2023 les effets malheureux de cette nouvelle réalité. Pensons à la rivière du Gouffre qui est sortie de son lit à Baie Saint-Paul, ou encore les feux de forêt créant des ciels orangés jusqu’à New York, aux États-Unis! Sans parler de la météo morose qui affecte, été comme hiver, de la station de ski aux parcs aquatiques…

Il y a ensuite le facteur économique et les risques de récession qui nous pendent au bout du nez. Quand on lit un peu l’actualité, il y de bon et du moins bon. Les taux directeurs doivent enfin baisser en 2024 après avoir été en hausse au cours des trois dernières années… mais le coût de la vie demeure toujours aussi élevé, avec des niveaux d’inflation supérieurs à la moyenne. Le taux de chômage est redevenu très bas, ce qui est théoriquement bon signe. Sauf que cela veut également dire moins de candidats pour combler les postes et la pénurie de main-d’œuvre qui continue de sévir dans l’industrie.

Un dernier mot, toujours au sujet de l’économie. Janvier 2024 marque l’échéance pour le remboursement du prêt d’urgence (PUEC) octroyé à de nombreuses entreprises touristiques canadiennes pendant la pandémie. Déjà, certains restaurateurs évoquent cette dette – on parle de 40 000$ à rembourser – alors qu’ils déclarent faillite en ce début d’année. Y aura-t-il un effet d’entrainement?

Quatre grandes tendances à surveiller en 2024

Ceci étant dit, quelles seront les tendances lourdes qui seront au cœur de nos préoccupations pour la prochaine année? En voici quatre qui devraient se démarquer du lot en tourisme.

1. L’intelligence artificielle à toutes les sauces

On en a parlé jusqu’à plus soif en 2023, et attendez-vous à ce que cela se poursuive encore cette année! L’intelligence artificielle (IA), et plus particulièrement l’IA générative, continue de bousculer les processus. De ChatGPT à MidJourney, en passant par Google Bard et autres Microsoft Copilot, on peut s’attendre à ce que l’IA soit au cœur des discussions dans toutes les sphères d’activité pour une entreprise touristique, incluant dans les opérations!

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’IA revient comme thématique dans plusieurs articles qui font partie de ce dossier spécial de TourismExpress! On le mentionne dans les tendances en marketing (page 64), en hôtellerie (page 54) et en ressources humaines (page 28), notamment.

2. Le ralentourisme

Nos amis en France parlent de slow tourism, mais nous on préfère le ralentourisme. Néologisme qui, comme vous le devinez, réfère à cette tendance qu’on observe depuis quelques années et qui amène à ralentir la cadence dans un monde où tout va très (trop) vite. On cherche ainsi à prendre le temps de découvrir un lieu, et de vivre au rythme des gens locaux en visant à s’imprégner de la culture locale.

Plusieurs destinations travaillent déjà à faire la promotion de ce type de tourisme. Pensons notamment aux circuits à vélos, aux marchés de saveurs ou aux tournées de vignobles. Même une grande ville comme Montréal met de l’avant ses arrondissements et ses événements locaux à l’affiche.

Le marché public de Mansonville, dans le canton de Potton. Crédit photo : Tourisme Cantons-de-l’Est

Sans oublier le volet tourisme de santé et de bien-être (page 17), pour lequel notre collaboratrice Caroline Lavoie vous brosse les tendances en 2024.

3. Tourisme durable et responsable

La ligne est parfois fine entre le greenwashing et une démarche légitime en tourisme durable. On a vu, dans la dernière année, plusieurs efforts au sein de l’industrie – pensons notamment à la certification TravelLife que vont chercher plusieurs réceptifs et tours opérateurs au sein de l’ARF-Québec. Mais ces efforts paraissent plus suspects lorsque brandis par certaines lignes aériennes ou compagnies de croisière dans des campagnes publicitaires…

Puis, il faut se le dire: le consommateur peine encore à trouver l’information afin de prendre une décision éclairée au sujet de prestataires responsables. Phocuswire parlait récemment de cette difficulté, tant dans le choix d’une destination, d’un mode de transport ou d’hébergement. En tant qu’industrie, il y a encore du boulot à ce côté, comme l’explique d’ailleurs notre collègue Jean-Michel Perron (page 10).

4. L’événementiel revient en force

Vous avez entendu parler de l’effet «Taylor Swift» sur les réservations au niveau de l’hébergement dans les villes où elle sera en tournée en 2024 et 2025? Phénomène similaire avec Beyonce, d’ailleurs. Paris, qui vivra au rythme olympique cet été, voit aussi des tarifs spectaculaires dans son offre d’hébergement.

Ce n’est rien de nouveau, direz-vous. On connait la chanson avec la F1 chaque année à Montréal, ou encore lors de grands événements, festivals ou colloques. Ce qui est nouveau, en fait, est le retour vers la normalité de ces événements, auxquels vient maintenant se greffer la composante des tracances – ou bleisure, comme on dit en anglais (mélange de travail et de vacances, quoi)! Lire la chronique de notre collaborateur Mohamed Reda Khomsi à ce sujet (page 22).

En effet, non seulement les événements, les congrès, les réunions et autres sommets reviennent en popularité, mais on observe de plus longs séjours, avec des participants qui prolongent leur déplacement pour mieux profiter de la destination – tout en réduisant l’empreinte carbone du voyage!

Bref, 2024 promet d’être enfin une année marquant le retour «au bon vieux temps» après la satanée pandémie que l’on a connue. Mais cela ne veut pas dire que ce sera facile pour autant, ni une année record. Plusieurs signaux positifs sont là, mais le bilan final dépendra aussi parfois de facteurs hors de notre contrôle…

Frédéric Gonzalo
Conférencier et consultant en marketing numérique

 

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