Sobre & Utile, le numérique prépare sa révolution touristique

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Pour ce billet de rentrée, je vous propose de remettre un peu d’ordre dans tout ce qu’on entend sur le numérique depuis quelques mois, ce numérique que l’on accuse (à juste titre) de polluer et d’altérer notre santé mentale, ce numérique qui nous rend totalement dépendant de quelques géants américains (entre autres) à l‘éthique plus que discutable, bref, ce numérique sans lequel c’était plutôt mieux avant, mais sans jamais le mettre réellement en perspective avec le rôle positif qu’il pourrait jouer vis à vis de nos vrais gros soucis du moment, notamment sur le plan environnemental… Et si, finalement, le numérique était autant le problème que la solution ? Et si, par exemple, le numérique polluant pouvait être une immense opportunité pour lutter contre la pollution du tourisme ? Et si on prenait un moment pour faire un état des lieux global, pour poser les ordres de grandeur (pollution numérique vs pollution touristique) et pour se projeter dans un numérique plus sobre, plus inclusif, et surtout plus utile à notre industrie… bref, un numérique (vraiment) Responsable ?!

Si on recentre un peu le sujet sur l’impact du numérique dans les destinations, on peut distinguer globalement 4 domaines:

  • les équipements et usages internes des OGD : politique d’achat des matériels (système informatique interne, postes de travail, téléphonie, écrans d’information, bornes interactives…) et hygiène numérique individuelle des collaborateurs·trices (éco-gestes numériques, boites mail, stockage cloud, archivage multimédia…)
  • les outils de promotion digitale des OGD : sites web, réseaux sociaux, applications mobiles…
  • les équipements et usages des sociopros du territoire : équipements internes, matériels à disposition des clients dont WIFI, outils de promotion et commercialisation digitales
  • les usages numériques des visiteurs : photos / vidéos et leur partage sur les réseaux sociaux, internet de séjour, guidage GPS…

Sur ces 2 derniers domaines, les OGD ont globalement tendance à considérer que ce n’est pas réellement leur sujet, qu’ils ne peuvent rien y faire. C’est dommage car ils restent pourtant, par leur effet volume, les plus impactant. Sur le domaine des équipements et usages internes, les OGD commencent à s’intéresser activement au sujet, et il est vrai que c’est intéressant à travailler, car chaque tonne de carbone compte, mais ça reste objectivement assez symbolique compte tenu de l’échelle.

Reste la promotion digitale de la destination qui retient toutes les attentions depuis quelques mois. Et c’est tant mieux parce que dans ce domaine, on change d’échelle et on parle vite en (dizaines de) Tonnes équivalent CO2, ce qui en fait LE sujet principal de la pollution numérique d’une destination sur lequel on peut agir le plus « facilement » !

La promotion digitale au cœur de la pollution numérique des OGD

1 page web consultée sur un site de destination, par nature généreux en photos et vidéos plein écran, c’est entre 0,5 et 0,75 gramme de CO2eq (moins pour quelques-unes, bien plus pour beaucoup d’autres! Testez voir quelques pages de votre site, pas que la home, sur websitecarbon.com pour vous faire une idée) : ça paraît pas grand-chose, mais multiplié par un peu plus d’1 million de pages vues, ça nous amène gentiment à la tonne de CO2eq par an, auquel on peut rajouter au moins autant sur les réseaux sociaux. Pour des destinations un peu visibles (métropoles, stations…) où l’audience dépasse largement le million de visiteurs web et plusieurs millions de personnes atteintes sur les réseaux sociaux, on arrive assez régulièrement à un impact carbone qui dépasse les 10-15 tonnes CO2eq ! Alors forcément, si on arrive à gagner ne serait-ce que 10% (et on peut facilement gagner 25 à 50% dans la plupart des cas), on économise vite quelques tonnes… Et on se rappelle ici que chaque tonne compte !

Mais d’ailleurs, qu’est-ce qui pollue effectivement dans ce domaine ? Pour simplifier, disons que l’essentiel du sujet environnemental est lié à la quantité de données qui partent des Data Centre (de Meta ou de l’hébergeur web), transitent dans les infrastructures réseaux et s’affichent sur le terminal, chacune de ces étapes nécessitant de l’énergie. Donc, basiquement, on pollue en ayant des contenus (pages ou posts) légers mais largement diffusés, ou des contenus lourds même si peu diffusés. Bon, évidemment, des contenus lourds largement diffusés, c’est un problème ! Et bingo, c’est exactement ce qu’on rencontre sur les sites de destinations, très peu optimisés (c’est un euphémisme), et largement consultés. Idem sur les réseaux.

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Source: etourisme.info