Dany Thibault (AHQ) : « Nos hôteliers sont résignés »
« Il va falloir que je pèse mes mots… », prévient, sourire en coin, Dany Thibault, président du conseil d’administration de l’Association Hôtellerie Québec (AHQ), invité à commenter la situation dans laquelle se trouve son industrie et les gestes que les autorités devront poser pour venir en aide à son secteur.
« Le danger, c’est que l’été fut relativement intéressant dans certaines régions, qui ont reçu beaucoup de visiteurs : Charlevoix, la Gaspésie, les Laurentides… Mais ce serait oublier que le cœur du Québec, sur le plan de l’économie touristique, ça reste Montréal et Québec qui, elles, tirent encore de la patte », nuance le dirigeant. Et de rappeler que, dans les grands centres urbains, les hôteliers ont enregistré des pertes durant une période qui, normalement, aurait dû les voir faire des réserves de liquidités pour affronter le reste de l’année. « Je crains donc que nombre d’entre eux ne puissent surmonter l’automne 2020 et l’hiver 2021, soupire-t-il. Ils n’auront plus d’argent dans leurs poches. »
INSUFFISANTE ET MAL ADAPTÉE
Ce cri de détresse, Ottawa et Québec l’ont entendu. Mais les aides, promesses et réponses qu’ils ont apportées sont bien insuffisantes, juge Dany Thibault. S’il salue ainsi la subvention salariale d’urgence mise en place par le gouvernement Trudeau (« Sans doute la mesure la plus efficace à date »), il regrette qu’elle vienne bientôt à terme. « On est en train de la perdre, note-t-il. Après le 29 novembre, c’est fini ! » L’AHQ, comme d’autres associations provinciales, souhaite donc que cette mesure soit prolongée et étalée sur un « tour de calendrier complet », soit du 1er avril 2020 au 31 mars 2021.
De son côté, le gouvernement Legault a versé aux hôteliers et aux propriétaires de gîtes une subvention équivalant à la taxe sur l’hébergement perçue durant le premier trimestre de l’année 2020, pour un montant total de 13,8 millions $. « C’est excellent, oui, mais bien trop peu », analyse le président. Quant aux autres aides, elles sont venues sous forme de prêts, une formule qui ne convient guère aux hôteliers, poursuit Dany Thibault.
L’homme, qui compte plus de 35 années d’expérience, se remémore les décennies difficiles, durant lesquelles les banques faisaient la sourde oreille aux entrepreneurs du milieu hôtelier. Mais depuis peu, grâce notamment à l’affluence touristique record enregistrée sous nos latitudes, les banquiers avaient enfin daigné s’intéresser aux projets et prêter d’importantes sommes à ces mêmes entrepreneurs qui avaient ainsi pu adapter et moderniser leurs installations. « Et là, le gouvernement nous dit quoi ? "Continuez à vous endetter !", résume le responsable. Mon but n’est pas de taper sur les politiciens, mais nous, ce qu’on veut, c’est une industrie solide; là, on l’affaiblit. »
Source: HRImag
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