Un pro de la concertation, Mario Leblanc, DG, par Louis Rome

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C’est toujours agréable d’avoir un bon brin de jasette avec Mario, mais étant donné qu’on se connaît depuis une couple d’années, chaque fois nos entretiens tirent dans toutes les directions. Toutefois, cette fois-ci c’est du sérieux, car je désire en savoir plus sur le gars. Notre défi commun, c’est de tenter de rester focus… pas facile, pas facile. Entretien avec un DG jusqu’à la moelle des os.

UNE ANECDOTE QUI NOUS FAIT TOUJOURS SOURIRE

Explication

En novembre 2016, je viens de me faire embaucher comme DG par intérim de l’ATR de Manicouagan, avec le mandat de préparer l’arrivée du futur directeur général, un certain Mario Leblanc.

Mario entre en poste en janvier 2017, alors que les deux CA des ATR de Manicouagan et de Duplessis avaient entamé, quelques années plus tôt, un processus d’harmonisation de leurs actions.

Mais voilà, il ne pouvait pas y avoir deux DG dans la même boîte, donc mon mandat a été converti en conseiller pour l’ATR. Ce qui devait arriver arriva, alors qu’on aurait bien aimé continuer à collaborer dans un mandat qui nous passionnait tous les deux, Mario a dû mettre fin à mon contrat quelques mois plus tard. On en rit encore aujourd’hui, quand il s’amuse à me taquiner en me disant qu’il m’a déjà mis à pied. Fin d’une p’tite tranche de vie.

COMMENÇONS PAR LE DÉBUT

Contrairement à ce que je pensais, Mario n’est pas de Baie-Saint-Paul. Il est né à Sherbrooke, qu’il a quittée vers l’âge de 7 ans, ensuite ce fut Québec jusqu’à ses 12 ans, où d’ailleurs il va revenir plus tard pour des raisons professionnelles et personnelles. « J’ai habité environ 30 ans à Baie-Saint-Paul, où j’ai commencé ma vie de couple et où j’ai eu mes 3 enfants. J’y suis d’ailleurs copropriétaire de résidences de tourisme depuis 2016. »

Un gars solidaire

L’inondation du 1er mai 2023 à Baie-Saint-Paul nous a tous laissés stupéfaits, alors que la rivière du Gouffre sortait de son lit en inondant 183 propriétés, tout en causant la mort de deux pompiers volontaires à Saint-Urbain. Rapidement, Mario et ses partenaires ont pris la décision d’offrir gratuitement leurs résidences de tourisme pour héberger les sinistrés et « je suis allé offrir quelques heures de mon temps pour aider à vider des maisons de sinistrés. »

Tous les chemins mènent… à une direction générale

Chaque DG a suivi un chemin qui lui est propre avant de devenir DG d’une ATS ou d’une ATR. Pour Mario, on dirait que tout l’a amené à occuper son poste actuel de DG de Tourisme Montérégie. Dans son cas, ç'a commencé par un baccalauréat en économie de l’Université de Sherbrooke (1989), tandis que dès 1990, il travaille comme agent de développement économique au Service d’aide aux jeunes entrepreneurs de Charlevoix (SAJE).

Quelques années plus tard, il devient commissaire au développement économique et directeur général de la Corporation de développement économique de Charlevoix-Ouest (1992-1998) qui, au moment de la création des CLD en 1998, devient le Centre local de développement de la MRC de Charlevoix, où il occupe le poste de DG pendant 5 années (1998-2003). Ensuite, par la force des choses, il devient DG du CLD de la Côte-de-Beaupré de 2003 à 2013.

Le gars ne s’arrête pas là quand, en 2013, il devient DG de la Conférence régionale des élus de la Capitale nationale (CRÉCN), et ce, jusqu’en 2015, alors que le gouvernement libéral de Jean Charest décide de cesser les opérations des CRÉ.

De plus en plus touristique

Avec sa formation en économie et son expérience terrain d’un quart de siècle (SAJE, CLD, CRÉ et Ville de Québec), deux sujets sont revenus régulièrement lors de notre entretien : le support aux entrepreneur(e)s et le développement régional. Là, aucun doute, il en mange du développement régional.

Au cours de ses mandats aux CLD et à la CRÉ, il a travaillé directement sur des projets touristiques, par exemple en agrotourisme avec la Route des saveurs de Charlevoix (1996) et la création de la Table agrotouristique de Charlevoix. « Une expérience en agrotourisme qui a teinté toute ma carrière et qui reste toujours une de mes priorités, notamment en Montérégie. »

Quand ils ont fermé la CRÉ, il a été nommé, sur une base contractuelle, directeur au développement régional et soutient à l’entrepreneuriat et directeur aux relations régionales à Québec. « Mon poste m’a permis de collaborer avec les maires de toute la région de la Capitale-Nationale en travaillant étroitement avec le maire Labeaume, que j’ai grandement apprécié pour son leadership et ses qualités humaines. »

Au cœur de son approche, la concertation

« C’est à cette époque que j’ai réalisé que j’aimais créer des ponts entre les acteurs touristiques et économiques, de travailler en collaboration afin de maximiser la synergie entre ceux-ci, au bénéfice de tous. »

Concertation, collaboration, travail d’équipe, et j’en passe, sont au cœur de sa pensée stratégique. « Je suis comme un poisson dans l’eau quand il s’agit de favoriser le travail collaboratif pour l’atteinte d’objectifs communs.

LA CÔTE-NORD

Pourquoi as-tu décidé d’aller sur la Côte-Nord?

« Quand l’opportunité s’est présentée de travailler sur la Côte-Nord, je n’ai pas hésité; j’avais le goût d’aller d’œuvrer pour une région et de travailler à nouveau avec un CA. J’ai été bien servi; la Côte-Nord, c’est plus de 20% du territoire québécois et j’avais deux CA.

Je ne pourrai jamais oublier l’accueil des équipes des deux ATR (Manicouagan et Duplessis), des membres des deux CA, des gens de Baie-Comeau où je résidais, de l’équipe et des DG des ATR du Québec maritime. Ils étaient là et ç’a été important pour moi. J’ai été très bien accueilli et je m’y suis fait de bons amis, que je vois encore aujourd’hui. »

Une première depuis 1978

Les ATR de Manicouagan et de Duplessis avaient commencé leur étroite collaboration dès l’époque du lancement des opérations du Québec maritime en 1997. Et voilà qu’en 2017, avec l’arrivée de Mario au poste de directeur général, celui-ci avait comme mandat d'harmoniser encore plus les actions des deux ATR avec, en finalité, la fusion de celles-ci, afin de créer officiellement l’ATR de la Côte-Nord (Tourisme Côte-Nord). Tout un défi, d’autant plus que c’était la première fois que deux ATR fusionnaient depuis la création officielle du réseau des ATR en 1978-79. 

Tout un menu

Il a été à la tête de l’ATR pendant environ 4 ans, avec un mandat qui incluait la gestion quotidienne de pas une, mais deux ATR, la restructuration des ressources humaines, l’harmonisation des pratiques comptables, la mise en place d’un conseil d’administration unifié et les négociations avec le MTO pour la fusion des deux ATR.

« Tout ce que j’ai pu réaliser sur la Côte-Nord aurait été impossible sans le support d’une multitude d’acteurs, dont au centre de ceux-ci les membres des deux conseils d’administration. J’aurais réellement voulu compléter le processus de la fusion, mais la pandémie a retardé celui-ci jusqu’en 2021. 

UN NOUVEAU DÉFI, LA MONTÉRÉGIE

Tu es DG de Tourisme Montérégie depuis septembre 2020. Comment ça va?

« J’adore vraiment mon travail, car les défis sont stimulants, j’ai une équipe passionnée et dévouée, un CA engagé et complice. Mais je dois t’avouer que j’ai eu un début de mandat auquel je ne m’attendais pas. »

Comment ça?

« Quand je suis arrivé en poste à l’ATR, on pensait tous que la pandémie était chose du passé et que l’activité touristique allait repartir de plus belle. Malheureusement, comme pour beaucoup d’autres organisations et entreprises, nous avons dû faire de nombreuses mises à pied. Cela nous a toutefois incités à revoir plusieurs de nos façons de faire. Ce fut très difficile comme décision, mais il fallait le faire. Je remercie aujourd’hui toutes ces personnes qui ont subi ces décisions, pour leur compréhension et leur professionnalisme. »

Crédit: Photographe commercial

Une importante fraude

« Comme si cela n’était pas assez, lors des mises à pied et à la fermeture de certains postes, nous avons réalisé, au printemps 2021, que l’ATR avait été victime d’une fraude de plus de 500 000$ pendant plusieurs années par une ex-cadre de l’ATR. 

Quand on prend la gestion d’une organisation, on ne s’attend pas à devoir gérer ce genre de dossier, mais ça fait partie du jeu et il faut y faire face. À ce jour, nous avons récupéré la majeure partie de la somme. »

Synergie, concertation et actions interrégionales mêmes priorités

« J’aime stimuler la concertation au sein des acteurs touristiques et économiques de notre région. » Il souligne aussi les multiples avantages d’ententes interrégionales. « Celles-ci ont un effet multiplicateur en augmentant la force de frappe du groupe. C’est en quelque sorte un concentré d’expertises et de moyens au service de l’ensemble. »

Il cite en exemple, l’Alliance, alors qu’il est membre du CA de l’organisme, le Québec du Sud, « où la Montérégie collabore avec ses partenaires que sont les Cantons-de-l’Est et le Centre-du-Québec pour faire la promotion de notre offre auprès des médias et du réseau de distribution sur des marchés cibles au hors Québec» Il souligne aussi ses nombreuses collaborations avec différents acteurs touristiques, dont Tourisme Montréal, Tourisme Autochtone Québec, Parcs Canada et j’en passe.

Vos trois principaux défis

« Comme pour toutes les ATR et les ATS, nous avons de nombreux défis. À Tourisme Montérégie, nous sommes bien outillés pour faire face à ceux-ci, avec une solide équipe et un CA (18 membres) expérimenté qui a, depuis le 15 mai, un nouveau président, Dominic Gallant. » 

1. Le tourisme d’affaires – « Il y a deux ans, nous avons significativement renforcé notre service d’accompagnement aux événements d’affaires afin d’appuyer encore plus les efforts de nos entreprises qui ont massivement investi dans le renouvellement de leur offre. » 

2. L’agrotourisme – Mario, rappelle que « la Montérégie est la région où l’on retrouve le plus grand nombre d’entreprises en agrotourisme et tourisme gourmand, avec un total de 335 entreprises. Le secteur a généré des retombées économiques directes de 33,2 M$, selon une enquête de 2023, ce qui représente 18% des retombées provinciales. » 

3. Le Cyclotourisme – Il est très fier de l’Entente sectorielle de développement pour la valorisation des réseaux multifonctionnels de la Montérégie. Celle-ci regroupe plusieurs acteurs touristiques et économiques, alors que Tourisme Montérégie en est le mandataire. « L’Entente sur 3 ans dispose d’une enveloppe de 1,1 M$ avec l’objectif de développer et de valoriser nos réseaux cyclables multifonctionnels. » 

UN DG SUR SON X

J’aime l’approche de Mario pour le développement de l’offre touristique quand il souligne l’importance de la concertation, autant dans la planification que dans l’action pour tous les acteurs touristiques, économiques et même politiques du Québec.

Il est réellement sur son X à Tourisme Montérégie, à travailler avec son équipe, son CA, les entreprises et les organismes, au bénéfice de l’ensemble de la région.

 

Louis Rome, collaborateur TourismExpress


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