Tourisme Québec : un moteur d’innovations et de développements à redémarrer - Par Denis Bélanger Entrepreneur québécois touristique en région
Le Québec est en période électorale. Un moment significatif où les Québécois et Québécoises sont amenés à appuyer un parti dont les visions promettent un meilleur avenir. Malheureusement, notre expérience de ces exercices démocratiques a tendance à nous laisser sur notre faim. Nous devons donc accepter que nos vieilles façons de faire soient encore et toujours aux menus de nos actions. Ainsi, notre secteur touristique, comme la très grande majorité de nos ministères sont gérés selon des modèles d’interventions du siècle dernier. Ainsi, les milliers et millions de dollars sont saupoudrés un peu partout sur le territoire du Québec selon les revendications et poids politico-économiques des acteurs en présence. Des politiques sont établies au niveau national dont sont tributaires les différents intervenants locaux.
Dans ce même élan, Tourisme Québec a tenté de suivre ces demandes par une recherche d’actions fortement basée sur le développement sectoriel de nouveaux marchés touristiques. Pour ce faire, et malgré un personnel restreint et une connaissance minimale de ces marchés compensés en partie par des firmes et intervenants externes, différents plans spécifiques ont été à la fois réalisés et mises en place sous de multiples secteurs et endroits dédiés un peu partout au Québec et ce; depuis les dernières décennies.
Suite à ces multiples actions aux rendements à tout le moins discutables et aux dizaines de millions investis et devant les défis qui s’annoncent en regard de la compétitivité mondiale, il semble primordial que Tourisme Québec procède à une analyse importante de ses façons de voir et de faire les choses. Tourisme Québec ne peut et ne doit plus être que le distributeur des impôts des québécois pour la réalisation d’actions sans liens réels ou si peu que sont par exemple, les festivités locales ou à titre de contributeur à la réalisation de bâtiments dédiés au tourisme.
Tourisme Québec doit rejouer son rôle central de leader et prendre toute la place qui lui revient soit celle de bougie d’allumage et de liens entre toutes les régions du Québec. Ce ministère névralgique doit être le maître d’œuvre de visions dynamiques capables de soutenir et rallier les multiples entrepreneurs locaux et régionaux et ce; en apportant un soutien réel et tangible pour ces acteurs délaissés partout sur notre territoire. Décloisonner les multiples strates d’intervenants spécialisés pour créer des plans à la fois simples et concrets où tous se sentiront interpellés et touchés.
Vous me direz alors : «Oui, mais comment ?». Un exemple simple parmi tant d’autres : établir un budget annuel national et régional réservé et dédié aux acteurs régionaux qui pourront localement établir leurs priorités et choisir leurs actions propres et ce; en lien avec les objectifs nationaux où petits et grands joueurs touristiques auront été entendus. À ce jour, les actions gouvernementales ne sont malheureusement pas parvenues à toucher les acteurs locaux et régionaux responsables de plus de 80 % des petites et moyennes entreprises touristiques en raison de plans jugés «théoriques» qui jusqu’à ce jour ont été fortement axés sur les grands rassemblements ou entreprises. Il est temps de faire le bilan et de réorienter nos façons de voir et faire les choses à une échelle plus concrète et humaine qui correspond à nos forces comme société et entrepreneuriales.
Développer des stations de ski et croisières internationales sont des avenues louables et intéressantes uniquement si nous possédons les infrastructures et modèles d’accueils et activités locales à la hauteur. Nous ne sommes malheureusement pas rendus à ces étapes. Poursuivre dans cette voie, risque de créer un Québec touristique à 2 vitesses où, comme dans certains pays, des îlots concentrés de services communément appelés «trappes à touristes».
En fait, les régions vivent déjà une diminution accélérée de la qualité offerte en raison d’une non-rentabilité de leurs installations. Ce déclin en cours depuis les dernières années risque une forte accélération en raison d’Internet et des commentaires négatifs qui sont irrémédiablement associés. De plus, les programmes de crédits d’impôt ne peuvent inverser cette tendance en raison à la fois de cette incapacité financière chronique, mais également de la création de multiples îlots touristiques autonomes où tous les intervenants tentent de garder ce visiteur afin d’en tirer un maximum de profit financier.
Comme on le voit, les modèles d’actions du passé ne peuvent plus répondre aux défis présents et futurs. Nous sommes, en tant que société, forcés à réfléchir et réagir rapidement pour remettre le Québec touristique en avant plan. Et si Tourisme Québec agissait comme catalyseur d’idées et comme mobilisateur/conciliateur des milieux plus qu’à titre de simple donneur d’information touristique? Si une ou des équipes d’intervenants/experts accompagnaient les régions par des aides plus directs dans l’amélioration des offres en régions? Si les représentants officiels quittaient plus souvent les remises de prix gouvernementales pour aller prendre le pouls sur place des travailleurs et chefs d’entreprises qui risquent leur survie jour après jour? N’aurions-nous pas des politiques plus efficaces et cohérentes?
Nous avons un savoir-faire, une géographie, une volonté, des valeurs et tout ce qu’il faut pour redynamiser notre secteur touristique. Il ne nous manque qu’une vision claire de la situation sans déni de la réalité afin de créer un plan d’action concret ou chacun des acteurs petits ou grands sera partie prenante et où Tourisme Québec sera la clé d’innovations et de développements réels. Une nouvelle approche où l’on ne lui demande pas de devenir un ou une entrepreneure directe, mais bien l’intervenant primordial capable de relier les acteurs afin de créer et soutenir les développeurs partout sur le territoire québécois. Tourisme Québec doit devenir un modèle de gouvernance et non le petit ministère sans importance dont les journaux ridiculisent trop souvent l’importance par le biais de son responsable gouvernemental.
Rédigé par Denis Bélanger, Entrepreneur québécois touristique en région.
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