7 tendances en tourisme durable 2023

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La prise de conscience de l’importance d’agir individuellement et à titre d’organisation touristique s’étant clairement implantée avec la forte présence dans les médias de nouvelles et d’alertes régulières sur les changements climatiques et la perte de la biodiversité, fait qu’en 2023, nous verrons:

1. Une demande accrue des touristes pour des voyages durables

Expedia a sondé, en juin/juillet dernier, 11 000 consommateurs et 1100 professionnels du voyage sur 11 marchés touristiques dont le Canada, les États-Unis et la France:

90% des consommateurs recherchent des options durables pendant leurs voyages[1].

Une autre étude[2] exhaustive – américaine – mentionne que la considération de l’impact environnemental des voyages n’a jamais été aussi basse, due à la pression inflationniste. Contrairement à Expedia, comme celle-ci ne porte que sur les Américains et que les Européens ne viennent pas niveler vers le haut la sensibilité environnementale, ceci explique probablement cela.

Bref, lorsque vient le moment de payer son voyage, choisir entre l’environnement et s’en tenir à son souhait de départ, le second l’emporte... Surtout que le tourisme de revanche va même s’accélérer en 2023, selon Expedia, et tel prédit ici il y a un an.

Source : Index des priorités des voyageurs 2023, Expedia Group

2. L’âge des touristes détermine leur réelle volonté d’agir: à la maison, les notions de réutiliser les produits, de marcher plus, de faire du vélo ou d’être plus efficace dans sa consommation énergétique, sont intégrées selon une étude[3]  récente auprès des Américains. Et que les touristes sont réellement durables selon leur âge! 

Pour les baby-boomers et la génération X, les enjeux rattachés au climat n’apparaissent même pas dans leur 5 premières préoccupations, contrairement à la génération Z et aux milléniaux, qui les placent au second rang!  Bref, ajustez votre discours dans vos communications, selon à qui vous parlez et surtout, sachez que les gens ne veulent plus se faire sentir coupables! Ils veulent que vous leur démontriez comment leurs actions concrètes sont positives…

3. En 2023, surveillez l’accélération du développement de technologies et d’applications permettant d’inscrire une entreprise, une destination ou une association touristique dans une vraie transition durable et de réaliser un état des lieux aux niveaux environnemental, social et économique. Quelques exemples:

  • Diagnostic GES incluant la portée III, celle qui génère plus de 75% de votre empreinte carbone en tourisme
  • Tableaux de bord pour mesurer vos résultats sur une base mensuelle ou annuelle
  • Gestion des flux touristiques pour minimiser les impacts négatifs envers l’environnement et/ou les résidents locaux

4. La carotte et le bâton pour les entreprises. Contrairement aux deux dernières années, alors qu’on a vu des programmes de soutien financier pour le secteur touristique qui récompensaient nos actions vertueuses en durabilité, il faut s’attendre à des introductions (qui sont d’ailleurs nécessaires) de contraintes diverses comme en Europe.

Exemple : obligation, dès 2023, pour toute entreprise de 250 employés et +, de réaliser un diagnostic GES incluant la portée III avec ses sources principales (en tourisme, on parle ici des déplacements de vos clients pour venir vous visiter).

5. Distinguer les entreprises touristiques réellement durables des autres représente un défi. Les voyageurs et les entreprises écoresponsables recherchent des expériences touristiques respectueuses de leur communauté locale, de leurs employés, de l‘environnement naturel avec une empreinte carbone contrôlée (énergies, matières résiduelles, achat local, etc.) mais ne les trouvent pas, car l’offre durable est mal présentée; il y a une confusion généralisée de ce qui est réellement durable, faute de certifications reconnues et surtout à cause de…

6. L’écoblanchiment qui s’accélère en l’absence d’exigences réglementaires et de certifications reconnues par les clientèles et nos gouvernements. Tout le monde se dit carboneutre en 2023, 2030 ou 2050 en plantant des arbres, mais ça aide peu la planète si on ne diminue pas les émissions de CO2 à l’origine, surtout que le transport aérien et le tourisme en général vont croître rapidement…

Une poursuite fut entamée l’été dernier, suite à une publicité d’Air France/KLM lancée il y a 1 an et intitulée “Fly Responsibly” en disant qu’elle enfreint la directive européenne sur les pratiques commerciales déloyales en donnant la fausse impression que ses vols n’aggraveront pas la crise climatique.

7. Les destinations se transforment (OGD[4] = AT et Offices du tourisme)

  • De multiples techniques de gestion de la demande (offres durables, yield management, gestion en temps réel des flux, etc.) et de gestion de l’offre (dispersion, concentration, nouveaux produits, etc.) deviennent prioritaires pour les destinations afin de trouver un nouvel équilibre pour le mieux-être des touristes, des résidents et de l’environnement.
  • La notion des services centrés uniquement sur ses membres s’élargit en incorporant les résidents et la biodiversité 
  • Marketing durable et démarketing :
    • Nouveaux indicateurs de performance autres que les recettes et le nombre de visiteurs seront mis en place progressivement afin de refléter la transition durable du tourisme.

Jean-Michel Perron


[1] Expédia Group Media Solutions, étude sur le voyage durable, 2022.

[2] The consumer dilemma: sustainability in the US, 2022. GWI.

[3] The consumer dilemma: sustainability in the US, 2022. GWI.

[4] Organisme de Gestion de la Destination. AT : ATR et ATS au Québec.